Steven Da Cruz (PDE) : "La réussite à l'université passe par un meilleur encadrement"

Propos recueillis par Emmanuel Vaillant Publié le
Steven Da Cruz (PDE) : "La réussite à l'université passe par un meilleur encadrement"
Steven Da Cruz (PDE) // © 
Président de PDE (Promotion et Défense des Etudiants), la troisième organisation étudiante représentative avec deux élus au CNESER et un élu au CNOUS, Steven Da Cruz juge l’action sur l’action du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, avec quelques attentes fortes sur les sujets vie étudiante et réussite en premier cycle. Cinquième et dernier volet de notre tour d’horizon des organisations étudiantes à l’approche des élections aux CROUS de novembre.

Vous avez rencontré la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche depuis sa prise de fonction. Que lui avez-vous dit ?

D’abord qu’elle ne fasse pas de promesses intenables comme ce fût le cas du précédent gouvernement avec les plans Campus, les investissements d’avenir… Et qu’elle prenne des positions pragmatiques avec une vision à court, moyen et long terme et un plan clair à un an, trois ans et cinq ans. Pour cela, les Assises de l’Enseignement supérieur nous semblent être une bonne chose.


Quelles sont justement vos attentes pour ces Assises ?


Nous souhaitons tout simplement que ces Assises soient respectées c'est-à-dire que les contributions soient réellement entendues et amènent à des décisions. Or, ce qu’on entend aujourd’hui c’est que ces Assises sont un écran de fumée, que les décisions sont déjà prises, les positions déjà arbitrées !


Quelles sont pour vous les priorités en matière de conditions de vie étudiantes ?

C’est d’abord le logement étudiant. Sur ce sujet, nous regrettons que rien ne soit mis en place depuis le non renouvellement du dispositif Passeport logement pour aider les étudiants à payer leur caution à l’entrée dans un logement privé. Nous demandons une généralisation du cautionnement solidaire par l’Etat dont la gestion reviendrait aux CROUS.

"Nous voulons une véritable remise à plat des aides étudiantes qui profite aux classes moyennes"

Pour les aides sociales, nous voulons une véritable remise à plat qui profite notamment aux étudiants des classes moyennes, « trop pauvres » pour financer leurs études, « trop riches » pour bénéficier de bourses suffisantes. Nous demandons notamment la linéarisation par le haut du système de bourses afin de supprimer les effets de seuil. Cette mesure serait peu coûteuse : environ 80 millions d’euros. Nous proposons aussi la généralisation de l’aide complémentaire santé pour tous les étudiants qui en font la demande.

 
Vous demandez à ce que la réussite des étudiantes soit une priorité du ministère. Que proposez-vous qui n’ait pas déjà été engagé ?

Le plan Réussite en licence a été une bonne chose. Le problème c’est l’affectation des fonds – 730 millions d’euros – dans chaque établissement. Nous demandons un fléchage pour savoir si l’argent est bien utilisé à la réussite des étudiants, pas seulement en licence mais aussi en première année d'études de santé. Il faudrait aussi un meilleur encadrement pédagogique. Sur la première année de licence, davantage d’enseignements devraient être confiés à de profs agrégés (les PRAG) qui sont dédiés à la pédagogie.

Autre exemple : pour une réelle orientation active, nous proposons qu’à la rentrée, chaque université mette en place une semaine pédagogique de découverte qui permette aux étudiants d’assister à des cours d’initiation dans différentes disciplines. Et pour les étudiants des bacs technologiques qui n’ont pas toujours le bagage suffisant pour réussir en licence, nous souhaitons qu’ils soient assurés d’obtenir une place en BTS. Enfin, contre l’échec en licence, - 20 % en sciences et techniques et 60 % en lettres et sciences humaines –, la réponse doit être spécifique à chaque filière, en créant des parcours plus encadrés. Des bonnes pratiques existent mais elles ne sont pas généralisées.


PDE est la troisième organisation étudiante représentative, et pourtant vous êtes assez peu connus, intervenant rarement dans les médias. Comment l’expliquez-vous ?

C’est notre mode de fonctionnement qui veut ça. Nous avons été créés en 1994 pour regrouper des associations de filières. Nous mettons en avant ces associations qui représentent les étudiants en psychologie, en droit-gestion, en sciences naturelles, en architecture et les élèves ingénieurs. La représentation est faite par les filières elles-mêmes. Nous apportons juste des outils. Il n’y a pas d’élu PDE en tant que tel. Nous ne sommes pas un syndicat. Nous sommes là par les étudiants, pour les étudiants, la seule organisation étudiante qui n’est constituée que de bénévoles, vraiment indépendante politiquement. Vous ne verrez jamais un ancien de PDE finir dans la politique…


Propos recueillis par Emmanuel Vaillant | Publié le