Primaires socialistes : l'école au centre du débat entre les six candidats

Fabienne Guimont Publié le
Primaires socialistes : l'école au centre du débat entre les six candidats
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Les six candidats socialistes ont défendu leurs propositions sur l’école et l’éducation lors du dernier débat télévisé avant le premier tour des primaires du 9 octobre 2011. Recrutement, formation des enseignants, réforme de la pédagogie et des rythmes scolaires, retour à la carte scolaire : extraits des promesses de Martine Aubry, Manuel Valls, Jean-Michel Baylet, Arnaud Montebourg, François Hollande et Ségolène Royal.

Les candidats socialistes font tous de l’école un élément central du pacte républicain. Les deux sujets les plus repris sont les créations de postes et la formation des enseignants. Avec notamment la proposition de François Hollande de créer 60.000 postes dans l’Éducation nationale pour 500 millions d’euros par an.


Passe d’armes entre François Hollande et Martine Aubry


« 500 millions d’euros, c’est l’équivalent du bouclier fiscal, moi je suis pour un bouclier scolaire qui protège les enfants et leur permette d’être mieux accueillis et mieux accompagnés », a défendu François Hollande. Il a comparé ce budget aux 30.000 places de prison promises par Nicolas Sarkozy pour un montant de « 3 milliards d’euros d’investissement ». Le candidat Hollande a aussi appuyé sa promesse de rétablir les 16.000 postes supprimés cette année en faisant valoir la baisse des candidats aux concours enseignants, passés de 5 à 2,5 par poste.

Cette mise au point faite, Martine Aubry a répliqué : « Après avoir proposé de ne pas bouger le budget de l’Éducation nationale, François Hollande pense maintenant l’augmenter de 2,5 milliards. » « Il y a des économies à faire, rétorque François Hollande, le seul coût des redoublements, c’est 2,5 milliards. » « Ce n’est pas aussi simple que ça parce qu’on ne va pas arrêter de faire redoubler tout le monde », a répondu Martine Aubry.

Pour la candidate, les embauches ne peuvent s’envisager sans réformer le système éducatif. Sa réforme passe par la formation des enseignants, l’autonomie accordée aux enseignants et aux chefs d’établissement en les revalorisant. Elle souhaite également mettre plus d’enseignants et moins d’élèves par classes, là où il y en a le plus besoin. L’embauche de psychologues, d’assistantes sociales et de médecins figure en outre au programme. Martine Aubry donne rendez-vous aux syndicats et aux associations de parents d’élèves, après les primaires, pour établir un « pacte éducatif » fixant les priorités des cinq années à venir.

Ségolène Royal pour une programmation pluriannuelle des emplois


Sans reprendre stricto sensu la proposition de création de postes de François Hollande, Ségolène Royal s’est prononcée pour le gel des suppressions de postes et une « programmation pluriannuelle en fonction des besoins des écoles en partenariat avec les syndicats, qui sont conscients des difficultés financières ». Elle veut faire de « l’investissement dans l’école le premier levier de crise ».

Par ailleurs, elle compte « rendre aux enseignants leur première année de formation » et créer des aides aux devoirs gratuites dans l’école « apportées par des étudiants qui en contrepartie auront des bonifications dans leur cursus ». Elle s’est aussi montrée très ferme sur sa volonté d’éradiquer la violence à l’école, causée selon la candidate par la diminution des adultes dans l’école. « Avec moi, tous les enfants iront à l’école heureux. » Son projet est de revenir à la carte scolaire pour recréer de la mixité. Tout en rappelant qu’il faut « reconstruire la formation des enseignants », elle a insisté sur les problèmes de gestion des carrières des enseignants.

Jean-Michel Baylet contre la « tartufferie » des suppressions de postes


Le candidat du Parti radical, Jean-Michel Baylet, a traité les suppressions de postes dans l’Éducation nationale de « tartufferie ». « La suppression de postes c’est 400 millions d’économies par an, le déficit c’est 100 milliards par an, c’est-à-dire 0,4%. C’est totalement scandaleux de démanteler l’école comme ça. » Sans entrer « dans une loterie » avec François Hollande, il estime qu’il faudra créer « 10.000, 20.000, ou 30.000 postes ». Son projet est de revenir sur la carte scolaire pour créer davantage de mixité. Sans s’attarder sur la formation des enseignants qu’il faut « reconstruire », il a davantage insisté sur la mauvaise gestion de leur carrière, « sans perspective d’avenir » avec l’avancement aux points. « Je suis étonné qu’un prof qui travaille depuis dix, quinze, vingt ans vienne se faire expliquer son métier par un inspecteur », a-t-il lancé.

Manuel Valls veut réformer avec du soutien, de la culture, du sport


Manuel Valls fait lui aussi de la refonte du système scolaire un préalable aux embauches. « Il faut tout remettre à plat en mettant l’enseignant au cœur du système scolaire. L’échec scolaire, ce n’est pas à cause des cinq ou dix ans où la droite a gouverné », a-t-il affirmé. Formation, rémunération, rythmes scolaires, pédagogie, formation professionnelle, alternance… sont au programme de sa réforme, qui passe par le soutien, la culture et le sport. « La promesse républicaine ne marche plus. Nous sommes la génération où les parents ont le sentiment que leurs enfants vont vivre moins bien. C’est cela qui rend les choses insupportables. »

Arnaud Montebourg : recrutements et dédoublement des classes


En rendant hommage au dévouement des fonctionnaires, Arnaud Montebourg s’aligne sur la proposition de recrutement de François Hollande en souhaitant remobiliser l’ensemble de la communauté éducative, en formant mieux et en utilisant d’autres méthodes. « Il faut un dédoublement systématique des classes, avec la fin des collèges de niveau, des lycées de niveau. Un quart du temps scolaire doit se faire en petits groupes où l’on travaille avec un élève qui est en "largage", qui a décroché. Le moyen, on va le pousser pour devenir bon, et le bon, s’il peut aller à l’excellence, c’est encore mieux », a-t-il précisé.

Parlant de changement dans les rythmes scolaires, il a soutenu qu’il fallait « reconnaître le temps caché des enseignants », et travailler sur les équipes pédagogiques pour « avoir des adultes qui font face ensemble aux classes et aux problèmes scolaires ».

Le deuxième tour des primaires socialistes, le 16 octobre 2011, dira lesquelles de ces propositions seront encore à l'ordre du jour pour la campagne présidentielle.

Fabienne Guimont | Publié le