Retoquée par le Conseil d'Etat, l’Université de Paris devra rapidement changer de nom

Guillaume Mollaret Publié le
Retoquée par le Conseil d'Etat, l’Université de Paris devra rapidement changer de nom
Frédérique Vidal, en visite à l'Université de Paris en décembre 2020. L'établissement va devoir changer de dénomination. // ©  Simon LAMBERT/HAYTHAM-REA
Dans une décision rendue le 29 décembre, le Conseil d’Etat annule la dénomination de cet établissement expérimental né en 2019 de la fusion des Universités Paris-Descartes et Paris-Diderot, ainsi que du rattachement de l’Institut de physique du globe.

Rien n’a changé. Sur son site Internet et sur ses réseaux sociaux, l’Université de Paris reste l’Université de Paris. Pourtant, depuis un arrêt du Conseil d’Etat rendu le 29 décembre dernier, l’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel expérimental créé en mars 2019 doit changer de nom.

Pas de remise en cause de la création de l'établissement expérimental

Cette décision a été prise à la suite d'une requête de l’Université Paris-Panthéon-Assas, qui dénonçait "un excès de pouvoir". Aussi, le Conseil d’Etat a décidé d’annuler partiellement seulement, le décret n°2019-209 portant création de l’Université de Paris et de ses statuts.

Concrètement, si le nom de l’établissement doit changer, la création de la nouvelle entité née de la fusion des Universités Paris-Descartes et Paris-Diderot, et de l’intégration de l’Institut de physique du globe de Paris, n’est pas remise en cause. L'annulation ne concerne que la dénomination.

Un point dont se satisfont l'établissement et son ministère de tutelle dans un communiqué commun. "Si l’Université de Paris doit changer de dénomination, le projet qu’elle incarne [qui a reçu 56 millions d’euros de financement dans le cadre des Initiatives d’excellence ndlr], et qui suscite une adhésion croissante de la part des étudiants et de la communauté scientifique, va pouvoir continuer à prospérer", déclarent de concert le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et l’Université.

Dans leur missive, les deux entités se félicitent également de "l’attractivité en forte croissance auprès des étudiants et étudiantes, avec une hausse de vœux sur Parcoursup de 35% en 2021, de nombreux succès à la fois dans les classements internationaux (top 4 des universités françaises) et dans les appels à projets du PIA et de l’Union européenne."

Un rapide changement d'appellation

L’arrêt rendu par la plus haute juridiction administrative française ne fixe aucune date à laquelle ce changement de nom, donc de communication auprès des 4.500 personnels, 63.000 étudiants, et autres prospects, doit intervenir.

Néanmoins, l’établissement va s’atteler rapidement à trouver une nouvelle appellation. “Nous sommes dans une phase de transition. L’université gère aussi en ce moment les partiels... Cependant, une décision collégiale devra rapidement être prise. Les choses vont bouger dans les semaines qui viennent”, avance-t-on, sans plus de précision, au sein de l’Université de Paris.

Une décision du Conseil d'Etat appuyée sur l'histoire

Pour fonder sa décision, le Conseil d'Etat s’est appuyé sur l’histoire. Il motive que "l’établissement (…) créé par le décret attaqué reprend celle de l'université créée à Paris au 12e siècle et de l'université fondée en 1896 pour regrouper, notamment, la faculté des sciences, la faculté des lettres, la faculté de droit et la faculté de médecine et qui a subsisté jusqu'à la loi du 12 novembre 1968 d'orientation de l'enseignement supérieur."

Ainsi, la dénomination "Université de Paris" laisse, selon la justice, entendre que ce "nouvel établissement est l'unique successeur de l'ancienne université de Paris et, en outre, qu'il est la seule université pluridisciplinaire" de la capitale.

Une année de transition

En 2021, l’Université de Paris se classait cinquième université française au classement du Times Higher Education, derrière trois autres établissements parisiens. Le changement de nom portera-t-il préjudice à sa visibilité ?

Selon toute vraisemblance, la signature "Université de Paris" ne disparaîtra pas dès demain des articles scientifiques, ces derniers étant soumis à comité de lecture plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant leur publication.

L’établissement – qui conservera sa charte graphique 8 le reconnaît cependant, "nous veillerons à informer correctement les organismes de classement durant cette année de transition."

Guillaume Mollaret | Publié le