Réfugiés : des universités se mobilisent dans toute l'Europe

Johanna Bouquet Publié le
Réfugiés : des universités se mobilisent dans toute l'Europe
L'EUA recense toutes les actions des universités en faveur des réfugiés. Ici, l'université de Lunebourg en Allemagne. // ©  Maria Feck/LAIF-REA
Des universités à travers l'Europe essaient, au-delà de l'urgence matérielle, de rendre les formations et la recherche accessibles aux réfugiés.

Cours de langue, soutien financier pour les étudiants, postes de chercheurs ou encore outils de reconnaissance des formations... La carte interactive mise en ligne par l'EUA (Association des universités européennes) fin février 2016 montre le large panel des initiatives prises par les universités à travers l'Europe pour venir en aide aux réfugiés.

Plus d'une centaine d'initiatives ont été répertoriées. L'idée est de "permettre aux universités d'échanger des informations sur les différentes pratiques, de disposer d'un outil d'influence auprès des décideurs politiques et à terme de permettre aux universités d'échanger sur les bonnes pratiques", explique Michael Gaebel, le directeur du département de l'enseignement supérieur de l'EUA.

Sept universités en France sont aujourd'hui recensées sur cette carte dont Paris 1, Nanterre, Strasbourg mais aussi Poitiers. Cette dernière a accueilli en 2014 dix étudiants syriens et leur a donné pendant un an des cours de français. Grâce à cela, quatre étudiants ont pu commencer un cursus en médecine et six ont entamé des études en sciences.

Science4refugee, une plateforme de CV pour les réfugiés

La Commission européenne a également lancé en octobre 2015 une plateforme appelée Science4Refugee qui permet aux universités de déposer des offres d'emploi ou de stage et aux réfugiés de mettre en ligne leur CV. L'objectif est d'améliorer la situation des réfugiés et de "mettre leurs compétences et leurs expériences au profit d'un système de recherche en Europe", informe un expert de la Commission européenne. Six mois après son lancement, "210 universités et institutions de recherche ont publié 887 offres d'emploi sur le portail", chiffre la Commission européenne.

Les étudiants aussi se mobilisent et parfois appellent leurs universités à réagir.
(M.
Gaebel)

L'université libre de Bruxelles (Belgique) participe à ce programme. Elle a décidé d'ouvrir dix chaires postdoctorales, destinées à des chercheurs ayant obtenu le statut de réfugié. Science4Refugee a permis de diffuser l'information et de centraliser les candidatures. Une initiative efficace même si pour Jean-Michel de Waele, vice recteur de l'université libre de Bruxelles, "l'Union européenne devrait faire plus et donner les moyens pour toutes les universités d'accueillir les étudiants et les chercheurs".

La "responsabilité sociale" des universités mise en avant

La raison qui pousse les universités à s'investir dans cette crise des migrants repose sur l'idée de "responsabilité sociale". Un devoir moral dont les étudiants attendent beaucoup, estime Michael Gaebel. Pour Jean-Michel de Waele, "l'Université ne sert pas seulement à faire des têtes bien pleines, elle doit faire des têtes bien faites. Nous formons aussi des citoyens. Les universités ont un rôle dans la cité en tant qu'organe de la connaissance." D'ailleurs, les étudiants aussi se mobilisent et parfois appellent leurs universités à réagir, précise Michael Gaebel.

Les initiatives d'aide aux réfugiés "participent au rayonnement et l'internationalisation" des universités, affirme Michael Gaebel. Ce que confirme avec enthousiasme le vice-recteur de l'université libre de Bruxelles : "C'est un enrichissement pour nous... si un historien syrien veut donner un cours sur l'histoire de la Syrie, ça va ouvrir l'université, donner de nouvelles compétences... c'est profitable à l'université."

Il faut penser à l'avenir, ajoute-t-il : "Au moment où la guerre sera finie, que les universités rouvriront et qu'il faudra reconstruire ces pays, cela passera aussi par ces chercheurs réfugiés et notre modeste contribution peut aider."

Johanna Bouquet | Publié le