"Aujourd’hui, le bas du CV devient le haut du CV. D’où la nécessité d’encourager, de sensibiliser et de mesurer l’engagement des jeunes pour que chacun puisse exprimer son potentiel", assure Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Mis en place en 2010, le service civique a d’ores et déjà attiré 360.000 volontaires.
Si les premiers concernés sont majoritairement convaincus par cette expérience, les entreprises semblent plus réticentes. "Il y a un paradoxe pour les entreprises entre la notoriété du service civique et leur passage à l’acte pour recruter des volontaires", estime Béatrice Angrand, présidente de l’agence du service civique.
Soutenue par le ministère, la charte de l’engagement doit donc permettre de démocratiser cette expérience et surtout de la valoriser aux yeux des recruteurs.
11 entreprises "modèles"
Elles étaient cinq en 2018, elles sont désormais 11 cette année. "On aimerait atteindre 50 en 2022", précise Béatrice Angrand. Ces grandes entreprises ont toutes un point commun : elles s’engagent auprès de l’agence du service civique à promouvoir et valoriser l’action des volontaires.
Parmi elles, le groupe Adecco France, l’ANCV (Agence nationale pour les chèques-vacances), l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines), le groupe Casino, Deloitte, La Poste, la Macif, Microsoft France, Pôle emploi, Schneider electric et le groupe UP.
"Aujourd’hui, on recrute de plus en plus sur la base des qualités humaines, telles que les capacités à travailler en groupe, à s’intégrer dans un collectif et à s’adapter. Or, ces jeunes sont des mines de compétences", remarque Yves Desjacques, DRH du groupe La Poste. À Pôle emploi, sur les 5.000 volontaires, 75 % d’entre eux ont une sortie positive (reprise d’études ou emploi) et 88 % estiment qu’il s’agit d’une bonne expérience. Le DRH espère recruter davantage l'année prochaine.
"Le service civique est un vrai plus, mais il faut apprendre à travailler collectivement pour mieux le valoriser", reconnait Matthieu Riché, directeur RSE (responsabilité sociale des entreprises) du groupe Casino.
Un référentiel de compétences en projet
C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la charte qui doit faire figure de feuille de route jusqu’en 2020. En plus de promouvoir le service civique comme un atout professionnel auprès de leurs salariés, de participer aux campagnes de communication, de faire évoluer les stéréotypes et de mutualiser leurs expériences, les entreprises signataires devront travailler ensemble à la mise en place d’un référentiel de compétences sociales et comportementales acquises par les volontaires.
"Il y a un manque de communication, les compétences ne sont pas concrètement indiquées. L’objectif est donc de créer des passerelles entre le service civique et l’emploi", détaille Béatrice Angrand. Ce référentiel, approuvé par Gabriel Attal, devrait permettre aux volontaires d’assumer davantage leur service civique en identifiant clairement leurs compétences. Dans la foulée, les entreprises aimeraient aussi rassembler des statistiques sur le recrutement des volontaires. "Ainsi, nous connaîtrions le nombre de jeunes engagés, puis embauchés", explique Matthieu Riché.
Ce référentiel pourrait être prêt d’ici avril 2020, à l’occasion des dix ans du service civique.