Réforme du lycée : Nicolas Sarkozy fidèle à Descoings

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Réforme du lycée : Nicolas Sarkozy fidèle à Descoings
Luc Chatel, N. Sarkozy et une lycéenne // © 
Nicolas Sarkozy a annoncé en grandes pompes sa réforme du lycée le 13 octobre 2009 à l’Elysée. Des mesures concrètes mais attendues autour de l’orientation, de l’accompagnement individualisé ou de l’autonomie des élèves. A moyens constants. Le président de la République a suivi fidèlement les propositions consensuelles de Richard Descoings , le directeur de Sciences po, qu’il avait chargé d’une mission sur le lycée en janvier 2009.

Nicolas Sarkozy a énoncé des mesures concrètes autour de six grands axes. Il charge Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, d’organiser le débat sur cette réforme du lycée avec les lycéens et les représentants de la communauté éducative d’ici la fin de l’année 2009. Luc Chatel doit ainsi entamer un tour de France des lycées, « à la Descoings », au cours des quatre prochaines semaines.

1. Améliorer l’orientation pour la rendre « progressive et réversible »

Nicolas Sarkozy veut donner « le droit à l’erreur ». Le président de la République a évoqué l’instauration de stages pendant les vacances scolaires : des stages-passerelles destinés à apporter des compléments de programmes aux élèves qui souhaiteront passer d’une série de bac à une autre et des stages de remise à niveau pour ceux qui rencontrent des difficultés. Le tout avec l’avis du conseil de classe. La première devrait être plus générale (ce qui implique une refonte des grilles horaires dont doit s’occuper Luc Chatel), celle de terminale davantage connectée avec l’enseignement supérieur. La plateforme multimédia mise en place avec l’ONISEP sera généralisée. Les professeurs pourraient être amenés à faire du tutorat. Les partenariats lycées – établissements d’enseignement supérieur seraient encouragés, de même que les stages en entreprise (pour jeunes et professeurs). Comme dans l’académie d’Aix-Marseille, les lycées pourraient ainsi constituer des banques de stages dans lesquelles puiser.

2. Casser la hiérarchie des voies et des séries

« S’il y a une chose dont je suis fier, c’est la rénovation de la série STI (sciences et technologies industrielles) », a déclaré Richard Descoings à l’issue du discours. Comme le préconisait le directeur de Sciences po, Nicolas Sarkozy met l’accent sur le travail à effectuer sur ce bac, qui n’a pas évolué depuis 1993. Le président a également parlé de revaloriser la série L « en perdition ». Cette revalorisation passerait par la création d’un enseignement de langues et civilisations étrangères spécifiques, l’introduction de nouvelles disciplines (comme le droit) et la création d’un enseignement culturel et artistique de haut niveau pour en faire une «filière d’excellence internationale ». Nicolas Sarkozy a omis de parler de la série ES, ce que n’ont pas manqué de remarquer certains lycéens.

3. Mettre en place l’accompagnement individualisé

C’est l’une des mesures les plus novatrices (et celle qui provoquera probablement le plus de débat) : dès la rentrée 2010, tous les élèves de seconde bénéficieront de deux heures d’accompagnement par semaine. Deux heures dégagées dans l’emploi du temps actuel. Selon les profils, il pourra s’agir de remise à niveau, de renforcement de connaissances ou d’aide à l’orientation. Le dispositif sera ensuite étendu aux élèves de première en 2011 et aux élèves de terminale 2012.

4. Revoir l’enseignement des langues, avec un accent mis sur l’oral

Nicolas Sarkozy a annoncé la révision de la nature et du contenu des épreuves du bac (c’est la seule fois où l’examen aura été évoqué). Les séjours linguistiques seront encouragés grâce aux partenariats entre établissements. Les nouvelles technologies (comme les visioconférences) seront utilisées pour multiplier les contacts avec les locuteurs natifs. Des groupes de niveau ou « groupes de compétences » seront mis en place, de même que des cours dans certaines disciplines (histoire, sciences) en langue étrangère, comme dans les sections européennes.

5. Augmenter la part des enseignements et des activités artistiques ou culturelles

Une idée toute sortie des consultations menées auprès des lycéens. Outre la création d’un enseignement d’histoire des arts (déjà en cours), Nicolas Sarkozy a évoqué la mise en place d’un « référent culture », désigné parmi les professeurs dans les établissements, chargé de développer des relations avec le monde culturel environnant. Le président a également parlé de créer une plateforme Internet de vidéos en ligne, grâce à un partenariat avec France Télévisions.

6. Développer l’autonomie des élèves

C’est LE cheval de bataille de Nicolas Sarkozy, le point central de toutes les réformes amorcées pour la jeunesse. Là encore, Richard Descoings avait ressenti un besoin « de plus de responsabilités » de la part des lycéens. Le président souhaite ainsi abaisser l’âge légal de la prise de responsabilité associative de 18 à 16 ans. Il propose de déléguer aux élèves certaines compétences relatives à la vie de leur établissement (restauration scolaire, aide sociale, aménagement des espaces…). Enfin, tout engagement associatif sera reconnu grâce à la mise en place d’un livret de compétences. Et Nicolas Sarkozy de s’adresser aux lycéens pour conclure : « La partie qui se joue, c’est pour vous. […] On va réussir parce qu’on n’a pas le choix. […] Je n’ai pas envie de retomber dans la ritournelle de l’incompréhension et de l’échec ».

A l'Elysée, lycéens convaincus, professeur sceptique
À la fin du discours du président, les lycéens, attroupés autour du président pour prendre des photos, étaient plutôt convaincus. « De belles choses ont été dites. Maintenant, il faut voir si tout cela n’est pas qu’un coup marketing, si Nicolas Sarkozy tient parole, s’il n’est pas trop ambitieux », résumé Léa, élève en terminale à Massy (91). Stéphane Ramoin, professeur d’anglais dans les Alpes-Maritimes est plus sceptique : « Aujourd’hui, en apparence, tout est beau et policé. Mais la réalité pour nous, ce sont encore les 16.000 suppressions de postes annoncées pour la rentrée 2010 et des classes de 35 élèves. Des effectifs qui ne baissent pas. On parle beaucoup des suicides chez France Telecom, mais il y en a plus chez les enseignants »…

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