
Comme en 2024, l'enseignement scolaire est le premier poste budgétaire de l’État, avec au total 88,6 milliards d’euros de crédit de paiement (86,8 en 2024), qui prennent en compte les contributions aux pensions de l’Etat. Dans le détail, 27,4 milliards d’euros seront consacrés à l’enseignement public de premier degré et 39,4 milliards au second degré. Le privé (premier et second degrés confondus) est lui financé à hauteur de 8,9 milliards d’euros.
Maintien des 4.000 postes menacés dans l'Education nationale
La suppression de 4.000 postes dans l’Education nationale est annulée, comme l’avait promis François Bayrou en janvier et c’est l’un des motifs de la non-censure à gauche par le Parti socialiste. "Sur les 4.000 suppressions envisagées par le gouvernement Barnier, 3.155 suppressions devaient concerner le premier degré", rappelle la FSU-SNUipp, qui relève "une avancée" qui ne va pas assez loin : "Pour rejoindre la moyenne européenne de 19 élèves par classe, il faudrait créer près de 26.000 postes."
"Le rétablissement des 4.000 postes est une bonne nouvelle", juge de son côté Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Education Formation Recherche Publiques. Mais le coût pèsera sur le reste du budget de l’Education nationale, la CMP (Commission mixte paritaire) n’ayant pas retenu la proposition des sénateurs d’augmenter de 74 millions d’euros le budget pour la financer.
Des coupes budgétaires pour la formation continue
Et la syndicaliste remarque que d’autres coupes vont affecter le budget : "ce PLF diminue encore le financement de la formation continue par rapport à ce que proposait le gouvernement Barnier", ce qui est "une mauvaise nouvelle", les personnels étant demandeurs "d’une formation continue de qualité". En outre, la CFDT "redoute la poursuite de la politique de non-remboursement des frais de déplacements". "Pour certains, les déplacements font partie du service, comme pour les psyEN, les médecins scolaires, les assistantes sociales…"
Par ailleurs, l’Onisep voit son budget grevé de 5 millions d’euros. La baisse de la dotation des collectivités territoriales va aussi affecter l’enseignement, certaines ayant en charge notamment l’entretien des locaux mais pouvant aussi proposer des actions culturelles aux établissements scolaires.
Parmi les autres mesures qui affecteront tous les fonctionnaires, la moindre indemnisation des arrêts maladie - qui passe de 100% à 90% - touchera particulièrement le personnel de l’Education nationale "avec des agents en contact permanent avec le public" : "quand on pense aux AESH, par exemple, qui ont un petit salaire, ils vont y perdre pour des maladies qu’ils auront sans doute attrapées à l’école !", regrette Catherine Nave-Bekhti, qui salue toutefois l’abandon des trois jours de carence. "Ce qui nous heurte, c’est ce discours gouvernemental qui n’assume pas de réduire les services publics, déplore-t-elle. Et ce budget n’est pas satisfaisant pour les services publics."
Le budget de l'Enseignement supérieur fixé à 26,7 milliards d'euros
Le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’élève à 26,7 milliards d’euros. Au total, en prenant en compte les contributions aux pensions de l’Etat, les crédits de paiement atteignent 30,9 milliards d’euros en 2025, contre 31,8 milliards d’euros en 2024, malgré une inflation moyenne de 2%.
Au total, 15,4 milliards d’euros sont dédiés au programme 150 "Formations supérieures et recherche universitaire". Le programme 172 "Recherches scientifiques et technologique" atteint 8,2 milliards d’euros en crédits de paiement et 3,2 milliards d’euros sont consacrés au programme 231 "vie étudiante". Pour le ministère, ce budget prend en compte "des difficultés financières (des universités) en raison de l’augmentation de certaines charges obligatoire". Ainsi "le financement de l’Etat aux universités et aux écoles progressera en 2025 de près de 200 millions d’euros", malgré "un contexte budgétaire difficile".
"Des avancées" saluées par France Universités
Le 22 janvier, France Universités déplorait "une situation intenable", "faute d’une juste compensation des charges qui leur sont unilatéralement imposées par l’État, dont le CAS (Compte d’Affectation Spéciale) Pensions (NDLR destiné au recouvrement et à la gestion financière du régime des retraites de l’État) et les mesures Guerini (NDLR de revalorisation salariale des fonctionnaires)" et alertait sur le risque de devoir prendre des mesures "problématiques pour l’avenir de la jeunesse et des territoires : fermeture de diplômes ou d’antennes universitaires, réduction des capacités d’accueil..." Lors d’une conférence de presse, France Universités estimait ces charges à un coût global de près de 500 millions d’euros, dont les deux tiers pour les mesures salariales.
Finalement, la commission mixte paritaire des 30 et 31 janvier a permis "des avancées" et notamment "compensation partielle du CAS Pensions à hauteur de 100 M€", comme le relève France Universités. De plus, les rapporteurs ont rejeté des modifications introduites par le Gouvernement qui auraient généré des coupes budgétaires sur les programmes 150 (formation supérieure et recherche universitaire) (55 millions d’euros) et 231 (vie étudiante) (8 millions d’euros).
En outre, France Universités salue "l’introduction d’une majoration du programme 150 à hauteur de 110 M€ afin de compenser une partie de la hausse de certaines dépenses contraintes des universités" et "la reprise partielle de l’amendement sur le programme 172 (recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires) visant à se rapprocher des objectifs de la loi de programmation de la recherche". En effet, alors que la LPR (Loi de programmation pour la recherche) prévoyait en 2025 une augmentation des crédits de paiement de 346 millions d’euros par rapport à 2024, le PLF n’en retenait qu’un tiers. Finalement, cette somme sera sensiblement réhaussée.
Toutefois les organismes de recherche vont être davantage mis à contribution : un effort de 100 millions d’euros est notamment demandé au CNRS "compte tenu de la trésorerie dont il dispose (1,4 milliard d’euros)", explique le ministère qui promet que cette contribution "ne remet nullement en cause ses ambitions et ses programmes." Le ministère assure que "les discussions budgétaires en cours n’auront pas d’incidence sur la mise en œuvre de leurs budgets pour 2025 et donc sur la conduite des programmes de recherche en cours".
Une mobilisation prévue des syndicats
Pour France Universités "d’autres mesures demeurent nécessaires pour apporter (des réponses) aux enjeux de développement des compétences et des qualifications, de recherche et d’innovation, ou encore de développement territorial et de vie étudiante".
Une attention particulière "devra être portée à l’apprentissage à l’université, qui est un levier de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur et d’excellence". Le budget du ministère du Travail, dont dépend en partie l’apprentissage, est en baisse de plus de 2 milliards d’euros dans le PLF 2025.
Du côté des syndicats, le compte n’y est pas. La CGT Ferc Sup dénonce "une saignée sans pitié", avec un prélèvement "hors inflation, d’un milliard d’euros". "Le PLF ponctionne finalement 500 M€ supplémentaires sur le dos des universités déjà exsangues, en "ajoutant" seulement 138 M€ au budget initial", ajoute le syndicat, qui y voit "un plan social larvé" : "gels de postes, non renouvellements de CDD, et beaucoup moins de contrats", le tout "sans augmentation de salaire".
Un communiqué de l’intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche dénonce "des coupes supplémentaires insupportables dans les budgets des organismes qui masquent mal le fait que les établissements d'enseignement supérieur et les organismes de recherche n'ont déjà plus les moyens de fonctionner."
L’intersyndicale appelle d’ores et déjà à une mobilisation le 11 février à Paris, lors du Cnesr (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) "pour un autre budget pour l’enseignement supérieur et la recherche et pour l’abandon définitif du projet "CNRS key labs".