Exclusif. Télécom ParisTech et Télécom SudParis abandonnent leur projet de fusion

Laura Makary Publié le
Exclusif. Télécom ParisTech et Télécom SudParis abandonnent leur projet de fusion
Télécom ParisTech et Télécom SudParis ne fusionneront finalement pas pour former, comme cela était envisagé "la grande école du numérique" de Saclay. // © 
Les deux écoles de l'IMT n'iront pas jusqu'à la fusion. Elles avaient annoncé leur projet de rapprochement en septembre 2016, avec une étude de faisabilité, finalement arrêtée. Une décision annoncée par un mail des deux directeurs aux personnels, le 29 mars 2017.

Télécom ParisTech et Télécom SudParis ne fusionneront finalement pas, comme cela était à l'étude depuis septembre dernier par la direction des deux écoles de l'Institut Mines-Télécom. C'est via un mail du 29 mars, co-signé par les deux directeurs, que les personnels l'ont appris. 

"Constatant que l'évolution des relations sociales au sein de Télécom ParisTech ces derniers mois née des difficultés du dossier d’implantation à Saclay ne permet pas de poursuivre, par le dialogue que nous souhaiterions, l'étude de faisabilité du projet de fusion de Télécom ParisTech et de Télécom SudParis, nous avons proposé au comité de pilotage d’arrêter celle-ci", écrivent-ils dans ce courriel qu'EducPros s'est procuré, tout en espérant "vivement" de "nouvelles coopérations".

"Quand nous avons lancé ce projet, nous n'avions ni certitude ni garantie. Étant donné le contexte social à Télécom ParisTech, qui s'était dégradé ces dernières semaines, nous avons pris la décision de ne pas poursuivre l'étude de fusion", déclare Yves Poilane, directeur de Télécom ParisTech, à EducPros. Il ajoute : "Nous sommes aussi dans l'incertitude sur l'évolution de Saclay, en plus du déménagement sur le plateau, c'était trop pour le personnel, d'où ce choix."

des Tensions depuis plusieurs semaines

À Télécom ParisTech, le climat social s'était tendu depuis plusieurs semaines. Une partie du personnel a ainsi empêché la tenue du conseil d'école le 23 février 2017, puis celle du conseil d'administration de l'Institut Mines-Télécom le 13 mars. "Sans aller, pour l'instant, jusqu'à la grève comme nos confrères de CentraleSupélec, les tensions sont présentes et le personnel est mobilisé", déclare Éric Bergeault, enseignant-chercheur et représentant CFDT à Télécom ParisTech. En cause : des revendications dont le rejet de cette fusion par une partie du personnel fait notamment partie.

"Le déménagement sur le plateau de Saclay, prévu pour la rentrée 2019, est intégré dans toutes les têtes, soutient Philippe Ciblat, représentant CGT à Télécom ParisTech. Mais nous restons mobilisés sur les compensations financières, qui sont aujourd'hui fixées par un arrêté de 2009 et que nous ne jugeons pas suffisantes." Son collègue Éric Bergeault cite quelques chiffres pour soutenir la nécessité selon eux de ces compensations qui atteindraient plusieurs milliers d'euros : "77 % du personnel mettra plus d'1 h 30 à aller au travail et 48 % plus de 2 h 30. Et 80 % verra son temps de trajet augmenter."

Des demandes que la direction déclare entendre. "Nous sommes un établissement public, avec des contraintes sur ces questions de compensation. Nous travaillons en ce moment avec la direction générale de l'IMT, également concernée par un déménagement sur le plateau, pour voir comment aller au-delà des sommes jugées insuffisantes par les syndicats", précise Yves Poilane.

Dans ce contexte, l'idée d'un campus bi-localisé entre Saclay et Évry – le nouveau campus de Saclay n'étant pas assez grand pour rassembler les deux écoles – a suscité des appréhensions.

La Crainte d'une "vraie dégradation"

Côté SudParis, une source syndicale évoque "une inquiétude, sans aller jusqu'aux tensions de Paris" : "Où iraient les étudiants ? Évry ou Palaiseau ? Cela ajouterait de la complexité, nous ferait aussi perdre du temps dans les transports. Et reposerait la question de nos relations fortes avec nos voisins actuels de TEM."

Dans une étude effectuée début 2017 par la direction de Télécom ParisTech, 34 % des personnels déclaraient ne pas se reconnaître du tout dans ce projet et craindre "une vraie dégradation" et 28 % que cette nouvelle école ne leur faisait pas envie. "76 % des enseignants-chercheurs ne souhaitent pas la fusion des deux écoles, soulignait la CFDT le 13 mars. Seulement 1,8 % y sont très favorables." Face à cette défiance, les directions ont tranché.

Laura Makary | Publié le