Revalorisations pour les enseignants-chercheurs : nouvelles primes, nouvelle évaluation

Fabienne Guimont Publié le

Valérie Pécresse a complété ses annonces sur les revalorisations des carrières des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, le 20 octobre 2008. Aux mesures concernant la prise en compte des années de doctorat et de post-doctorat avant le recrutement des maître de conférences (soit 2000 par an) et la création d’une centaine de chaires université-grands organismes, la ministre de l'Enseignement supérieur a détaillé les primes qu'elle compte octroyer aux enseignants-chercheurs et aux chercheurs.  

Des primes récompensant l’investissement scientifique et pédagogique

Deux principes guident les mesures ministérielles : « attirer les meilleurs », « valoriser l’excellence ». Outils de cette logique de différenciation entre les personnels, les primes sont revalorisées. L’ex-prime d’encadrement doctoral et de recherche (PEDR) devient la prime d’excellence scientifique, étendue à tous les enseignants-chercheurs et désormais ouverte aux chercheurs. Les sommes allouées passent d’une fourchette de 3500-6500 euros à 3500-15000 euros par an. L’enveloppe accordée pour les organismes de recherche permettrait d’accorder des primes à 20 % des chercheurs, selon le ministère de l'Enseignement supérieur. Autre exemple, la prime de responsabilité pédagogique passe pour les enseignants-chercheurs d’une fourchette de 500-1500 euros à 3500-15000 euros par an.    

L’évaluation des enseignements  

A cette revalorisation indemnitaire, Valérie Pécresse veut adjoindre une nouvelle façon d’évaluer les enseignants-chercheurs. Traditionnellement évalués sur leurs activités de recherche pour l’avancement de leur carrière, la ministre veut mettre en place une évaluation de leurs activités d’enseignement. Les enseignants-chercheurs remettraient un rapport d’activité tous les quatre ans au CNU (conseil national des universités) dans lequel seront intégrées les évaluations des étudiants sur leurs enseignements.

« Sur cette base, le CNU émettra un avis à l’université qui aura établi une grille de critères pour attribuer les primes et les modulations de services des enseignants-chercheurs. C’est à l’université d’avoir un conseil d’administration stratège et de définir sa politique de primes », explique Valérie Pécresse. Les universités pourront ainsi moduler les 192 heures (équivalents TD) des enseignants-chercheurs entre leurs activités d’enseignement et/ou de recherche, sans contrainte.

L’application de ces mesures demandera encore du temps. Les textes sur le statut des enseignants-chercheurs (1984) et sur l’évaluation des enseignements (1997) devront être profondément modifiés. Un groupe de travail issu de la commission Schwartz doit être constitué afin de recenser les bonnes pratiques en matière d’évaluation des enseignements. Les universités et grands organismes de recherche devraient financer une partie de ces primes sur leurs ressources propres…  

252 millions d’euros  

Le Snesup-FSU applaudit la reconnaissance des années de formation doctorale et post-doctorale comme une revalorisation nécessaire des débuts de carrière des maîtres de conférences. En revanche, il dénonce la politique de primes « mise largement entre les mains des présidents d’université », incitant à « structurer la concurrence entre les collègues » et prône a contrario une revalorisation indiciaire. Sur une possible remise en cause de l’égalité des rémunérations, la ministre répond : « Je ne suis pas dans l’idéologie, je suis pragmatique, car nous sommes dans une bataille mondiale des talents et nous avons des jeunes chercheurs à faire revenir. Nous défendons un plan offensif pour valoriser l’engagement et l’excellence dans l’évaluation et la transparence ».

Ce plan carrière est financé à hauteur de 252 millions d’euros sur trois ans (2009-2011). Ils s’ajoutent aux 759 millions d’euros attribués aux revalorisations des rémunérations décidées au plan national dans la fonction publique.        

Fabienne Guimont | Publié le