Plateau de Saclay : deux milliards d’euros nécessaires pour faire émerger le campus

Sylvie Lecherbonnier Publié le
Plateau de Saclay : deux milliards d’euros nécessaires pour faire émerger le campus
Alain Bravo le 24 février // © 
Le projet de campus du plateau de Saclay a été validé par le jury de l’opération campus le 24 février dernier. Il est, de loin, le dossier le plus conséquent des douze retenus par le ministère de l’Enseignement supérieur. Pour en avoir l’assurance, il suffit de regarder l’ampleur des financements en jeu. Pas loin de deux milliards d’euros seront nécessaires pour engager la première phase des travaux jusqu’en 2015. Avec une ambition : entrer dans les « 10 premiers hauts lieux d’enseignement et de recherche dans le monde ».

Les évolutions apportées au dossier depuis sa sélection en juillet 2008 ne sont pas sans conséquence budgétaire. Le déménagement de Paris-Sud 11, désormais acté, en constitue un bon exemple. La reconstruction des facultés d’Orsay et de Châtenay-Malabry sur le plateau engendre un surcoût « de 10% à 20% » par rapport au projet initial de rénovation, selon Guy Couarraze. Mais pour le président de l’université Paris-Sud 11, « en reconstruisant, on ne fait pas la même chose qu’en rénovant. Nos implantations actuelles résultent du schéma de l’université il y a 40 ans. Depuis, de nouvelles disciplines ont émergé, comme la bio-informatique. La construction de nouveaux bâtiments va permettre de mettre en avant ces nouvelles cohérences. »

D’un autre côté, les vingt-trois établissements du plateau ont travaillé sur des mutualisations de mètres carrés d’amphis, de centres informatiques ou d’équipements sportifs. A la clé : 100 millions d’euros d’économie par rapport au printemps dernier.

1,4 milliard d’euros attendu du plan campus

Au total, 922 millions d’euros sont d’ores et déjà identifiées, dont 65 millions d’euros de la part du CPER (Contrat de plan Etat-Région). S’y ajouteront les financements du plan campus. Les vingt-trois acteurs du projet demandent 1,45 milliard d’euros de dotation en capital sur les 5 milliards d’euros à partager entre les 12 projets sélectionnés. Ils en attendent 620 millions d’euros d’intérêts sur dix ans pour financer des partenariats public-privé. A titre de comparaison, le campus de Lyon a obtenu 575 millions d’euros du ministère de l’Enseignement supérieur. Strasbourg 375 millions d’euros.

L’implication des collectivités territoriales à finaliser

Valérie Pécresse devra trancher dans quelques semaines. Même si elle accède à ces demandes, 391 millions d’euros resteront à trouver pour boucler le budget. Les ministères de l’Agriculture, de la Défense ou de l’Industrie, qui exercent la tutelle de plusieurs grandes écoles parties prenantes (AgroParisTech, Polytechnique, l’ENSTA entre autres) pourraient apporter leurs contributions.
Les collectivités territoriales également.

Si ces dernières se disent intéressées, l’ampleur de leur participation financière n’est pas arrêtée. « La mise en place de l’OIN (Opération d’intérêt national) a retardé les négociations. Mais celles-ci devraient s’engager prochainement », assure l’un des acteurs du projet. Fonds européens, fonds propres, emprunts complèteront ces dotations.

35 ans d’attente

Alain Bravo, président de la fondation de coopération scientifique Digiteo-Triangle de la physique, assume ces demandes de financement : « Notre ambition d’entrer dans le top ten des campus d’enseignement et de recherche dans le monde nécessite de mettre de la puissance. Il n’existe pas beaucoup d’endroit où on peut de manière crédible avancer de tels objectifs. Cela fait tout de même 35 ans qu’on attend l’émergence du plateau. » Une attente qui a sans aucun doute fait grimper la facture au fil des années…

Sylvie Lecherbonnier | Publié le