Suppression de postes dans le secondaire : la mobilisation s'installe

Reportage de Virginie Bertereau Publié le
Suppression de postes dans le secondaire : la mobilisation s'installe
© Virginie Bertereau // © 
La manifestation du 8 avril 2008 a rassemblé entre 8500 et 20000 personnes. Xavier Darcos a rencontré les représentants du SE-UNSA le 9 avril. Il verra ceux de la FIDL, de l’UNL et de la FSU le 10 avril, jour de la prochaine manifestation. L’UNEF appelle également à manifester cette fois. Cette mobilisation contre les suppressions de postes dans le secondaire dure maintenant depuis près d’un mois.   

Non. C’est non. Les lycéens et les professeurs ne sont pas décidés à arrêter leur mouvement. Les mots d’ordre des manifestations sont toujours l’opposition à la réforme du bac professionnel qui doit passer de quatre à trois ans et les 11 200 suppressions de postes d’enseignants prévues pour la rentrée 2008. Même au bout d’un mois de mobilisation… Le ministre, Xavier Darcos, ne veut pas céder. Eux non plus. Résultat : ils étaient entre 8.500 (selon la police) et 20.000 (selon les organisateurs) à défiler à nouveau mardi 8 avril à Paris à l’appel des organisations lycéennes, l’UNL (Union nationale lycéenne) et la FIDL (Fédération indépendante et démocratique lycéenne ) et du SNES-FSU (Syndicat national des enseignements de second degré). Le SGEN-CFDT vient de rallier le mouvement en dénonçant « Les conséquences désastreuses du mauvais budget 2008 pour l’Éducation nationale ».

"On veut se faire entendre"

« Il y a beaucoup plus d’ambiance que dans les autres manifs. On est de plus en plus motivé. On veut se faire entendre », assurent Fanny et Cécile, deux élèves du lycée François Truffaut de Bondoufle (91). « On continue, on lutte et on espère qu’on sera toujours aussi mobilisé malgré les vacances de Pâques, dans deux semaines. Aujourd’hui, on bloque le lycée le matin, mais de façon intelligente : on laisse passer ceux qui veulent étudier. Mais on est plus organisé car on arrive à mobiliser plus de monde pour les manifs », témoigne, Nolwenn, en terminale ES dans le même établissement. Et pour les cours ? « Les profs sont indulgents… Certains nous donnent des photocopies. Sinon, les élèves qui restent au lycée nous les fournissent », confie-t-elle.

Henri-IV en renfort

Aujourd’hui, le mouvement a dépassé les frontières de la banlieue parisienne. Pour preuve, cette « délégation » d’une vingtaine d’élèves du lycée parisien Henri-IV qui manifeste par « solidarité ». « Jusqu’à présent, je n’ai pas participé aux manifs », avoue David, en première. Mais le mouvement prend de l’ampleur et on ne peut pas rester dans notre cocon ». Ses acolytes, Célio et Ulysse, précisent : « Henri-IV n’est pas vraiment affecté. Chez nous, « seules » deux suppressions de postes sont prévues… On est là en soutien ».  

Chansons et chorégraphies

Plus nombreux, les lycéens sont surtout mieux organisés. Aux tambourins de début de mouvement se sont ajoutées de puissantes sonos. Les chansons entonnées à pleins poumons et les chorégraphies sont plus « fouillées ». Si les revendications des lycéens n’étaient pas aussi sérieuses, on pourrait penser qu’ils sont tous là pour faire la fête. Tous ? Non. En tête du cortège, quelques incontrôlables cassent l’ambiance et les pieds des forces de l’ordre en leur lançant des projectiles. Au moins une douzaine de personnes ont été interpellées. De même lundi et mardi, dans la matinée, des incidents s’étaient produits en Seine-Saint-Denis et à Créteil (jets de pierre, vols, violences sur les personnels…). De quoi décrédibiliser (bêtement) le mouvement…

Les profs appelés à pétitionner
Le site Planète enseignant a mis en ligne une pétition contre les 8830 suppressions de postes dans les lycées publics annoncés pour la rentrée 2008. Cette lettre ouverte à Xavier Darcos dénonce une « logique comptable » aux « conséquences désastreuses ». Le texte estime que ces suppressions de postes « contribuent à déstabiliser l’institution scolaire » et « sont contradictoires avec les objectifs d'éducation fixés par la Nation ». Lancée le 2 avril 2008, la pétition totalisait 130 signatures en une semaine.

Reportage de Virginie Bertereau | Publié le