Réforme du lycée : la Conférence des grandes écoles inquiète d’une baisse de niveau en sciences

Sylvie Lecherbonnier Publié le

Mieux vaut tard que jamais… La CGE (Conférence des grandes écoles) va faire des propositions à la rentrée 2011 sur la réforme du lycée, réforme mise en œuvre depuis septembre 2010. Peu habituée à réagir sur des sujets qui touchent l’enseignement secondaire, la Conférence se veut très prudente. « Au départ, nous ne nous sentions ni légitimes ni compétents. Mais lorsque l’on regarde les conséquences des réformes sur le lycée depuis les années 60, il nous semble nécessaire aujourd’hui que les universitaires au sens large se réapproprient ce qui se passe avant le bac ».

La CGE craint une amplification des biais sociaux entre les élèves des différents lycées en raison de la plus grande autonomie dont ceux-ci vont bénéficier. « Même si cette responsabilisation est intéressante, il ne faudrait pas que les inégalités s’accroissent entre lycées du centre ville et lycées des quartiers », assure Pierre Tapie, le président de la CGE.

Le spectre d’une baisse de niveau

Autre inquiétude : une baisse du niveau, notamment scientifique, des futurs bacheliers entrant dans les grandes écoles. « Environ un tiers des étudiants qui entrent dans les écoles post-bac ne savent pas prendre des notes. Le taux d’échec ou d’abandon dans ces premiers cycles est d’ailleurs en forte augmentation. Certains professeurs de classes préparatoires s’alarment déjà des capacités de certains bons élèves à rédiger une dissertation. Les remarquent portent également sur les mathématiques. Qu’en sera-t-il quand les nouveaux bacheliers auront perdu en moyenne trois heures de sciences par semaine par rapport à leurs camarades plus âgés ? Comment va-t-on faire pour qu’ils tiennent le choc une fois dans nos écoles », s’inquiète Pierre Tapie qui tient malgré tout à préciser : « nous ne sommes pas en train de dire que nous sommes contre la réforme ».

Ne pas mettre les hauts potentiels dans des cases

Le président de la Conférence juge « dangereux de revoir gravement à la baisse les exigences de formulation mathématique dans les sciences expérimentales. L’application systématique de dispositif comme la main à la pâte ne doit pas faire oublier l’abstraction mathématique ». De même, « pour valoriser les filières littéraires, on interdit aux scientifiques de faire du latin et du grec, est-ce comme cela que l’on va former des jeunes gens cultivés ? Il ne faut pas gérer les jeunes à haut potentiel en les mettant dans des cases. C’est ainsi que l’on fait chuter le niveau de tout le monde. »

La CGE aimerait désormais être consultée sur les évolutions du secondaire. Reste à savoir si, avec cette prise de position tardive, la Conférence pourra peser sur les conséquences de cette réforme déjà engagée.

Sylvie Lecherbonnier | Publié le