Réforme de la formation des enseignants : Xavier Darcos reste ferme et focalise les critiques

Fabienne Guimont Publié le

Des cérémonies symboliques de non-remise des maquettes de masters enseignement ont eu lieu devant le ministère de l’Enseignement supérieur et devant une vingtaine de rectorats en province, le 13 février 2009. A Paris, la manifestation a réuni entre 1500 et 2000 personnes selon ses organisateurs. Des ballons en forme de cœur ont été lancés symboliquement à Valérie Pécresse.

Peu de maquettes seraient remontées au ministère

La date limite pour retourner les dossiers d’habilitation est officiellement fixée au 15 février. Selon le Snesup, seules cinq universités seraient en mesure de renvoyer des dossiers complets. Et les conseils de 45 universités ont voté contre la remontée des maquettes. Le retrait de la réforme de la formation des enseignants figurait en bonne place des revendications dans les manifestations du 10 février.

Devant cette mobilisation massive des étudiants et des enseignants-chercheurs, le ministre de l’Education nationale a signifié son opposition au report de sa réforme conduite conjointement avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Ses propos tenus le 12 février 2009 sur RMC ont déclenché un début de polémique alors que Valérie Pécresse a prononcé un discours qui se voulait rassurant à l’égard des inquiétudes des étudiants le même jour au cours de la réouverture du chantier « vie étudiante ».

« Moi, je recrute 14 000 personnes »

« On me dit "les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela" ; vous savez ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd'hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi, n'est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n'ai pas absolument besoin d'entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Je définis les concours dont j'ai besoin. Je garantis la formation professionnelle des personnels que je recruterais. Après, chacun nous suit, ou pas », a déclaré Xavier Darcos.

Début de polémique

Les réactions des syndicats et du PS n’ont pas tardé. Pour le SE-Unsa et Sup’Recherche-Unsa, « La vision gouvernementale de la « mastérisation » de la formation des enseignants est aujourd’hui totalement dans l’impasse ». Le SGEN-CFDT juge les propos « insultants » et « scandaleux », le Snesup « indignes d’un ministre de la République ».

Pour Jean-Louis Fournel, président de SLU (Sauvons l’université), c’est une « provocation ». « Le ministre ment lorsqu’il dit que la moitié des recrutés sont des candidats libres : ils sont aussi beaucoup plus nombreux à passer le concours et le taux de réussite des candidats formés est trois ou quatre fois supérieur au leur. Comme son mentor Nicolas Sarkozy, lorsque Xavier Darcos voit un bidon d’essence, il y met le feu ! Soit ils retirent leurs deux réformes sur le décret modifié de 1984 et la mastérisation, soit ils vont vers une crise majeure avec l’ensemble du monde enseignant », indique-t-il. Une manifestation début mars "de la maternelle à l’université" est en effet en préparation avec les acteurs du mouvement des universités.

De son côté, le PS estime dans un communiqué du 13 février que Xavier Darcos « prend le risque d'un affrontement durable et d'un blocage total » et demande l’ouverture d’une mission parlementaire pluraliste. 

Fabienne Guimont | Publié le