Réactions aux propos de J-R. Pitte : "En psycho et en STAPS, on se plante"

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Réactions aux propos de J-R. Pitte : "En psycho et en STAPS, on se plante"
P. Delamarche (site C3D) // © 
Faut-il décourager les lycéens de se lancer dans les filières réputées difficiles en terme d'insertion professionnelle ? Les propos de Jean-Robert Pitte - "En psycho et en STAPS aujourd’hui, on se plante" - interviewé dans le cadre de son engagement aux élections régionales aux côtés de Valérie Pécresse, ont suscité l'indignation de Paul Delamarche, président de la Conférence des directeurs et doyens de STAPS. Voci la lettre qu'il adresse à l'ancien président de l'université Paris 4.

"Monsieur le Président,

J’ai pris connaissance avec intérêt et stupeur des propos que vous avez tenus lors d’une récente interview publiée sur le site www.educpros.fr . Selon ce site, en réponse à une question concernant votre engagement à la tête de l’université Paris IV - la Sorbonne, vous dites : « Dans cette mission d’orientation, l’essentiel me semble en effet d’informer les jeunes sur ce qui les attend à l’université. Il existe aujourd’hui un rideau de fumée, entretenu d’ailleurs par les établissements eux-mêmes afin de conserver leurs effectifs. Il faut expliquer qu’en psycho et en STAPS aujourd’hui – même si je conçois que ces secteurs soient séduisants – on se plante. Dans les filières générales universitaires, il y a aujourd’hui trop d’étudiants.”

"Vous avez fait preuve d’une grande méconnaissance de cette discipline universitaire et de ses débouchés professionnels"

A l’évidence et de manière regrettable pour un ancien Président d’une université dans laquelle les formations STAPS ne sont pas présentes, vous avez fait preuve d’une grande méconnaissance de cette discipline universitaire et de ses débouchés professionnels par un propos lapidaire et sans autre argumentation que les préjugés habituels régulièrement véhiculés ici ou là.

Depuis de nombreuses années, les STAPS ont diversifié leurs formations pour professionnaliser les étudiants dans des domaines très variés. L’enquête du CEREQ de 2008 et de nombreux articles de presse témoignent du bien-fondé de cette démarche. Cet effort de professionnalisation s’est fait tant au niveau des licences générales ou professionnelles, qu’au niveau des masters ou encore des DEUST. Bon nombre de nos étudiants trouvent des débouchés professionnels dans le domaine des activités physiques et sportives adaptées à des fins de santé, dans le secteur de l’animation, des loisirs ou du tourisme culturel et sportif, du management du sport, ou encore dans celui de l’entraînement sportif, etc.

Par ailleurs, pour une meilleure lisibilité de nos formations, un important travail d’harmonisation de nos intitulés de diplômes et de leurs contenus a été réalisé, au niveau national, par la Conférence des Directeurs et Doyens de STAPS. La rédaction de fiches RNCP, reconnues par les instances nationales de certification, n’existe sous cette forme pour aucune autre discipline de l’université.

"De tels propos caricaturaux ne peuvent avoir qu’un effet désastreux sur les représentations que les lycéens et leurs parents ont de notre discipline"

Dans le même temps, la politique menée de longue date par la 74ème section du CNU a contribué à la qualité des équipes ou laboratoires «STAPS» labellisés par notre ministère ainsi qu’à l’intégration de nombreux enseignants-chercheurs au sein d’unités CNRS ou INSERM, témoins d’une recherche de haut niveau qui n’a strictement rien à envier à bien d’autres secteurs de la recherche française ou internationale.

De tels propos caricaturaux et infondés ne peuvent avoir qu’un effet désastreux sur les représentations que les lycéens et leurs parents ont de notre discipline, voire de l’Université, et ne peuvent être acceptés.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président et Cher Collègue, à mes sentiments les meilleurs."

Paul Delamarche, président de la Conférence des directeurs et doyens de STAPS , le 18 mars 2010 (en collaboration avec Vincent Nougier, président de la 74ème section du CNU)   

La réaction d'Isabelle This Saint-Jean

Elue régionale en Île-de-France sur la liste du parti socialiste, Isabelle This Saint-Jean a elle aussi réagi aux propos de Jean-Robert Pitte . La professeur d'économie de Paris 13 s'est attaqué à l'affirmation selon laquelle "l’équipe Huchon n’a jamais rien fait pour l’université". Lire son billet intitulé Réponse à Jean-Robert Pitte, ancien président de Paris 4 et candidat sur la liste UMP.

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