Recherche : l'autre front de la mobilisation

Frédérique Letourneux Publié le
Recherche : l'autre front de la mobilisation
Chercheurs à la manifestation du 19 mars à Paris // © 
Les chercheurs veulent faire entendre leur voix dans la contestation qui agite actuellement le monde universitaire et multiplient les réunions pour le faire savoir.  Le 14 mars 2009, 250 directeurs d'unités mixtes de recherches (UMR) se sont réunis à Paris et ont menacé le gouvernement d'une démission collective d'ici à deux mois si leurs revendications n'étaient pas entendues. Au premier rang desquelles figurent la reconnaissance du rôle d'opérateur des organismes de recherche (CNRS en tête) et la mise en chantier d'un plan pluriannuel de l'emploi scientifique. Deux jours plus tôt, à l'appel de l'intersyndicale, plusieurs centaines de délégués de « laboratoires en lutte » se sont rassemblés pour dénoncer « la situation désastreuse actuelle de la recherche publique à l'université et au sein des EPST ». Conviés par Valérie Pécresse le 20 mars 2009 à discuter au ministère, les principaux syndicats de la recherche ont décliné l'invitation et demandé des "négociations sur l’ensemble du contentieux sur la recherche et l’enseignement supérieur". Tour d'horizon des organismes sur les sujets qui fâchent.

CNRS, les instituts et les postes en suspens

« La vraie bagarre porte aujourd'hui sur la mise en application des réformes », assure Daniel Steinmetz, élu du SNTRS CGT au conseil d’administration du CNRS. Pour l'instant, le conseil d'administration du CNRS a voté lors de sa séance du 27 novembre 2008 la structuration de l'organisme en 9 Instituts, en lieu et place des départements scientifiques actuels, mais les décrets d'application n'ont toujours pas été adoptés.

Reste aussi la question toujours en suspens de la création d'un dixième institut structuré autour des sciences de l'informatique : « Il s'agirait de rapprocher l'INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique) et les laboratoires étiquetés sciences de l’information du CNRS. Pour nous c'est le symbole de l'éclatement de l'organisme », assure Daniel Steinmetz.

Le Contrat d'objectif et de moyens pour la période 2009-2013 qui aurait dû être présenté au vote du prochain CA prévu pour le 26 mars 2009, ne fera finalement que l'objet d'une discussion. L'intersyndicale avait vivement réagi mi-février sur la partie « moyens » de la première version négociée entre le ministère de la recherche et le CNRS, dont les grandes lignes avaient été révélées sur Internet (blog de Sylvestre Huet ). Il comprenait la suppression de 596 postes d'ITA et 235 postes de chercheurs dans les cinq prochaines années. Depuis aucune nouvelle version officielle n'a filtré.

INRA : vers un consortium ?

Lors du Comité technique paritaire (CTP) organisé le 6 mars 2009, la direction générale de l'Institut a adopté, seule, un avis positif sur le décret constitutif du Consortium national pour l'agriculture, l'alimentation, la santé animale et l'environnement. Les organisations syndicales CGT, CFDT, Sud et CFTC avaient refusé d'y siéger. Ce « Consortium » regrouperait, sous statut de PRES-EPCS, l’INRA avec le CIRAD (Etablissement à caractère industriel et commercial) et certaines grandes écoles (AgroParisTech, AgroRennes, Agro Montpellier, Véto Toulouse).

Pour les syndicats, il s’agit d’orienter l’INRA vers une dimension purement appliquée, les axes thématiques affichés du consortium étant « Production de ressources, transformation des ressources, et gestion des milieux ». Prochaine étape : le conseil d’administration du 2 avril 2009, qui doit valider de manière définitive le décret sur le consortium.

INSERM : quel regroupement sur les sciences de la vie ?

Le décret modifiant le fonctionnement de l'INSERM a été publié le 11 mars 2009.
Il fixe notamment les modalités de création des huit instituts thématiques et donne à l'organisme la mission de « coordonner les travaux de recherche en sciences de la vie et de la santé ».

« C'est une façon de poser les bases de la création de ce fameux Institut national des sciences du vivant qui regrouperait les sciences de la vie du CNRS, les activités de l'INSERM et de l'INRA et qui serait fortement piloté par les pouvoirs publics », assure Daniel Steinmetz. Même s'il est à noter que de nombreux chercheurs militent précisément pour la création d'une structure commune regroupant les sciences de la vie.

Frédérique Letourneux | Publié le