Skema, première école française à s’implanter sur un campus aux Etats-Unis

Jessica Gourdon Publié le
Skema, première école française à s’implanter sur un campus aux Etats-Unis
Audencia - Etats-Unis // © 
Skema a ouvert en janvier 2011 des locaux au sein du campus de la North Carolina State University, sur la cote est des Etats-Unis. L'école de commerce implantée à Nice, Lille, Paris y accueille 200 de ses étudiants. Reportage sur place.

Neuf mois : c’est le temps qui s’est écoulé entre le début des discussions entre Skema et la North Carolina State University (NCSU) et l’ouverture des locaux de l’école aux Etats-Unis, en janvier 2011. Une installation rapide, qui permet à cet établissement issu de la fusion de l’ESC Lille et du Ceram de ravir le titre de première école de management française à s’implanter sur un campus outre-atlantique. En l’espèce, celui d’une université publique pluridisciplinaire de 35 000 étudiants basée à Raleigh, réputée pour son département d’ingénierie.

Des locaux de 2 000 m2

Il faut dire que le projet de Skema tombait à point. NCSU, en pleine expansion, souhaitait justement attirer des partenaires sur son nouveau site, le Centennial campus . Skema y loue donc des locaux de 2 000 m2 construits par un promoteur selon un mécanisme similaire aux PPP (partenariats publics privés). Un espace neuf en rez-de-chaussée d’un bâtiment de briques rouges, aménagé par Skema à l’américaine : espaces modulables mi-travail mi-détente, fauteuils design, salles de visio-conférences, tableaux interactifs…  Surtout, les étudiants peuvent accéder à toutes les infrastructures de l’université, à commencer par une bibliothèque de 9 étages ouverte 24h/24, un vaste complexe sportif , et diverses associations.

Contrairement à certaines écoles qui créent des campus "off-shore" pour former des étudiants locaux (Centrale à Pékin , Euromed à Marrakech …) ou pour y délivrer de la formation continue (l’Edhec à Singapour et Londres, HEC au Qatar) Skema souhaite faire venir aux Etats-Unis ses propres étudiants. A l’image du campus qu’elle a ouvert en 2009 à Suzhou, en Chine. Une première promotion de 200 élèves est arrivée en janvier à Raleigh, pour une durée d’un ou deux semestres, et l’école compte en recevoir jusqu’à 300. « Cela fait de nous le premier contingent d’étudiants Français aux Etats-Unis », remarque Alice Guilhon , la directrice de Skema. Le concept est en tout cas très bien compris par leur partenaire, alors que plusieurs universités américaines ont ouvert des campus pour leurs propres étudiants à Paris.

Entre 200 et 300 étudiants chaque semestre

Skema compte bien faire de ce campus un avantage concurrentiel. « Beaucoup d'étudiants rêvent d’aller aux Etats-Unis. Or, les écoles françaises ne peuvent envoyer là-bas qu’une toute petite poignée de leurs élèves. Les accords fonctionnent sur la base d’échanges, et les jeunes Américains sont peu mobiles. Et puis, les frais de scolarité américains sont très élevés, si bien qu’on doit souvent accueillir 3 Américains pour envoyer 1 Français », explique Regis Brandinelli, directeur adjoint de Skema.

Toutefois, pour les étudiants, cette expérience est bien différente d’un échange universitaire de type Erasmus. En effet, les 200 élèves présents depuis janvier suivent des cours ensemble, dans les locaux de Skema, par des professeurs de l’école qui font le déplacement aux Etats-Unis pour de courtes périodes. Ils sont logés dans des locaux pré-loués par Skema. Forcément, l’immersion est moins complète que lorsque l'étudiant se retrouve en classe avec des « locaux », même si les cours sont en anglais. Skema répond qu’elle offre toujours la possibilité de partir en échange universitaire, et que les deux options sont cumulables.

Un cadre "rassurant"

C’est d’ailleurs ce qu’a fait Thomas, arrivé sur le campus américain de Skema en janvier après un semestre dans une université californienne : « ce sont deux expériences très différentes. Ce qui m’intéressait à Raleigh c’était de poursuivre un programme de cours pointus, avec la pédagogie Skema, construits sur la base de connaissances communes. Le risque, en échange, c’est de picorer divers cours à la carte pas vraiment choisis, sans qu’il y ait de cohérence globale. » Claire, 21 ans, avance d’autres arguments : « Moi qui n’étais jamais partie à l’étranger, c’est un cadre très rassurant. Je n’ai pas à me préoccuper du logement ou des visas, et l'environnement est familier ».

Les passerelles entre Skema et NCSU sont encore en construction. Déjà, depuis janvier, les « Skemas » suivent un cours semestriel avec des étudiants de la business school de l’université , dans le cadre duquel ils mènent des projets associatifs communs. Ils ont également suivi deux semaines de cours avec des professeurs américains. « Petit à petit, nous allons ouvrir notre catalogue de cours aux étudiants français et faire intervenir à Skema nos professeurs », prévoit Ira Weiss , le directeur de la business school de NCSU. « Nous aimerions aussi que nos étudiants prennent des cours à Skema, à Raleigh mais aussi en France et en Chine. » Les deux écoles planchent aussi sur l’ouverture, en 2012, d’un bachelor (école post-bac) double-diplômant, qui comportera deux années en France, et deux aux Etats-Unis. 

Skema US, combien ça coûte ?
> Aménagement des locaux + budget de démarrage : 2 M€
> Fonctionnement  : 400 000 € / an
> Nombre de permanents à Raleigh :  4
> Location des bâtiments : 300 000 € / an
> Participation des étudiants : frais de scolarité Skema (10 000 €/an). Supplément de 1500 € pour 1 semestre à Raleigh

Budget total Skema 2011 : 50 M€

Jessica Gourdon | Publié le