Report des élections universitaires : quelles retombées ?

Catherine Piraud-Rouet Publié le
Report des élections universitaires : quelles retombées ?
L'élection du président de l'université de Mulhouse est, comme beaucoup d'autres, suspendue. // ©  UHA
Avec la crise sanitaire, une trentaine d’universités doivent reporter l’élection de leurs conseils centraux et de leur président. Quelles conséquences, quelles priorités pour les établissements ? Les cas des universités de Poitiers, La Rochelle et Mulhouse.

Le coronavirus a aussi des impacts sur les élections universitaires… D’après la CPU (Conférence des présidents d’université), 34 universités verront les mandats de l’ensemble de leurs conseils arriver à échéance entre le 15 mars et le 31 juillet 2020, sans avoir encore élu leur conseil d’établissement.

Pour tous ces établissements, crise sanitaire oblige, le mandat des membres des conseils et du chef d’établissement est prolongé jusqu'à une date qui sera fixée par un arrêté de la ministre chargée de l'Enseignement supérieur, et au plus tard jusqu'au 1er janvier 2021, conformément à la loi d’urgence sanitaire pour faire face à l’épidémie de covid-19, parue au Journal Officiel le 24 mars 2020.

Toutefois, dans les universités qui avaient entièrement élu et renouvelé leur Conseil d'Administration, l’élection du président par le conseil se poursuit normalement. C’est notamment le cas pour les universités de Reims, Cergy-Paris Université et Bretagne Occidentale. Mais, le report des élections municipales, "au plus tard au mois de juin 2020" pourrait cependant freiner la désignation des personnalités extérieures représentant municipalités et métropoles.

Calendriers électoraux bouleversés

Les universités de La Rochelle, de Poitiers et de Mulhouse sont, toutes les trois, concernées par le gel global du processus électoral et le report sine die. "Si nous rouvrons fin avril, le report sera aisé. Mais si ce n’est qu’en juin, l’organisation de nouvelles élections ne pourra pas se faire avant la rentrée, analyse Jean-Marc Ogier, président de l'université de La Rochelle.

"Certains étudiants, mais aussi des personnels partis en retraite ou en mutation, ne seront peut-être plus dans nos murs l'an prochain. Nous devrons alors ajuster nos listes, voire les refaire de A à Z."

Même incertitude à Mulhouse, où le processus a été stoppé en plein dépôt des candidatures. "La prolongation des conseils actuellement élus devrait nous aider à continuer la campagne d’emplois, essentielle à notre fonctionnement, informe la présidente Christine Gangloff-Ziegler, en fin de second mandat. Mais tout dépendra de la durée du confinement. Je doute du maintien possible de l’élection du président prévue le 8 juin. Je pense qu’un décalage à fin juin-début juillet, voire après la rentrée universitaire suivante, est probable." La nécessité de consolider les listes électorales devrait alors reporter le scrutin à octobre-novembre au plus tôt.

A Poitiers, Yves Jean, qui achève lui aussi son second mandat, se dit face à deux hypothèses. "Si le processus peut reprendre début mai, le comité électoral envisage une élection de l’ensemble des collèges le 9 juin et celle du président à mi-juillet, avec l’élection d’une nouvelle équipe avant l’été, note-t-il. Mais si l’on reprend plus tard, nous n’aurons pas le temps d’organiser les deux tours et les scrutins auront lieu après le 15 octobre."

Coup de frein sur les réformes

Au-delà, le report des élections met un coup de frein aux réformes en cours. A La Rochelle, le projet de transformation vers un collégium interdisciplinaire et un institut de recherche également transversal est en statu quo jusqu’à nouvel ordre. "Même blocage pour la refonte de la cartographie des emplois, votée en décembre dernier, explique Jean-Marc Ogier. De ce fait, nous subissons un véritable tsunami sur notre projet d’établissement, qui devait s’engager à partir de septembre."

Autre sujet de préoccupation : le blocage de l’Université européenne, dont l’université de La Rochelle est l’une des lauréates. "Les décisions réglementaires et politiques sont compliquées à prendre, toutes les universités en Europe étant bousculées par la crise, poursuit Jean-Marc Ogier. Nous espérons ne pas trop être pénalisés du fait du retard pris sur les objectifs."

L’urgence sanitaire en première ligne

Pendant la crise, la priorité est toutefois donnée, partout, à la gestion des urgences. A Poitiers, l’on envisage de reporter de trois mois la visite d’évaluation de l’Hcéres, prévue pour janvier 2021.

"Aujourd'hui, la priorité ce n'est pas de remplir le questionnaire de l'évaluation, mais de garantir nos missions principales et de garder le lien avec les étudiants", estime Yves Jean. "Le suivi de la situation sanitaire, de la santé des équipes et des étudiants, ainsi que la préservation du lien social, sont sur le devant de la scène, appuie Christine Gangloff-Ziegler. Les élections ne sont pas aujourd’hui notre préoccupation principale."

L’heure est aussi à la mobilisation générale pour organiser le plan de continuité pédagogique, de recherche et de fonctionnement minimal des établissements. Yves Jean se veut confiant : "Même s’il n’y a pas de nouvelle équipe présidentielle pour assurer la rentrée, celle-ci se fera sans difficultés", assure-t-il.

Catherine Piraud-Rouet | Publié le