Revalorisation des salaires des enseignants : Emmanuel Macron annonce entre 100 et 230 euros net en plus par mois

Clément Rocher Publié le
Revalorisation des salaires des enseignants : Emmanuel Macron annonce entre 100 et 230 euros net en plus par mois
Emmanuel Macron lors de son déplacement à Ganges, dans l'Hérault. // ©  capture d'écran BFM TV
En déplacement dans un collège de l’Hérault, à Ganges, Emmanuel Macron a précisé les modalités de la revalorisation des salaires des enseignants, promesse de campagne du président. Si l'enveloppe globale approchera les deux milliards d'euros, les syndicats dénoncent déjà une augmentation en trompe-l'œil qui ne permettra pas de résoudre la crise des vocations pour l'enseignement.

En déplacement dans un collège de Ganges (34), le président de la République, Emmanuel Macron, a présenté son plan pour améliorer la rémunération des enseignants. Les différentes modalités d'augmentations, avec ou sans conditions de missions supplémentaires, dans le cadre du pacte enseignant, laissent les syndicats sur leur faim. Ces derniers alertant à nouveau sur la nécessité d'apporter des réponses musclées aux enjeux d'attractivité et aux difficultés rencontrées par la profession.

850.000 enseignants concernés par les augmentations à partir de septembre 2023

"Il faut mieux reconnaître et mieux payer les professeurs", a reconnu le chef de l'État devant des enseignants et des élèves. Il a ainsi annoncé ainsi une augmentation entre 100 et 230 euros nets en plus par mois pour 850.000 enseignants, qui interviendra à partir de septembre 2023. Près de 1,9 milliard d'euros sera consacré à la revalorisation des salaires des enseignants.

"Cette augmentation, elle sera pour le socle, sans condition aucune, sans faire une heure de plus, sans avoir une tâche supplémentaire ou autre, et à tous les niveaux de la carrière", précise le président. En réponse à la crise de vocation pour l’enseignement, Emmanuel Macron a également annoncé qu’il n’y aura plus de nouvel enseignant qui débutera dans la profession à moins de 2.000 euros nets par mois.

Une indemnité plus qu'une réelle augmentation selon les syndicats

"Ces annonces correspondent bien aux discussions que nous avons pu avoir autour du socle et du pacte. Nous ne sommes pas surpris, affirme Gwénaël Le Paih, secrétaire général adjoint du SNES-FSU. Cette prime va dans le bon sens, mais c’est de l’indemnitaire. Il y a une nécessité d’avoir une véritable augmentation. Nous n’aurons toujours pas les 10% promis au mois de septembre." Le ministère de l'Éducation nationale avait en effet évoqué une revalorisation inconditionnelle de 10% lors des concertations en ce début d'année.

Les professeurs stagiaires bénéficieront, quant à eux, d'une hausse de rémunération de 160 euros nets par mois.

Un pacte enseignant loin de faire l'unanimité

Cette augmentation inconditionnelle peut s’accompagner d’une hausse qui peut atteindre jusqu’à 500 euros par mois pour les enseignants volontaires pour remplir des missions supplémentaires dans le cadre du pacte enseignant. Cette hausse se chiffre à 1.250 euros bruts par an pour une mission complémentaire et 3.750 euros bruts par an pour trois missions complémentaires.

"On fait le pari qu'au moins un tiers des enseignants y adhéreront", précise le chef de l’État. Parmi les missions supplémentaires évoquées, on peut citer le remplacement de courte durée - une priorité pour le gouvernement -, la participation au dispositif "Devoirs faits" ou l'heure de soutien en sixième.

Un enthousiasme loin d'être partagé par la communauté enseignante qui alerte sur une charge de travail déjà conséquente et un déficit inquiétant de candidats pour devenir professeurs. "Le président s’obstine à mettre en avant des sujets qui ne sont pas le cœur des difficultés des personnels aujourd’hui, avance Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, dans un communiqué. Il en est ainsi du remplacement de courte durée, alors que le premier défi est de recruter des personnels pour occuper les postes à l’année et assurer les remplacements longs."

Le SNES-FSU appelle ainsi les professeurs de collège et de lycée à ne pas signer le pacte. "C’est du temps de travail supplémentaire. Ce n’est pas ce qui faire venir les plus jeunes, poursuit Gwénaël Le Paih. Je doute que le pacte connaisse un engouement. Il provoque plutôt un dégoût de la part des collègues. On veut qu’on reconnaisse notre temps de travail, notre responsabilité sociale".

Clément Rocher | Publié le