Rentrée universitaire anglaise : une chute des inscrits après la hausse des frais de scolarité

Elisabeth Blanchet Publié le
Marquée par un triplement des frais de scolarité, la rentrée universitaire anglaise (1) se solde par une baisse de 8,9% du nombre d'étudiants par rapport à 2011. Alors que depuis plus de quinze ans, le nombre d'étudiants augmentait un peu plus chaque année, la rentrée 2012 et ses 11.300 € de frais de scolarité ont dissuadé plus de 15.000 jeunes de s'inscrire à l'université.


Depuis leur mise en place en 1998 par le gouvernement travailliste, les frais de scolarité ne s'acquittent pas à l'inscription, mais une fois le diplôme en poche et à condition de gagner un certain salaire annuel de 26.400 €. Pourtant, leur augmentation suscite une peur de l'endettement, principale cause de la chute du nombre d'inscrits cette année. Un contexte économique peu propice à l'emploi constitue une autre raison : aller à l'université «vaut-il vraiment le coup» ? Il y a encore quelques années, beaucoup considéraient l'université comme un investissement. Aujourd'hui, le retour sur investissement est de moins en moins certain.

Qui se cache derrière ces 8,9% ?

Difficile de savoir qui a décidé de ne pas s'inscrire à l'université cette année. Cependant, selon l'UCAS (Universities and Colleges Admission Service) , qui a analysé les données des inscrits de la rentrée 2012, chez les 18-19 ans, la baisse du taux d'inscription n'est pas proportionnellement plus élevée chez les jeunes issus de milieux défavorisés que chez les jeunes provenant de classes moyennes. En effet, la plupart des étudiants défavorisés peuvent toujours prétendre à des bourses, tandis que ceux qui viennent de classes moyennes n'y ont pas droit.

Quid de l’ouverture sociale ?

L’augmentation des frais de scolarité aura-t-elle un effet sur l’ouverture sociale des universités anglaises ? Il est encore tôt pour le dire… mais cette hausse entre en contradiction avec les mesures prises depuis le début des années 2000 pour démocratiser l’accès à l’université. En 2004, partant du constat que les étudiants des universités les plus prestigieuses étaient issus pour près de la moitié d'écoles privées, alors que ces dernières n'éduquent que 7% des enfants britanniques, le gouvernement de Tony Blair créait l'OFFA (Office For Fair Access) , un organisme destiné à inciter les universités à élargir leur accès aux enfants moins privilégiés.

À coups de mesures, de campagnes dans les écoles d'État en collaboration avec les universités, de primes à ces dernières pour démocratiser leur accès, le travail de l'OFFA porte ses fruits : une université comme Cambridge compte cette année 63% d'étudiants issus d'écoles d'État, contre 57% en 2007.

Un travail que le nouveau responsable de l'OFFA, le professeur Les Ebdon, est bien décidé à perpétuer. «Les universités sont des institutions autonomes qui contrôlent leurs admissions. Elles reçoivent 800 millions de livres sterling de l'État à consacrer à la démocratisation de leur accès. Il est important de les évaluer, de voir lesquelles fonctionnent bien et partager leurs pratiques», a-t-il déclaré début septembre. À suivre…

(1) L'Écosse, le pays de Galles et l'Irlande du Nord ne sont pas touchés par cette augmentation.

Elisabeth Blanchet | Publié le