Sondage exclusif : La réforme de Nicolas Sarkozy sur l'université ne convainc pas les Français

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Sondage exclusif : La réforme de Nicolas Sarkozy sur l'université ne convainc pas les Français
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Que pensent les Français de leurs universités ? A l'occasion du salon de L'Etudiant de Paris (du 9 au 11 mars 2012), voici en exclusivité les résultats du premier baromètre EducPros Campus communication Ipsos sur l'université en pleine campagne présidentielle. Si les Français interrogés restent massivement attachés à cette institution, croyant à son excellence, les réformes lancées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy n'ont, à leurs yeux, pas porté leurs fruits. Décryptage des résultats de ce sondage à la veille du lancement d'une campagne de communication sur l'université par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le message n'est pas passé. La réforme de l'université, présentée comme la réforme phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy, peine à convaincre les Français, selon le premier baromètre EducPros Campus communication Ipsos, réalisé en février 2012, à deux mois des élections présidentielles.

Une opinion négative sur l'insertion professionnelle après l'université

Parmi les chantiers prioritaires de Valérie Pécresse , alors ministre de l'Enseignement supérieur, l'insertion professionnelle à la sortie de l'université, inscrite dans les missions de l'institution depuis la loi LRU, reste perçue négativement par l'écrasante majorité du panel interrogé. 72% des sondés estiment ainsi qu'on ne trouve pas facilement un emploi après un diplôme universitaire de niveau master. Et ce malgré la très forte communication gouvernementale autour de l'enquête "insertion" des diplômés des universités (90% des diplômés en emploi à 30 mois du diplôme).

Echec également à emporter l'adhésion sur l'amélioration de la réussite en premier cycle, promise par le plan Licence. Seuls 40% des Français interrogés pensent qu'on réussit mieux qu'avant en premier cycle, contre 44% qui se prononcent dans le sens l'inverse.

Cependant, sur l'insertion professionnelle comme sur la réussite en licence, les 15-24 ans ont une opinion plus positive que la moyenne des Français

Enfin, le point névralgique du discours gouvernemental : investir massivement dans les universités pour rattraper le retard français, est peu reconnu par les citoyens, puisque 58% des sondés considèrent que le budget des universités n'a pas assez augmenté ces dernières années.

Le modèle universitaire français plébiscité

62% des sondés estiment qu'il existe des formations universitaires capables de rivaliser avec les grandes écoles

Les Français interrogés restent néanmoins massivement attachés au modèle universitaire français, ouvert à tous, avec de faibles droits de scolarité. Ils sont opposés à l'instauration d'une sélection à l'entrée (64%), et jugent que l'augmentation des frais d'inscription n'aurait pas d'impact sur la qualité des enseignements. Allant ainsi à l'encontre de la proposition récente du think tank Terra Nova de tripler les droits d'inscription en licence, ou encore de la volonté de Louis Vogel , président de la CPU (conférence des présidents d'université), d'instaurer des droits progressifs.

Les sondés croient également en l'excellence de l'université française, dans la droite ligne cette fois-ci du discours ministériel actuel . Si 62% des citoyens interrogés estiment qu'il existe des formations universitaires capables de rivaliser avec les grandes écoles, la moitié d'entre eux situe les universités françaises dans la cour des meilleures universités internationales.

strong>Lire les résultats du premier baromètre EducPros Campus communication Ipsos sur l'université

Méthodologie du sondage

- Pour cette étude, 1.008 individus, âgés de 15 ans et plus, résidant en France métropolitaine, ont été interrogés par téléphone
- Cette population a été sélectionnée selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage) ; doublée de la stratification Région / catégorie d’agglomération
- Date de recueil des informations : du vendredi 17 au samedi 18 février 2012

Manuel Canevet , directeur associé de l'agence Campus communication : « Il reste du chemin à parcourir pour mettre en adéquation l’image des universités et leur réalité »

Pourquoi réaliser un tel baromètre d'image sur l'université ?
Le contexte est propice. La réforme sur l’université, avec la LRU, est présentée comme une réforme phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Et, il est vrai que les universités ont connu de véritables mutations ces dernières années. Ces établissements le vivent au quotidien mais comment le grand public perçoit ces évolutions ? Quelles sont leurs répercussions en termes d’image ? C’est ce que nous avons voulu savoir.

Quel est le principal enseignement de ce sondage ?
Il existe une vraie distorsion entre la réalité des universités et la perception qu’en ont les Français, comme l’illustre la question de l’insertion professionnelle. Malgré les bons scores des masters universitaires, les sondés ont toujours l’impression que ces diplômes ne facilitent pas assez l’entrée sur le marché du travail. Même constat sur les moyens accordés aux universités ces cinq dernières années. L’investissement de l’Etat n’a pas été perçu. Le message n’est pas passé. Le baromètre permet ainsi de mesurer le chemin qu’il reste à parcourir pour ces établissements pour faire valoir leurs points forts et mettre en adéquation leur image et la réalité !

Qu'est-ce qui vous a surpris dans ces résultats ?
Sur les débats de société comme la sélection ou les droits d’inscription, les français n’ont pas bougé. En revanche, leur perception évolue sur la dualité du système français. La primauté accordée aux grandes écoles n’est plus de mise. Certaines filières universitaires peuvent concurrencer les grandes écoles, selon les sondés. Les universités redorent leur blason sur ce point. Le baromètre a vocation à être pérennisé et pourra ainsi montrer les évolutions de l’image des universités à travers les années. 

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier
 

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