Réforme de l’évaluation des enseignants : regard de deux experts

Publié le
Le projet d’une évaluation des enseignants par leur chef d’établissement est au cœur de la grève du 15 décembre 2011 dans l’Education nationale. Un sociologue et un professeur de psychologie sociale avait réagi à ce projet sur Educpros.

Selon la première estimation du taux de gréviste dans l’enseignement public communiquée avant 10 heures par le ministère de l’Education nationale, le mouvement serait suivi par 21% des enseignants de collège, 13% de ceux qui exercent en lycée d’enseignement général et technologique, 11% des enseignants de l’école primaire et 8% des professeurs de lycées professionnels. D'après le SNES-FSU, 47% des enseignants des collèges et des lycées auraient fait grève.

Principale revendication à l’origine de ce mouvement : le projet du gouvernement de modifier les modalités d’évaluation des enseignants en incluant notamment la progression des élèves. Révélé le 15 novembre 2011 par le Café pédagogique, ce projet avait suscité la polémique.

Interrogé alors par Educpros, le sociologue Xavier Albanel estimait que ce projet visant à accroître le pouvoir des chefs d’établissements était porteur d’une nouvelle vision de l’école et que les enseignants avaient besoin d’un accompagnement pédagogique.

De son côté, Fabrizio Butera, professeur de psychologie sociale à l’université de Lausanne et co-auteur de L’évaluation, une menace ? (Editions PUF), notait que l’application d’un système d’évaluation des enseignants fondé sur les progrès de leurs élèves déboucherait sur un système de triche massive.

Le SE-Unsa annonce à Luc Chatel qu’il ne participera pas à la concertation sur l’évaluation des enseignants

Dans une lettre envoyée le 15 décembre 2011, jour de grève des enseignants au sujet du projet de réforme de leur évaluation, au ministre de l’Education nationale, Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA annonce que le syndicat enseignant ne participera pas « au cycle de « concertation » [le terme est entre guillemets dans le courrier] concernant l’évaluation professionnelle des enseignants ».
Le syndicat des enseignants du premier et du second degré annonce d’emblée son « désaccord profond » avec « les orientations portées par ce projet (…) guidées par une vision de la gouvernance qui conduit à une logique de concurrence entre établissements ». Il reproche au ministre de proposer « un dialogue morcelé et fragmenté » en lieu et place d’une « négociation cohérente partant de la définition du métier d’enseignant ».
Le syndicat estime que « ce dossier (…) est trop complexe pour être traité en urgence » et nécessite « une véritable négociation avec les représentants des personnels ».

| Publié le