Programme « Retour post-doc » : lutter contre la fuite des cerveaux

Frédérique Letourneux Publié le


Faire revenir en France de jeunes thésards partis faire leur post-doc à l’étranger. Telle est l’ambition  d’un programme spécifique porté par l’Agence nationale de la Recherche (ANR), doté de 11,5 millions d’euros, dont la première promotion était composée de 25 jeunes chercheurs (sur 97 dossiers déposés). Les prochains lauréats 2010 seront connus à la mi-juillet 2010. La sélection sera plus sévère encore, le nombre de candidatures ayant augmenté de 43%. Pour Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, qui organisait une rencontre avec les premiers bénéficiaires le 14 juin 2010, le but d’un tel programme est précisément de faire émerger des «parcours d’excellence ».

Il faut dire que le cadre est incitatif : les jeunes chercheurs, porteurs du projet reçoivent des aides individuelles pouvant atteindre jusqu’à 700 000 euros sur trois ans permettant de couvrir leurs salaires et les coûts relatifs à leur recherche.  Une vraie opportunité pour de jeunes chercheurs que tout (ou presque) poussait à poursuivre leur carrière aux Etats-Unis ou ailleurs (plus de la moitié des lauréats du programme étaient basés dans un laboratoire américain). Même s’il leur reste ensuite à construire une véritable carrière en France : « c’est une arme à double tranchant, témoigne Luca Medeci, qui travaille aujourd’hui au sein du Laboratoire de physique des solides hébergé à Orsay  après un post-doc aux Etats-Unis. D’un côté, le dispositif encourage les jeunes chercheurs dans le début de leur carrière en leur offrant l’opportunité de mener leurs recherches. Mais, de l’autre, c’est un statut précaire. Après trois ans, la seule solution semble d’intégrer l’ancien système et de postuler sur des emplois statutaires de maîtres de conférences. » 

Mais pour la ministre, la souplesse initiée par un tel programme se traduit notamment par un système de recrutement rendu plus flexible : montée en puissance des chaires mixtes de recherche, postes en CDI offerts par des université et des établissements de recherche plus autonomes, développement des passerelles vers le secteur privé. Serait-ce la fin d’un certain modèle français ?  

Frédérique Letourneux | Publié le