Quel nouveau profil pour les enseignants en 2010 ?

Fabienne Guimont Publié le
Quel nouveau profil pour les enseignants en 2010 ?
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Les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur signent, le 30 septembre 2008, une charte sur les principes directeurs de la « réforme du recrutement et de la formation des enseignants », avec la CDIUFM et la CPU. De grandes orientations sur la formation initiale des enseignants qui restent encore à être précisées. Sur le terrain, les universités naviguent à vue au gré des textes proposés. Les syndicats de la FSU (SNES et SNUipp) et du SGEN-CFDT ont décidé de participer aux discussions après la diffusion d’un « texte d’entrée en discussions" par le ministère (voir documents ci-dessous). Avec un calendrier toujours aussi serré : les concours "remastérisés" sont prévus pour 2010.

Quelle sera la philosophie des masters enseignement ? La charte signée entre les ministères et les conférences des présidents d’université (CPU) et des directeurs d’IUFM (CDIUFM) commence à donner les premières pistes de réponse. Elle reprend une demande de la CPU sur les quatre volets que doivent développer les futurs masters : disciplinaire, épistémologique, didactique et professionnel. La CDIUFM et la CPU entendent signer un accord complémentaire précisant la mise en œuvre des principes énoncés dans cette charte.  

Classe en pleine responsabilité dès la première année de titularisation  

Autres points confirmés, par le texte syndical cette fois : les stages durant la formation seraient des « stages d’observation et de pratique accompagnée ». Certains craignent que le statut de fonctionnaire-stagiaire en deuxième année de formation ne disparaisse puisque la mise en situation en pleine responsabilité est reportée après le recrutement des candidats. Le compagnonnage par des « enseignants expérimentés » pendant les premières années de titularisation est réaffirmé.

Le Snesup déplore que le texte reste « muet sur la question d’un cadrage national des masters et sur la préservation du potentiel de formation des IUFM, le devenir de la structure IUFM, sur les stages et en particulier le stage en responsabilité ». Il demande un moratoire sur la réforme.    

Concours : des formes d’épreuves encore en discussion  

Sur les concours de recrutement, les arbitrages de Xavier Darcos sont attendus d’ici une dizaine de jours. Dans un cadre national des concours conservé, ce qui semble se dessiner est un concours organisé en milieu de deuxième année de master. La distinction entre Capes et Agrégation est maintenue.

Trois types d’épreuves devraient constituer ces concours : culture disciplinaire, capacité à concevoir et organiser un enseignement adapté aux niveaux de classe et aux situations d’apprentissage et enfin la connaissance du système éducatif. « Sur les épreuves disciplinaires, il y a un consensus pour ne pas prendre en compte uniquement les contenus disciplinaires mais également les dimensions épistémologique et méthodologique des disciplines. Savoir « à quoi sert d’apprendre cela ? » et « comment ont été produits ces savoirs » », commente Patrick Baranger, président de la CDIUFM.

Sur les deux autres types d’épreuves, les scénarii divergent sur la forme de celles-ci selon les acteurs. Du côté ministériel, on penche pour un oral vérifiant la connaissance du système éducatif et un cours devant un jury pour vérifier les qualités pédagogiques des candidats. La CPU et la CDIUFM en revanche proposent un écrit de synthèse sur le système éducatif et ne sont pas totalement en accord entre elles sur le dernier type d’épreuves (exposé sur la pratique de classe ou interrogation sur un dossier réalisé à partir de stages en établissements scolaires).  

Des masters enseignement construits sans cahier des charges

« Ce sera un concours avec des épreuves beaucoup plus professionnelles qu’actuellement et moins nombreuses. Le ministère a indiqué qu’elles seraient au nombre de quatre au maximum contre 5 ou 6 pour les Capes actuels et 7 ou 8 pour les Agreg. Il faut faire confiance aux universités pour tester les compétences des étudiants en master. Les concours ne sont là que pour sélectionner les meilleurs et classer », analyse Patrick Baranger. Un élément repris dans la charte.    

Sur le terrain, les universités construisent leurs nouveaux masters enseignement sans cahier des charges complètement établi. Leurs habilitations sont attendues avant fin décembre 2008 mais les établissements de la vague D doivent rendre leur contrat quadriennal d’ici au 15 octobre 2008... Des personnalités et des organisations (Syndicats, associations, mouvements pédagogiques) entendent encore peser sur les discussions en cours en organisant des états généraux de la formation des enseignants le 4 octobre 2008 à l'université de Créteil (Paris 12).

Des inscriptions en baisse dans certains IUFM

D’après les premières remontées chiffrées, les inscriptions aux préparations du Capes dans les IUFM sont en baisse en moyenne de 30 %. Les étudiants se sont davantage inscrits dans des masters disciplinaires. De fortes variations sont enregistrées selon les universités. Les préparations aux CRPE (concours de recrutement des professeurs des écoles) ne sont pas concernés par ces baisses, selon Patrick Baranger, président de la CDIUFM. Les inscriptions se terminent fin septembre 2008.        

Fabienne Guimont | Publié le