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Pour pallier les inégalités, l'OCDE préconise d'investir sur l'éducation dès le plus jeune âge

Caroline Celle Publié le
Pour pallier les inégalités, l'OCDE préconise d'investir sur l'éducation dès le plus jeune âge
L'OCDE souligne les inégalités persistantes dans l'éducation dès le plus jeune âge. // ©  Arthur HERVE/REA
Dans son dernier rapport "Regards sur l'éducation", l’OCDE salue le taux de diplôme plus important des jeunes adultes dans ses États membres. Mais elle pointe aussi des inégalités hommes/femmes persistantes.

Dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), les jeunes adultes s’intègrent mieux sur le marché du travail mais les inégalités de genre et d’origines sociales persistent. C’est ce que démontre le rapport annuel de l’organisation, "Regards sur l'éducation", publié le 10 septembre 2024.

Il compare l’état de l’éducation dans ses 38 États membres, et permet de constater que la France est une bonne élève dans le secteur de la petite enfance, mais moins dans l’insertion des jeunes peu diplômés.

Des jeunes plus diplômés, mieux insérés

Bonne nouvelle, les jeunes adultes sont de plus en plus nombreux à être diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, selon le rapport. Depuis 2016, la part des 25-34 ans diplômés du lycée a augmenté de 83 à 86% dans les pays de l’OCDE.

En outre, le manque de diplôme n’empêche pas une certaine accessibilité à l’emploi. Les jeunes de 25 à 34 ans, non diplômés du deuxième cycle du secondaire, ont vu leur taux d’emploi passer de 59 à 61% en moyenne, dans l’OCDE.

Ces résultats positifs s’expliquent par un marché du travail dynamique, selon le rapport. La durée des études s’allonge aussi pour les 18-24 ans. Cependant, en France, le taux d’emploi des 25-34 ans non diplômés du lycée est de 54%, en-dessous de la moyenne de l’OCDE.

Les inégalités entre hommes et femmes

Sans surprise, les inégalités persistent entre garçons et filles à l’école, puis sur le marché de l’emploi. Le rapport "Regards sur l'éducation" constate pourtant que les filles et les femmes ont de meilleurs résultats aux examens. Elles ont aussi 28% de probabilités en moins de redoubler en primaire, et dans le premier cycle du secondaire (collège).

Elles sont aussi plus nombreuses que les hommes de la même classe d’âge à être diplômées du supérieur. Dans certains pays, cet écart entre les hommes et les femmes dépasse les 10%.

En France, le rapport pointe toutefois des différences majeures dans le choix des études. Seules 16% des femmes étudiaient la science, la technologie ou les maths en 2022, contre 40% des hommes.

Malgré une meilleure réussite scolaire, les jeunes femmes sont désavantagées sur le marché du travail. C’est en particulier le cas pour celles qui ne sont pas diplômées du second cycle du secondaire. Leur taux d’emploi est inférieur de 25% à celui de leurs homologues masculins.

Améliorer l’égalité des chances

Le rapport met aussi l’accent sur le poids des origines sociales dans les inégalités. Un enfant issu d’une famille modeste a, en moyenne, 18% de probabilité en moins de fréquenter des structures éducatives avant l’âge de trois ans. Les familles à moindre revenu ont, en effet, moins de possibilités pour garder leur enfant ou avoir un établissement public à proximité.

Cette prise en charge précoce semble pourtant permettre d’avoir de meilleurs résultats scolaires. Dans le primaire et le secondaire, les élèves qui viennent de milieux défavorisés ont de moins bons résultats aux évaluations, comme le PISA.

Pour contrer ces écarts, le rapport préconise d’investir, en particulier, dans la petite enfance. Dans cette démarche, 10 des 38 pays de l’OCDE ont abaissé l’âge de l’entrée à l’école.

En France, l’effort d’intégration des enfants dans les crèches ou les haltes-garderies est particulièrement soutenu. Les petits Français sont 58% à faire partie d’un établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE), contre 40% en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cela est dû en partie à une politique volontariste car la Caisse d’allocation familiale (CAF) délivre un complément de libre choix du mode de garde (CMG) pour financer des dépenses de garde des enfants de moins de six ans.

Une pénurie d’enseignants dans tous les pays de l’OCDE

Le rapport "Regards sur l'éducation" constate que la plupart des pays de l’OCDE n’ont pas assez d’enseignants qualifiés. Au début de l’année scolaire 2022-2023, 18 des 21 pays, dont les données sont disponibles, n’ont pas réussi à occuper les postes vacants.

Le rapport indique que les incitations financières ne suffisent pas à motiver de nouveaux recrutements. Il recommande donc d’apporter plus de soutien et de reconnaissance publique aux enseignants, notamment dans les établissements défavorisés.

À ce titre, la France est plutôt bonne élève, car elle est le seul pays, avec le Chili et la Hongrie, où les enseignants du premier cycle de l’enseignement secondaire bénéficient d’une indemnité pour enseigner dans les écoles défavorisées.

Mais le problème du manque d’enseignants reste très préoccupant en France, en cette rentrée 2024. En cette rentrée, 3.000 d’entre eux manquent à l’appel dans les collèges et lycées français, selon une étude menée par le syndicat d'enseignants SNES-FSU.

Caroline Celle | Publié le