REVUE de PRESSE et du WEB : la mode des médiateurs, une lettre des professeurs de Paris 2 à Nicolas Sarkozy, la nomination contestée d'Alain Bauer...

CS Publié le
La rédaction d'Educpros a sélectionné plusieurs articles et billets, publiés ces derniers jours, alors que la mobilisation des universitaires se durcit sans qu'une sortie de crise ne se dessine pour l'instant. Près de 120 enseignants-chercheurs de Paris 2, dont Olivier Beaud, signent une lettre au président de la République contre le décret modifiant leur statut. Du côté des ministères, les médiateurs se multiplient, signes d'une période difficile.   Le directeur adjoint de l'IUFM de Créteil explique l'impossibilité de mettre en place la mastérisation dans les temps impartis par les ministères. La nomination par Valérie Pécresse d'Alain Bauer à la tête d'une chaire de criminologie (CNAM) continue à susciter des réactions.

Près de 120 professeurs de l’université Paris 2 ont signé une lettre au président de la République, publiée en encart publicitaire le 14 février 2009 dans Le Monde, à leurs frais.

Les universitaires, issus d'une des universités d'où est parti le mouvement des universités, redéfinissent - à l'attention de Nicolas Sarkozy - l’indépendance des universitaires. Celle-ci ne constitue non pas un « privilège » mais un principe consacré par le Conseil constitutionnel, garanti par « un conseil national, composé de pairs, et organisé discipline par discipline », responsable du déroulement de la carrière des universitaires.  

« Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche entend désormais le placer entre les mains des présidents d’université et de leur conseil d’administration. C'est confier à un physicien le soin de juger les juristes et inviter un biologiste à évaluer des travaux de littérature médiévale. C’est aussi conférer aux présidents d’université un pouvoir étranger à leurs aptitudes réelles et favoriser le développement d’un localisme qui risque d’exclure les meilleurs », expliquent les professeurs de l’université d’Assas.  

Ces derniers soulignent le paradoxe de l’élaboration d’une "charte de bonnes pratiques" pour les présidents. « Comment mieux reconnaître les vices du statut qu’on veut imposer », interrogent-ils.

(Lire la Lettre d’universitaires de Paris 2 (Panthéon-Assas) sur le blog de Dimitri Houtcieff, professeur à la faculté de droit d’Evry).

« Sarko met ses ministres sous tutelle  », un article publié lundi 16 février 2009 sur le site Bakchich.

Cet article revient sur la multiplication des "médiateurs" en temps de crise, accolés aux ministres, dans tous les domaines. Notamment auprès de Valérie Pécresse, avec la nomination de Claire Bazy-Malaurie.

Mais aussi Richard Descoings, directeur de Sciences-Po Paris, auprès de Xavier Darcos sur la réforme du lycée. Ou encore Martin Hirsch, haut-commissaire cette fois-ci, à la jeunesse.

« Faire enfin preuve de sagesse et de raison  », une tribune de Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil (Paris 12), publié dans La newsletter du Café pédagogique le 17 février 2009.

« La sagesse et la raison imposent de ne pas mettre en œuvre la réforme de la formation des maîtres à la rentrée 2009. », explique, d’entrée de jeu, Jean-Louis Auduc, auteur de plusieurs tribunes et contributions depuis le début de la réforme de la formation des enseignants.

« Il est [...] dans l’intérêt général de ne pas mettre en place une réforme dont les principaux concernés, les étudiants, découvriraient comme leurs formateurs, les règles du jeu quelques mois avant les premières épreuves du concours », écrit-il.  

« Laisser croire à des étudiants qu’ils pourraient en 2009-2010, préparer en quelques mois les nouvelles épreuves du concours dont la passation est prévue à la fin du premier semestre, suivre les cours et rédiger un mémoire pour obtenir un master 2, participer à des stages en établissements scolaires, obtenir, par exemple pour présenter le concours de professeur des écoles, les pré-requis nécessaires en langues, EPS et en informatique, et…pour les étudiants de milieux modestes, exercer en plus comme assistants d’éducation,…est une profonde mystification ! », détaille le responsable.

Il dénonce enfin violemment la position assumée par l'AERES. « Le report du dépôt au 31 mars 2009 fait preuve d’une totale irresponsabilité. Est-ce que cela veut dire qu’on inscrirait les étudiants dans les universités et qu’on commencerait des formations à des concours nationaux et à des masters sans que ces formations aient été réglementairement validées par les ministères concernés ! »

« Big Bauer is watching you (un criminologue bien en chaire)  », un billet publié sur le blog du Monde « Bugbrother », lundi 16 février 2009.

Le journaliste Jean-Marc Manach revient sur la nomination du « plus influent des théoriciens français de l’insécurité, et des politiques & technologies censées nous en protéger », Alain Bauer, à la tête d’une nouvelle chaire de criminologie au CNAM.  

Il prolonge le débat, ouvert dans le Monde quelques jours plus tôt avec deux tribunes. Celle de trois enseignants-chercheurs, qui dénonçaient la venue de ce titulaire souffrant selon eux d’un « fort déficit de légitimité ».  

L'autre tribune, écrite par l’intéressé lui-même, soulignait le « côté excessif des attaques personnelles ». « Le sort de la criminologie m’apparaît beaucoup trop important pour que le processus lancé soit interrompu par une campagne basée sur des motifs plus militants et politiques que scientifiques », expliquait-t-il.  

Jean-Marc Manach estime, lui, que « Faute de trouver suffisamment d’universitaires capables de justifier la politique sécuritaire du gouvernement, il suffit donc de créer une chaire, pour la valider. C’est aussi à ce genre de confusion des genres entre ce qui relève du politique et du scientifique que l’on reconnaît les prémices d’une "police de la pensée" [en référence à 1984 de George Orwell] ».

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