Projet de fusion des SES et des PFGE, réforme des épreuves au bac : les enseignants de sciences éco et sociales se mobilisent

Isabelle Dautresme Publié le

L’enseignement des sciences économiques et sociales (SES) est-il menacé ? C’est, en tout cas, ce que craignent les professeurs de la discipline. Après la réforme de l’épreuve du bac, c’est au tour de la circulaire de rentrée, publiée le 27 mars 2012, de provoquer l’ire des enseignants de SES. En cause, la possibilité donné aux  chefs d’établissement, de fusionner, à titre expérimental,  les deux enseignements d’exploration en économie de seconde : SES et PFEG (principes fondamentaux de l’économie et de la gestion).

Le 3 avril 2012, l’association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) dénonce dans un communiqué : « la stratégie du ministère de l’Education nationale qui vise à faire disparaître les SES par absorption et dissolution ».

Vers un seul enseignement d’exploration d’économie en seconde ?

La circulaire de rentrée reprend une idée déjà avancée par la Mission d’accompagnement de la réforme du lycée. Dans un rapport, rendu public en mars, elle préconise le maintien d’un enseignement unique d’exploration à dominante économique en seconde, au lieu de deux, comme c’est le cas aujourd’hui. Cet enseignement devrait «  permettre d’aborder la macro et la microéconomie, le droit, les sciences de gestion et les sciences » précise le rapport.

Mais pourquoi fusionner ces deux matières ? L’existence de ces deux enseignements participerait, toujours selon la Mission d’accompagnement de la réforme du  lycée, à « une forme de  pré-orientation vers la voie générale ou technologique selon l’enseignement choisi et non d’un réel choix proposé aux élèves », ce qui serait contraire à l’esprit de la réforme.

Les SES sont-elles menacées ?

L’Apses voit dans la circulaire , une nouvelle tentative du ministère de faire disparaître les SES « qui dégoûteraient les élèves du marché alors que l’éco-gestion réconcilierait les élèves avec la libre-entreprise. Autant de fantasmes durablement ancrés au ministère » selon elle.
Pour le SNES « une telle fusion conduirait nécessairement à privilégier ce que les deux enseignements d’exploration ont en commun, à savoir l’économie (le comportement de l’entreprise, le comportement du consommateur…) et à exclure ce qui est constitutif de l’identité des disciplines (et ultérieurement des séries), à savoir la sociologie pour les SES, la démarche technologique pour les PFEG ».
De son côté, l’Association nationale des professeurs de communication, économie et gestion (l’APCEG, anciennement APEG) s’interroge dans un communiqué : « est-ce qu’il s’agit de favoriser un travail en commun entre professeurs de SES et d’économie-gestion afin de proposer aux élèves une approche plus riche ou au contraire de gérer la pénurie de moyens en flexibilisant les ressources humaines disponibles dans l’établissement ? »

L’Apses appelle les enseignants de lycée à «  faire refuser en conseil d’administration, toute tentative de fusion » et se dit prête à recourir au tribunal administratif au cas où des chefs d’établissement chercheraient à l’imposer. L’article 34 de la loi Fillon - relative au droit à l’expérimentation dans les établissements - précise, en effet,  que si elle existe « elle ne peut déroger au contenu des programmes, de caractère national ». 
 

Une nouvelle épreuve du bac qui fait débat

L’incompréhension entre le ministère et les professeurs de SES n’est pas nouvelle . En février dernier, l’Apses  dénonçait la réforme des épreuves de SES et lançait une pétition pour un « moratoire » sur les nouvelles épreuves du bac. Les professeurs de SES  reprochent, en effet,  à l’épreuve composée qui remplace l’épreuve de synthèse, jusque là majoritairement choisie par les élèves, d’être  en contradiction avec l’esprit même de la discipline. « Trop technique,  elle nécessiterait  une simple récitation du cours déconnectée des enjeux de sociétés contemporaines » déplore Marjorie Galy, présidente de l’Apses. « Or, quelle que soit la discipline, les modalités d’évaluation au bac ont de profonds effets en retour sur les pratiques pédagogiques ». Autre grief : la nouvelle épreuve interdirait  les sujets prêtant à débats alors même que  l’objectif de l’enseignement des SES est d’apprendre aux élèves à raisonner à  développer leur esprit critique.
 

Isabelle Dautresme | Publié le