Recruter 40.000 professeurs en 2013 : mission impossible ?

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Recruter 40.000 professeurs en 2013 : mission impossible ?
V. Peillon // © 
Le 20 septembre, le ministre de l’Education nationale a annoncé le recrutement de 40.000 professeurs en 2013, sans oublier de préciser la difficulté qui sera la sienne : les trouver. Le principal syndicat du second degré, le SNES, estime que le ministre n’a d’autre choix que de proposer une session supplémentaire aux concours et s’inquiète de l’absence de mesures d’urgence pouvant permettre de pourvoir autant de postes dans les délais annoncés.

"Nous allons avoir à recruter près de 40.000 professeurs en 2013", a déclaré le ministre de l’Education nationale invité des Matins de France Culture le 20 septembre 2012.

Comme Vincent Peillon l’avait annoncé dès la prérentrée, plus de la moitié de ces 40.000 recrutements, soit 22.100 postes, sont destinés à compenser les départs en retraite. Il s’agit des postes ouverts aux concours externes de l’enseignement dont les épreuves d’admissibilité se déroulent avant la fin de l’année 2012 pour une admission à la fin de l’année scolaire.

La nouveauté, c’est l’annonce du recrutement de 18.000 professeurs supplémentaires. Mais le ministère se refuse à tout commentaire sur la nature de ces créations de postes pour l’instant, renvoyant à la présentation du projet de loi de finances 2013 en Conseil des ministres le 28 septembre prochain.

22.100 postes au “concours Chatel”, 18.000 au futur “concours Peillon” ?

De son côté, Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES, ne voit qu’une manière d’ouvrir le nombre de postes annoncés : "mettre en place une deuxième session aux concours de recrutements des professeurs des écoles et de l’enseignement secondaire au printemps 2013". Ainsi se cumuleraient les 22.100 postes ouverts aux “concours du type Chatel”, comme le qualifie le représentant des enseignants du secondaire, et 18.000 postes à pourvoir lors des concours supplémentaires que devrait lancer Vincent Peillon. Tous admis en juin-juillet prochains, les stagiaires issus de ces deux sessions des concours de professeurs relèveraient du budget 2013 présenté la semaine prochaine.

Le secondaire fait face à une grave crise des recrutements

Si le compte est bon sur les 40.000 postes pouvant ainsi être offerts aux deux sessions des concours, encore faut-il parvenir à les pourvoir. C’est la principale - et non des moindres - difficulté à laquelle Vincent Peillon devra faire face pour atteindre son objectif. Car ce qu’il préfère qualifier de span class="external-link-new-window">"crise des recrutements"plutôt que des vocations, a atteint des proportions très importantes. Elle concerne surtout les enseignants du secondaire, principalement en lettres, mathématiques, anglais et EPS, où 637 postes aux CAPES sont restés non pourvus en 2012.

Toujours pas d’information sur les 280 professeurs qui devaient être recrutés à la rentrée

En juillet dernier, le tout nouveau ministre avait d’ailleurs promis de recruter 280 enseignants certifiés supplémentaires pour la rentrée 2012 dans ces quatre matières les plus sinistrées. Seul l’EPS s’en est sortie grâce aux candidats en nombre suffisant sur la liste complémentaire. Les lettres, mathématiques et anglais, devaient compter sur des candidats admissibles mais non admis aux agrégations correspondantes. La direction des ressources humaines du ministère de l’Education nationale expliquait alors avoir mis en place une cellule afin de contacter les candidats concernés par ordre de mérite.

L’Education nationale, qui ambitionne de recruter 40.000 postes de professeurs en 2013, a-t-elle réussi à pourvoir les 280 promis à la rentrée 2012 ? Plus de deux semaines après la reprise des cours, le ministère n'a toujours pas communiqué le nombre de candidats ayant pris un poste à la rentrée 2012.

L’absence de pistes d’urgence pour accompagner les vocations inquiète le SNES

Optimiste, le philosophe de la rue de Grenelle veut croire que la mise en place d’une formation de qualité et la revalorisation, sans augmentation de salaire, du métier de professeur suffiront à créer un appel d’air du côté des jeunes toujours nombreux, selon lui, à être attirés par l’enseignement. Vincent Peillon explique la crise des recrutements par les conditions d’entrée dans le métier - et notamment le manque de formation des stagiaires - qui ont accompagné la masterisation.

Du côté du premier syndicat du second degré, Daniel Robin s’inquiète de l’absence de “pistes urgentissimes” destinées à accompagner les vocations nécessaires. “Si Vincent Peillon veut parvenir à recruter 40.000 enseignants dès 2013, il lui faut décider d’aides massives et proposer des allocations aux étudiants qui s’engagent à passer les concours.” Coûteuse et compliquée à mettre en oeuvre, cette proposition du syndicat n’est pas à l’ordre du jour. Quant à la piste des pré-recrutements évoquée par le ministre, elle ne pourra avoir d’effets que dans trois ou quatre ans.

80 % de réussite aux concours ?

Dans l’immédiat, il ne faudrait recaler que 20% des inscrits aux concours du CAPES et au CRPE pour parvenir à pourvoir les 22.100 postes ouverts. Jusqu'où faudra-il descendre la barre pour recruter 18.000 professeurs supplémentaires ?

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