Réforme de l'ENA : vers la fin du classement de sortie

Fabienne Guimont Publié le
Réforme de l'ENA : vers la fin du classement de sortie
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Serpent de mer depuis des décennies, la réforme de l’ENA revient sur le devant de la scène par les voix du ministre du Budget, des comptes publics et de la fonction publique Eric Woerth et de son secrétaire d’Etat André Santini, chargé de la Fonction publique. Ils viennent de présenter, à Paris, devant les élèves énarques leur « nouveau projet de l’école ». Pas question donc de suppression de l’institution en elle-même, l’école vient même d’être rénovée.

Une grande école comme les autres ?

Le lifting – ce sera la 23ème réforme depuis sa création en 1945 - porterait quand même sur la suppression du classement de sortie. Une spécificité emblématique de l’école qui détermine les carrières dans la haute administration dès l’âge de sortie, à 25 ans en moyenne. « Tous les élèves sont arc-boutés sur ce rang de sortie. Après avoir passés les épreuves notées, les quinze ou seize premiers qui « sortent de la botte » [NDLR : Conseil d’Etat, Cour des comptes ou Inspection générale des Finances] auront des parcours brillants, et les derniers stagneront », déplorait François Goulard (La Lettre de l’Etudiant, 9 avril 2007), lui-même énarque et prédécesseur de Valérie Pécresse, énarque également.

Des stages en entreprise, pas seulement dans l'administration

Sur les concours (interne, externe, troisième voie), le projet ministériel penche pour une suppression de l’âge limite des candidats et pour des épreuves davantage professionnelles. Concernant la formation, seule est envisagée un raccourcissement de sa durée et une alternance avec des stages, notamment en entreprise. Une fondation est aussi à l’ordre du jour.   

Rien n’est dit en revanche sur l’absence de la recherche en management ou en sciences de la décision, par exemple, inexistante dans cette école supérieure. Ni sur le corps enseignant composé de hauts fonctionnaires, critiqué pour le conformisme et la reproduction des élites qu’il produit. Une concertation doit s’engager autour de ces grandes orientations avec des élèves, des dirigeants de l’école et quelques personnalités extérieures comme Philippe Séguin, président de la Cour des Comptes, Michel Pébereau (BNP), Henri de Castries (AXA) ou Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris. Elle sera brève : les propositions devront être rendues à Nicolas Sarkozy fin octobre 2008

* Voir le profil du directeur de l'ENA

Fabienne Guimont | Publié le