Pour un service public de la société apprenante, l'ambition de François Taddei

Céline Authemayou Publié le
Pour un service public de la société apprenante, l'ambition de François Taddei
Dans son rapport, François Taddei souhaite voir émerger des tiers-lieux, pour "faciliter les échanges de connaissances". // ©  IUT de Bordeaux
En écho à un premier rapport publié en avril 2017, François Taddei a rendu le 4 avril 2018 un second document riche de 30 propositions pour voir émerger en France un service public de la société apprenante.

Pour une société apprenante, acte 2. Dans la continuité d’un premier rapport publié en avril 2017, François Taddei, directeur et cofondateur du CRI (Centre de recherches interdisciplinaires) a remis un nouveau document aux ministres du Travail, de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur le 4 avril 2018, à l’occasion de la Journée nationale de l’innovation, organisée par le ministère de l’Éducation nationale.

Dans ce nouvel opus, également consacré à l’avenir de la recherche et développement dédiée à l’éducation et intitulé "Un plan pour co-construire une société apprenante", le chercheur livre 30 propositions visant à créer un "service public de la société apprenante". L’objectif : "permettre à tous d'intensifier la recherche, de faciliter l’accès de tous à la formation, aux expériences et aux résultats, et impliquer le plus grand nombre dans la conduite de projets innovants."

Une fête de l’apprenant sur tout le territoire

Si le rapport de 2017 comportait déjà des propositions, le rapport de 2018 en reprend certaines et en émet de nouvelles. François Taddei et ses quatre corapporteurs militent notamment en faveur de l’ouverture de tiers-lieux physiques et numériques "pour faciliter les échanges de connaissances". Ils souhaitent également que soit créée une "Fête de l’apprendre", durant laquelle tous les apprentissages seraient célébrés sur le territoire français. "Des 'Fêtes de l’apprendre' existent par exemple à Singapour ou en Scandinavie, au cours desquelles sont célébrées la diversité et la continuité des apprentissages pour stimuler et renouveler l’appétit de formation de tous, à tout âge", notent les rapporteurs.

Parmi les points déjà évoqués en 2017, la création d’un numéro et d’un carnet d’apprenant tout au long de la vie est reprise dans cette version 2018 : "Pour assurer un suivi tout au long de la vie et un meilleur portage entre les outils et les services, il est indispensable de se doter d’un système numérisé de certification de l’identité des apprenants, à l’instar du numéro de sécurité sociale." Un projet qui pourrait être étendu à l’échelle européenne.

Une recherche mise en réseau

Ce plan d’action fait aussi la part belle au développement de la recherche en éducation. Créer un nouveau "contrat de recherche" entre rectorat, laboratoire et établissement scolaire, intensifier la mise en réseau national des chercheurs en éducation, imaginer un centre sécurisé de données numériques de l’éducation et un comité d’éthique de la société apprenante… "Comme pour la santé ou le climat, l’éducation peut bénéficier encore davantage des éclairages de la recherche", militent les rapporteurs, qui veulent "développer une approche de recherche-action sur l’éducation et mobiliser tous les chercheurs et toutes les disciplines."

Cette mise en réseau pourrait également passer par la création d’un campus numérique national, ayant pour objectif de "fédérer les apports de chaque université". "Véritable écosystème de connaissance augmentée, rapide, décentralisé, coopératif, inclusif et ouvert à tous quel que soit le dernier niveau d’étude, ce campus numérique permettra à chaque lieu physique d’élargir l’offre d’enseignement hybride (où présentiel et numérique se complètent pour avoir des résultats améliorés)", note François Taddei. Qui espère que ce type d’initiative permettra à tous ceux qui le souhaitent de reprendre leurs études ou de les prolonger.

Les rapporteurs proposent un financement pour leurs 30 propositions et estiment qu’un plan interministériel sur cinq ans renouvelable sera nécessaire.


Les 30 propositions du rapport

- Ouvrir des tiers-lieux physiques et numériques pour faciliter les échanges de connaissances
- Organiser une fête de l’apprendre pour célébrer tous les apprentissages
- Former des passeurs liant terrain et recherche
- Former les décrocheurs et prévenir l’échec en licence par une personnalisation des parcours
- Bâtir un "campus numérique" national pouvant fédérer les apports de chaque université
- Créer un numéro et un carnet d’apprenant tout au long de la vie pour faciliter la formation, l’orientation et l’insertion
- Déployer un système d’open badge et réinventer la VAE pour construire une société de la reconnaissance
- Mettre en place une plate-forme de partage des questions et réponses des formateurs
- Créer une plate-forme de mutualisation des pratiques enseignantes
- Créer une plate-forme de valorisation des innovations pédagogiques à fort impact
- Mettre en place un processus de consultations à destination de tous les apprenants
- Créer des centres de recherche de référence, scientifiquement remarquables et pédagogiquement investis
- Développer des recherches participatives sur les apprentissages pour mobiliser l’intelligence collective,afin de comprendre les évolutions en cours
- S’inspirer des labschools pour créer des espaces de recherche de solutions dans chaque structure de la société apprenante
- Instaurer un nouveau "contrat de recherche" entre rectorat, laboratoire et établissement scolaire
- Intensifier la mise en réseau national des chercheurs en éducation
- Penser un centre sécurisé de données numériques de l’éducation et de l’apprendre tout au long de la vie
- Des Instituts Carnot de l’éducation au "What Works Centers"
- Mettre en place un comité d’éthique de la société apprenante
- Créer des "labs des métiers de demain" ouverts à tous ceux qui souhaitent contribuer à les inventer
- Lancer des IDEA (Initiative d’excellence pour des établissements apprenants) pour faire des universités des organisations apprenantes
- Créer un IHESA (Institut des hautes études de la société apprenante) pour former les acteurs de changement
- Créer une académie des mentors pour valoriser les enseignants-chercheurs qui innovent
- Créer un réseau d’Espé apprenantes, qui inventent de nouvelles manières d’apprendre et d’enseigner
- Redéfinir les contours du parcours de formation de l’enseignant
- Accroître les marges de manœuvre de l’ESENESR pour accompagner sa transformation
- Créer une Alliance internationale des universités pour des sociétés apprenantes et durables, en synergie avec le processus de création des universités européennes
- Créer un équivalent du Giec pour les intelligences, les apprentissages et les compétences
- Mettre en place un "Erasmus mundus" des acteurs de l’Europe apprenante
- Créer une plate-forme pour faciliter les partenariats internationaux et apprendre des autres

Céline Authemayou | Publié le