Royaume-Uni : les frais de scolarité augmentent, les inscriptions aussi

Virginie Bertereau Publié le
Royaume-Uni : les frais de scolarité augmentent, les inscriptions aussi
Sally Goodman, directrice du programme éducation et société au British Council // ©  S. Lenormand
Trois ans après sa mise en application, la loi sur l’augmentation des droits universitaires fait toujours des vagues en Angleterre. Pourtant, le Royaume-Uni reste l’un des pays qui attirent le plus d’étudiants au monde. Sally Goodman, directrice du programme Éducation et Société au British Council, analyse ce paradoxe, en amont d'un séminaire de l'université de Londres à Paris le 20 février 2015.

Depuis 2012, les universités du Royaume-Uni peuvent librement fixer leurs frais de scolarité au niveau licence, sans toutefois dépasser un plafond de 9.000 £ (12.100 €) pour les étudiants britanniques et européens. Trois ans après la mise en place de cette réforme, comment les inscriptions ont-elles évolué ?

Les programmes de l'enseignement supérieur britannique sont toujours très demandés. Les derniers chiffres de UCAS (l'équivalent d'Admission-postbac), au 15 janvier 2015, montrent qu'un nombre record d'étudiants européens, Britanniques compris, (592.290) ont fait une demande pour une place au niveau licence pour la rentrée 2015. Cela correspond à une augmentation globale de 2%. Les demandes d'inscription des Britanniques ont augmenté de 1%, celles des Français de 13%. On constate une augmentation similaire des étudiants des autres pays d'Europe (+ 7% en moyenne dans l'Union européenne), un peu moins élevée au niveau international (+ 3% hors UE).

L'enseignement supérieur est désormais beaucoup plus considéré comme une "marchandise".


Au point de vue des admissions (hors Erasmus) 2013-2014, le nombre d'étudiants européens de niveaux licence ou master qui se voient proposer une place dans une institution britannique (et l'acceptent) est légèrement en baisse de 1% par rapport à l'année précédente. Mais on constate une augmentation de 2% dans les institutions d'enseignement supérieur du Pays de Galles, et 6% dans celles d'Écosse [dont le parlement régional prend en charge les frais d'inscription des étudiants européens en licence, ndlr].

La réforme a-t-elle eu des répercussions sur les formations elles-mêmes ?

L'enseignement supérieur est désormais beaucoup plus considéré comme une "marchandise". Par conséquent, les étudiants se sentent plus en mesure d'exiger une formation de qualité. Une attention particulière est portée sur certaines thématiques comme le taux d'insertion professionnelle des diplômés issus de chaque formation. Les campus universitaires britanniques restent des foyers multiculturels attractifs. Près de 18% des étudiants et 25% du personnel académique sont désormais étrangers.

Des manifestations d'étudiants contre ces frais d'inscription élevés ont encore eu lieu en novembre 2014. Un retour en arrière ou un ajustement est-il envisagé par le gouvernement ?

Des élections législatives se dérouleront au Royaume-Uni en mai 2015. Il est donc peu probable que des changements interviennent avant. La thématique de l'enseignement supérieur, y compris le financement des études, est l'un des sujets de débat entre les leaders des principaux partis politiques à l'approche de ces élections [le parti travailliste propose notamment de plafonner les frais d'inscription à 6.000 £ l'année, ndlr].

Le British Council
Le British Council est une agence britannique chargée d'établir des échanges éducatifs et des relations culturelles entre le Royaume-Uni et une centaine d'autres pays. Institution non-gouvernementale, il a notamment pour missions d'informer sur l'éducation en Angleterre et de promouvoir l'apprentissage de l'anglais. En France, le British Council possède des bureaux à Lyon, Marseille et Paris.
Un séminaire sur l'internationalisation de l'enseignement supérieur
L'université de Londres à Paris organise le 20 février dans les locaux du British Council un séminaire pour les professionnels de l'enseignement supérieur sur le thème "Worlds apart ? Internationalisation of higher education in the Anglophone and Francophone worlds".
Virginie Bertereau | Publié le