Trésors cachés. À l'intérieur de la chambre sourde de l'UTC

Laura Makary Publié le
Trésors cachés. À l'intérieur de la chambre sourde de l'UTC
À l'intérieur de la chambre sourde et anéchoïque de l'UTC, le son est de 20 décibels. // ©  Eric Nocher
Au cœur de l'UTC, à Compiègne, une chambre sourde et anéchoïque fait le bonheur des chercheurs de l'école d'ingénieurs spécialisés dans l'acoustique et les vibrations. Une pièce silencieuse, aux murs épais, où tous les sons sont étouffés. Nouvel épisode de notre série dédiée aux trésors cachés de l'enseignement supérieur.

Le silence règne dans la chambre sourde et anéchoïque de l'UTC (Université de technologie de Compiègne). Une fois la lourde porte franchie et le couloir de quelques mètres traversé, tous les sons de l'extérieur s'arrêtent, pour un instant de calme absolu. Aucun écho non plus, lorsque quelqu'un ouvre la bouche, seulement un son étouffé.

20 décibels à l'intérieur

Ce laboratoire pas tout à fait comme les autres, installé au cœur de l'école d'ingénieurs dès sa création en 1972, sert d'outil de recherche pour les personnels de l'UTC. "Cette chambre est dite sourde, car le bruit de fond est faible et elle est très isolée de l'extérieur. Mais elle est aussi anéchoïque : il n'y a pas d'écho à l'intérieur, aucune onde n'est réfléchie", détaille Jean-Michel Ville, professeur à l'UTC et responsable de la filière acoustique et vibrations industrielles de l'établissement d'enseignement supérieur.

À l'intérieur, le son est de 20 décibels seulement. Pour ce faire, la chambre est constituée de murs très épais, dotés d'une double paroi, ainsi que d'amortisseurs, ayant la forme de cylindres blancs. "Les matériaux utilisés sont un composé de plaque perforée et de laine de verre qui absorbe le bruit", précise le chercheur.

Mesurer le bruit dans un espace clos

Grâce à cette salle, l'un des objectifs des recherches de l'UTC est notamment d'étudier les silencieux et de développer de nouvelles technologies pour réduire le bruit, "comme celui du pot d'échappement d'une voiture ou d'un moteur d'avion. Nous pouvons ainsi mesurer le bruit dans un espace clos, en ne tenant compte que de ce son, sans celui de l'extérieur qui polluerait la mesure", rappelle le responsable de la filière. Une question de plus en plus importante chez les constructeurs. "Aujourd'hui, le bruit est un argument de vente, que ce soit pour les transports ou la climatisation", ajoute-t-il.

Quant aux étudiants ingénieurs, ils viennent rarement jusqu'à cette chambre, qui représente un investissement de "quelques centaines de milliers d'euros". Celle-ci est réservée à l'équipe de recherche, composée de six enseignants-chercheurs et d'une quinzaine de doctorants. Les élèves de la filière acoustique disposent en revanche d'une seconde chambre sourde, moins performante, mais accessible pour leurs travaux pratiques.

Laura Makary | Publié le