D’un simple clic sur le “confusion button” (touche d'incompréhension), les étudiants peuvent signaler, en temps réel, à Perry Samson qu’une partie de son cours n’est pas claire. Cet enseignant en ingénierie et sciences du climat et de l’espace forme les étudiants à l’université du Michigan depuis trente-huit ans. Fort du constat que de nombreux élèves, en particulier étrangers, n’osent pas demander de précisions devant le reste de la classe, il a créé en 2010 LectureTools, une plate-forme interactive qui permet aux étudiants de poser des questions sur les cours qu’ils prennent depuis leurs téléphones, ordinateurs ou tablettes.
À l’époque, raconte le site d'information spécialisé Inside Higher Ed, les universités ne disposent que de clickers, sortes de télécommandes qui permettent aux élèves de choisir une réponse à un questionnaire déjà préétabli, ou de donner une note à un cours. Mais ces boîtiers n'offrent pas la possibilité d’interagir réellement avec les professeurs ou les autres étudiants. D'où l'idée de LectureTools.
Deux ans après sa conception, le produit est racheté par Echo360, une plate-forme en ligne proposant des vidéos dédiées à l'enseignement supérieur. Les étudiants peuvent visionner les capsules vidéo, prendre des notes, participer à des discussions en ligne ou encore répondre à des questions sur la leçon en cours. Ils peuvent également à tout moment indiquer qu’ils sont perdus en cliquant sur le “confusion button”, que Perry Samson a surnommé, non sans facétie, le “WTF button”.
Repérer les élèves à risque
Avec ce nouvel outil, Perry Samson affirme avoir radicalement changé sa manière d’enseigner. Les questions posées par les étudiants, ainsi que l’utilisation du “confusion button” lui permettent d’évaluer s’il va trop vite ou trop lentement et d’identifier les parties du cours à approfondir pour les rendre plus compréhensibles. L’enseignant sait qui pose les questions, qui prend des notes, qui visionne l’enregistrement du cours. Grâce à ces données, Perry Sansom peut prédire au bout de la troisième semaine du premier semestre qui ratera ses examens avec une fiabilité de 90 %.
Stephanie Cole, professeur d’histoire à l’université du Texas Arlington, se sert également de ces données pour identifier le plus tôt possible les étudiants qui ne participent pas aux cours, afin de leur expliquer que leur succès aux examens dépend en grande partie de leur interaction avec le support de cours, les enseignants et les autres élèves.
Accompagner les enseignants dans l'évolution de leurs cours
Afin de rendre le “confusion button” encore plus efficace, Perry Samson, qui garde un rôle de consultant au sein d'Echo360, souhaiterait voir l'outil évoluer. De simple indicateur d'incompréhension, il pourrait être utilisé pour sonder les élèves sur leur expérience en cours et faire connaître aux enseignants les points de blocage dans le déroulé de la formation. Cette prochaine étape est prévue pour 2018, l'entreprise travaille actuellement sur ces évolutions.
L’article d’Inside Higher Ed (en anglais).