Pour transformer sa pédagogie, l’Institut Mines-Télécom mise sur les Mooc

Céline Authemayou - Mis à jour le
Pour transformer sa pédagogie, l’Institut Mines-Télécom mise sur les Mooc
L'IMT publie ses Mooc sur les plates-formes FUN, Coursera et EdX. // ©  Capture d'écran
Quatre ans après avoir créé son premier Mooc, l’Institut Mines-Télécom tire un premier bilan de son expérience des cours en ligne. Présent sur FUN, EdX et Coursera, le grand établissement entend développer son offre avec un objectif : concevoir 10 nouveaux Mooc par an.

Vingt-cinq Mooc, 340.000 inscriptions... Quatre ans après s'être lancé dans la conception de cours en ligne, l'Institut Mines-Télécom publie un rapport pour dresser un premier bilan de cette expérience. L'institut, qui réunit sept écoles d'ingénieurs et une école de commerce, a fait du développement des Mooc l'un de ses axes stratégiques de développement. Tant pour faire émerger sa marque à l'international que pour transformer l'enseignement dans ses établissements.

"C'est peut-être là le premier point marquant du bilan, détaille Nicolas Sennequier, directeur des pédagogies numériques à l'IMT. Depuis 2013, une véritable dynamique s'est mise en place au sein de nos écoles." Le grand établissement revendique 150 enseignants-chercheurs impliqués dans la démarche.

Les traces d'apprentissage scrutées

Un homme, français, entre 25 et 44 ans, titulaire d'un diplôme de niveau bac+5. Tel est le profil type de l'apprenant, inscrit aux différents Mooc de l'IMT. Consacrés à quatre grands thèmes liés aux technologies de l'information et aux sciences de l'ingénieur, les cours affichent un taux d'achèvement de 8 %. Une moyenne honorable – quand ce chiffre se situe à 10 % en général – mais que l'Institut veut voir augmenter. "Il y a des écarts importants entre les cours, concède Nicolas Sennequier. Les Mooc techniques ont un taux de réussite plus bas et ceux qui sont proposés aux étudiants dans le cadre de leur formation voient leur taux d'achèvement grimper en flèche."

Autre phénomène constaté : les cursus qui proposent un apprentissage interactif (évaluation par les pairs, tutoriels interactifs, etc.) comptent moins de décrocheurs. "Cette analyse permet aux enseignants de revoir leur méthode d'enseignement, de la faire évoluer", ajoute le directeur des pédagogies numériques. Cela passe notamment par l'analyse des traces d'apprentissage, laissées par les apprenants sur les plates-formes, qu'il s'agisse de FUN (France université numérique), Coursera ou EdX. "Pourquoi s'arrêtent-ils à ce moment d'une vidéo ? Combien sont-ils à avoir buté sur cet exercice ? Nous sommes juste au début du travail, mais cette recherche sur la pédagogie offre plein de promesses", concède Nicolas Sennequier.

Objectif : 10 Mooc par an

Si le rapport livre des détails chiffrés, il décrypte surtout la stratégie de développement de l'IMT en matière de Mooc, à un moment où le modèle même de ces cours est remis en question. "En 2012, lors de l'avènement de l'outil Mooc, les attentes ont été gonflées et excessives, analyse Nicolas Sennequier. Qu'il y ait aujourd'hui un retour à la réalité me paraît sage. Les Mooc ne remplacent pas les enseignements, mais permettent de rendre accessibles ces derniers."

Dix Mooc doivent être créés chaque année, portés par les écoles de l'IMT ou conçus en partenariat avec d'autres établissements. Un rythme soutenu (la conception du Mooc prend entre douze et dix-huit mois aux équipes) mais jugé "réaliste" et rendu possible grâce à un pactole de 10 millions d'euros, cédé par Patrick Drahi [propriétaire de l'Étudiant] à la Fondation Télécom.

Céline Authemayou | - Mis à jour le