
Cinq jours après la tentative de putsch en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a étendu sa purge à l'enseignement supérieur. Selon des informations de l'AFP, le ministère de l'Éducation turc a annoncé mardi 19 juillet que "15.200 fonctionnaires [...] ont été suspendus".
Le Conseil de l'enseignement supérieur a également ordonné, mardi 19 juillet 2016, la démission des 1.577 doyens d'universités publiques comme privées, indique Anadolu, l'agence de presse progouvernementale turque.
Ce Conseil va plus loin, mercredi 20 juillet, interdisant "jusqu'à nouvel ordre toutes les missions à l'étranger pour les universitaires", et demandant que la situation des universitaires se trouvant actuellement en mission à l'étranger soit examinée "d'urgence" et qu'ils soient rappelés en Turquie dans les plus brefs délais.
des réactions politiques
Dans ce contexte extrêmement tendu, la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, a réagi, mercredi matin, se disant "préoccupée par les révocations arbitraires dans les universités". Son secrétaire d'État, Thierry Mandon, a rappelé de son côté que "l'indépendance des universitaires est un principe essentiel de la démocratie".
Situation en #Turquie : préoccupée par les révocations arbitraires dans les universités et l'enseignement, l'État de droit doit prévaloir.
— Najat Belkacem (@najatvb) 20 juillet 2016
L'indépendance des universitaires est un principe essentiel de la démocratie. Il doit être respecté, partout. #Turquie
— Thierry Mandon (@mandonthierry) 20 juillet 2016
La CPU et l'EUA dénoncent une atteinte à la démocratie
Les communiqués des organisations représentatives ont été publiés mercredi matin. La Conférence des présidents d'université (CPU) dénonce "une atteinte inacceptable à la démocratie" et "demande au gouvernement français et au Conseil européen de prendre toutes leurs responsabilités pour faire en sorte de garantir les droits fondamentaux, assurer la défense des libertés académiques et le pluralisme scientifique aux portes de l'Europe".
Au niveau européen, l'EUA (European University Association) "condamne fortement et de manière inconditionnelle cette action engagée à l'encontre des universités et de leurs personnels, et exprime son profond soutien à la communauté de l'enseignement supérieur turc".
L'EUA "appelle aussi les gouvernements européens, les universités et leurs membres à soutenir la démocratie en Turquie, et notamment l'autonomie et la liberté académique des enseignants et des étudiants".
quelques soutiens individuels
Seuls quelques universitaires réagissent également vivement sur Twitter à titre personnel et apportent leur soutien à leurs confrères turcs. Dès mardi soir, Pierre van de Weghe, vice-président à l'université de Rennes, interpelle le secrétariat d'État.
Silence insoutenable de @sup_recherche ! #Turquie #université https://t.co/mko3yhHB9j
— Pierre van de Weghe (@pw_researchgrou) 19 juillet 2016
Guillaume Tronchet, conseiller auprès de l'ENS Ulm, retwitte de son côté un communiqué de Scholars at risk – un réseau international visant à défendre la liberté académique et les droits des enseignants – et appelle les institutions universitaires à dénoncer la purge.
Appel à l'ONU, aux gouvernements, aux institutions universitaires pour dénoncer la purge des universités en Turquie https://t.co/T58vmiduRX
— Guillaume Tronchet (@gtronchet) 20 juillet 2016
La CPU lance, vendredi 22 juillet 2017, une pétition contre "la 'purge' et l'intimidation dans l'enseignement supérieur turc". Accessible sur le site Change.org, elle recueillait une vingtaine de signatures une heure après sa création.
La CPU lance une pétition pour soutenir les universitaires turcs. Signez la ! https://t.co/ryM3zm4Ath pic.twitter.com/ekAkvdUU5J
— CPU (@CPUniversite) 22 juillet 2016