Stratégie 2025 : l'ESPCI Paris mise sur l'ouverture sociale

Clément Rocher Publié le
Stratégie 2025 : l'ESPCI Paris mise sur l'ouverture sociale
L'ESPCI veut dupliquer son modèle de formation et de recherche sur d'autres implantations // ©  William Parra
Etablissement-composante de l'université PSL (Paris Sciences & Lettres), l'ESPCI Paris s’est engagée dans une nouvelle stratégie de développement à l'horizon 2025. L'école d'ingénieurs cherche notamment à renforcer son ouverture sociale mais aussi à dupliquer son modèle en région pour accroître sa visibilité.

Pour faire face aux évolutions de l’enseignement et de la recherche, l'école d'ingénieurs ESPCI (École supérieure de physique et de chimie industrielles) Paris, membre fondateur de l'Université Paris Sciences & Lettres, se donne pour objectif de rassembler sa communauté autour des enjeux d'ouverture sociale et de science au service de la société.

Cette stratégie de développement se décline autour de deux grandes ambitions. La première consiste à mettre l'école et la science au service de la société. L'établissement souhaite préparer les ingénieurs à relever les défis scientifiques et technologiques de demain et contribuer aux enjeux de la transition écologique dans ses missions de recherche.

Accroître la diversité du recrutement

L’ESPCI se fixe aussi pour ambition d'augmenter la diversité parmi ses effectifs. L'école se caractérise en effet par une ouverture sociale encore insuffisante au niveau des recrutements. L’école accueille en moyenne 27% d’étudiants boursiers depuis 2015, notamment en raison d’un recrutement de plus en plus centré sur les classes préparatoires parisiennes. Le directeur Vincent Croquette partage la volonté d'augmenter la part des élèves boursiers et renforcer les dispositifs d'accompagnement déjà existants. Une réflexion commence à se mettre en place à l'échelle du concours (évolution des barèmes, des épreuves) pour augmenter cette diversité.

L'école d'ingénieurs envisage également la création d'une nouvelle voie de recrutement pour renforcer l’ouverture sociale. "L'école offre des places aux admis sur titre mais nous voudrions élargir ce recrutement et ouvrir une filière qui se base essentiellement sur l'aspect expérimental et pratique. Cette nouvelle voie d'accès va nous amener des compétences différentes même si l'idée est d'avoir des candidats de même niveau que les admis sur titre", explique le directeur.

L'école veut élargir le recrutement des admis sur titre et ouvrir une filière qui se base essentiellement sur l'aspect expérimental et pratique.

Pour être admis, un candidat pourrait présenter un projet expérimental personnel et démontrer sa motivation scientifique. Le jury sera particulièrement attentif à l'investissement du candidat dans son projet ainsi qu'à la partie conception. Beaucoup de points restent encore à préciser sur cette nouvelle voie d'accès.

Autre levier de diversité, l'école d'ingénieurs souhaite investir davantage dans le recrutement par le biais du cycle pluridisciplinaire d'études supérieures (CPES), une formation sélective et exigeante créée à l'initiative de l'Université Paris Sciences & Lettres et en partenariat avec le lycée Henri-IV. Vincent Croquette voit en cette formation une excellente alternative à la classe préparatoire. "Nous voulons bénéficier davantage de cette diversité qui accompagne le CPES. La formation est plébiscitée au niveau de ses résultats et nous voulons accompagner et amplifier cette réussite. Cette année, un certain nombre d'enseignants de l'ESPCI peuvent participer aux cours", poursuit le directeur de l'ESPCI.

Un partenariat possible avec Aix-Marseille Université

Si l'école n'est pas en capacité de s'agrandir de manière significative, l'école d'ingénieurs souhaite dupliquer sur le territoire son modèle, basé sur la pluridisciplinarité et la recherche, dans le but de renforcer son rayonnement. Cela demande notamment que la formation soit adossée à des laboratoires de recherche.

Des discussions sont notamment engagées avec Aix-Marseille Université en faveur de la création d'un ESPCI Marseille. "Nous allons voir comment les négociations vont évoluer dans le temps. La ville de Marseille dispose d'un certain nombre de laboratoires de recherche de premier plan. L'idée c'est de partir de ce qui existe déjà", confirme le directeur.

PSL, un tremplin pour l'international

L'école d'ingénieurs bénéficie de la solide réputation acquise par l'université PSL à l'international. L'ESPCI souhaite ainsi renforcer sa position de centre de recherche de niveau mondial en physique-chimie-biologie. "Le regroupement et la complémentarité de PSL fait que l'université est apparue dans les classements internationaux à des places respectables. Ces classements qui nous placent dans le top 50 simplifient grandement nos échanges avec l’international. Nos chercheurs sont en contact avec les gens du MIT, de Stanford et d'autres grandes universités."

L'université offre un environnement privilégié pour développer les coopérations avec les autres composantes de l'université. "PSL est une opportunité de construire avec nos voisins, qui ont des formations complémentaires, cette université de demain, mais aussi d'élargir la panoplie des possibles", soutient Vincent Croquette.


Le campus parisien en cours de rénovation

Le grand chantier se poursuit sur le campus de l'établissement. Cinq ans de travaux sont prévus avec un coût initial estimé à 176 millions d’euros, financés à plus de 80% par leur tutelle, la ville de Paris. "Nous allons avoir une école complètement rénovée sur le territoire parisien. C'est un projet majeur pour la ville de Paris."

Mais certains projets ont été remis en question au cours de l'année à la suite de l’élévation des coûts (45 millions d'euros supplémentaires). "La ville de Paris évalue la manière dont elle va faire la phase 2. Le périmètre des travaux sera un peu restreint. L’université Paris-Dauphine a rencontré exactement les mêmes problèmes." Étudiants et chercheurs pourront néanmoins profiter du nouveau centre de recherche à la fin de l'année 2022.

Clément Rocher | Publié le