Taxe d’apprentissage : le Conseil des ministres se prononce, les grandes écoles s’inquiètent

Céline Authemayou Publié le
Lancée à la rentrée par le ministère du Travail, la concertation sur le financement de la taxe d’apprentissage a franchi une nouvelle étape : le 13 novembre 2013, le Conseil des ministres a présenté le projet de loi de finances rectificative. Si le texte conserve le principe de la libre affectation d’une partie de la taxe (le "barème"), il précise que ce fléchage sera encadré. Les régions verront quant à elles leur rôle renforcé dans la répartition du budget. Des mesures qui inquiètent la Conférence des grandes écoles (CGE).

Objectif : 500.000 apprentis en 2017. Après plusieurs semaines de concertation, le Conseil des ministres a présenté le 13 novembre 2013 le projet de loi de finances rectificative. Le texte liste plusieurs points qui devraient venir modifier le financement actuel de la taxe d'apprentissage. Le jour même de l'adoption du projet de loi, la CGE (Conférence des grandes écoles) publiait une tribune pour rappeler son inquiétude et constater que "ses préoccupations exprimées au cours de la concertation pilotée par le ministère du Travail [avaient] été peu prises en compte".

Les régions dotées d'un budget

Premier point du texte de loi : la fusion de la taxe d'apprentissage et de la contribution au développement de l'apprentissage (CDA, créée en 2005). Ce prélèvement unique représentera désormais 0,68% de la masse salariale contre 0,5% actuellement. C'était l'une des recommandations émises par le sénateur François Patriat dans son rapport d'information, publié en mars dernier.

Autre point évoqué par le parlementaire, qui ressort dans le projet de loi : une fraction de la taxe sera désormais fléchée vers les régions. Ces dernières auront à charge de construire "leur politique d'apprentissage".
Une proposition qui fait réagir la CGE, inquiète des risques de disparités régionales. "Les régions pourront avoir la tentation de favoriser des formations pouvant soutenir des filières régionales et de privilégier dans leurs arbitrages les premiers niveaux de qualification, ceci au détriment des formations du supérieur à vocation nationale ou internationale", argumente la Conférence.

Le barème conservé, mais...

Le projet de loi précise également que les centres de formations des apprentis (CFA) recevront, en plus de la part du "quota" le produit de la contribution supplémentaire à l'apprentissage (CSA). Jusqu'à présent, cette somme était affectée au Financement national du développement et de la modernisation de l'apprentissage (FNDMA) créé en 2011.

Enfin, le barème, cette part de la taxe d'apprentissage qui peut être librement affectée par les entreprises vers les établissements d'enseignement supérieur est conservée. Mais le texte de loi précise que cette part "sera encadrée afin que les financements bénéficient à des formations à la qualité éprouvée". Une formulation sibylline qui ne rassure pas la CGE. "C'est près de 6% du budget consolidé des grandes écoles qui est menacé, ceci dans un contexte déjà tendu pour le financement public des établissements", s'inquiète la Conférence.

L’apprentissage à l’université au programme d'un colloque de la CPU
La Conférence des présidents d’université organise les 28 et 29 novembre 2013 au Cnam (Paris 3e) un colloque ayant pour thème "Les universités au cœur de la formation professionnelle et de l’apprentissage".
Ces deux jours de discussion et de rencontres seront ponctués par la visite du ministre du Travail, Michel Sapin.

Céline Authemayou | Publié le