Rentrée scolaire 2013 : les syndicats alertent de nouveau sur la crise des vocations d'enseignants

Sophie de Tarlé Publié le
Il ne suffit pas d’offrir des postes. Dans certaines disciplines, la difficulté est de trouver des candidats. Or, les conditions d’exercice du métier font reculer beaucoup d'étudiants. En cette rentrée 2013, les syndicats remettent l'accent sur la crise des vocations d'enseignants.

"La crainte est aujourd'hui d'avoir des créations de postes sans personnel suffisant pour les occuper" : secrétaire général du SNPDEN (syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale), Philippe Tournier a donné le ton de la rentrée. Le syndicat craint plus particulièrement un déficit en mathématiques, mais aussi en allemand, en anglais et en langues anciennes.

Pour Philippe Tournier,  "le choix de devenir enseignant arrive assez tardivement et les masters 'métiers de l'enseignement' entrent en compétition avec d’autres formations et d'autres métiers qui peuvent apparaître plus attractifs".
Un phénomène confirmé par le SNES-FSU (syndicat national des enseignements de second degré-fédération syndicale unitaire) : "la hausse des recrutements aux concours externes est significative (+19,9%), mais l'objectif de 30% n’est pas atteint. Pour la troisième année consécutive, des postes offerts aux concours externes n’ont pas été pourvus par décision des jurys, soucieux de préserver un niveau élevé de recrutement", affirme Frédérique Rolet, porte-parole du SNES.
A titre d'exemple, alors que 1.210 postes étaient ouverts au Capes de mathématiques, 816 candidats ont été admis. En lettres classiques, sur 200 postes ouverts, seuls 61 postes ont été pourvus.

"Pour pourvoir tous les postes à la rentrée, les admissibles au concours 2014 qui ont accepté d'être contractuels ainsi que les non titulaires précaires seront utilisés en masse, et sans formation, ce qui ne suffira sans doute pas dans toutes les disciplines", ajoute Frédérique Rolet.

Pour la troisième année consécutive, des postes offerts aux concours externes n’ont pas été pourvus par décision des jurys (F.Rolet)

Des établissements où les enseignants refusent d’aller 

Autre raison évoquée, la dégradation des conditions de travail. "Il y a des établissements où les enseignants refusent clairement d’aller", affirme Philippe Tournier du SNPDEN. Un constat à mettre en parallèle avec un sondage publié par le SNES, selon lequel 73% des enseignants du second degré estiment que l'exercice de leur métier s'est dégradé.

D’après cette enquête réalisée en mai 2013, les conditions de travail et le contenu des programmes sont les deux domaines qui devraient être abordés en priorité, la rémunération arrivant en troisième position seulement. Parmi toutes les mesures à traiter rapidement, la suppression du livret personnel de compétences au collège arrive en tête, suivi de la réforme de l’éducation prioritaire, puis de la réforme du lycée.

Concernant le bac, les enseignants souhaitent majoritairement un maintien d’épreuves nationales anonymes. Le développement du contrôle continu n’est approuvé que par 23% des sondés. Quant à l’évaluation des élèves, 76% aimeraient un changement des modalités, mais 59% souhaitent que le gouvernement prenne son temps pour la mettre en place. 

Les lettres classiques en péril
Pour Robert Delord, président du Collectif pour la sauvegarde des langues anciennes, c'est le ministère qui crée lui-même la pénurie.

Pour ce collectif, la fusion du Capes lettres classiques et lettres modernes qui sera effective en 2014, va contribuer à décourager les vocations. Car une fois l’écrit passé, les candidats en lettres classiques n'auront qu'une option, celle de repasser les langues anciennes à l'oral, puisque la seule option proposée est "langues et cultures de l'Antiquité".

Les candidats en lettres modernes auront, eux, davantage de possibilités : outre le latin, ils pourront choisir la littérature et langue françaises, mais aussi préférer le théâtre, le cinéma ou le français langues étrangères. Des options très attractives qui pourraient attirer l'essentiel des étudiants - ce que craint le collectif. "A défaut de professeurs spécialistes à mettre devant les élèves, on fermera progressivement l'option langues anciennes dans la plupart des établissements", a déploré Robert Delord.

Sophie de Tarlé | Publié le