Trésors cachés. À l'université de Bordeaux, un musée d'ethnographie plus que centenaire

Anne Depot Publié le
Trésors cachés. À l'université de Bordeaux, un musée d'ethnographie plus que centenaire
Une vitrine de l'exposition "Best Of", qui rouvre le 16 septembre à l'occasion des Journées du patrimoine, à découvrir jusqu'à mai 2019. // ©  MEB Olivier Got Université de Bordeaux
Installé dans l'ancienne faculté de médecine, le musée d'ethnographie de l'université de Bordeaux, ouvert au grand public, dévoile au fil de ses expositions des collections plus que centenaires. Suite de notre série dédiée aux trésors cachés de l'enseignement supérieur.

Une armure de samouraï, des bijoux en plumes de martin-pêcheur, une marionnette du Vanuatu, une jonque à fleurs... Le MEB (musée d'ethnographie de l'université de Bordeaux) présente dans les 300 mètres carrés de ses salles d'exposition une partie de ses collections rassemblant près de 6.000 objets et 12.000 photos. Objets de la vie domestique et objets de culte, vêtements, parures et instruments de musique proviennent aussi bien d'Asie que d'Afrique, d'Océanie que d'Amérique et témoignent de la richesse de ces cultures à la fin du XIXe siècle.

En inaugurant ce lieu en 2011, dans l'ancienne faculté de médecine, à deux pas de la place de la Victoire, l'université a remis en lumière un patrimoine jusque-là relégué dans les réserves. "Lors de la rénovation des campus, il a été décidé de dédier un espace spécifique à ces collections. Il s'agissait d'ouvrir l'université sur la ville", rappelle Lucia Bienvenu, chargée des expositions et de la médiation scientifique du musée.

Auparavant "musée de pathologie exotique et d'études coloniales"

Le MEB trouve son origine dans un premier musée, créé en 1894, appelé "musée de pathologie exotique et d'études coloniales". La vocation de la collection initiale ? Compléter l'enseignement dispensé à la faculté de médecine.

"Il s'agissait de parfaire l'éducation des médecins navalais qui allaient exercer leur métier dans les colonies en leur permettant de mieux comprendre les sociétés locales", rappelle Lucia Bienvenu. Des salles d'exposition sont aménagées dans l'université. Médecins de l'École de santé navale et autres explorateurs enrichissent le fonds avec des objets qu'ils rapportent de leurs voyages.

Très vite, le musée acquiert une dimension ethnographique et, en 1900, l'État complète les collections, en y transférant des fonds importants du musée du Trocadéro. Le musée devient alors le deuxième musée ethnographique de France. Après la Première Guerre mondiale, cependant, les espaces d'exposition disparaissent progressivement. Ne resteront que des vitrines, installées dans les galeries de l'université jusqu'en 1997, date à laquelle une réhabilitation est envisagée.

Une vocation pédagogique

Désormais, le petit musée a tout d'un grand. Géré par une équipe de cinq personnes, "c'est une structure pilote sur le plan de la conservation préventive, de l'étude et de la restauration des collections, souligne Lucia Bienvenu. Il mène aussi une politique active auprès des étudiants de deuxième cycle de l'université", afin de les impliquer dans ses projets.

Dans le cadre de la médiation, quatre étudiants participent aux activités proposées au public, d'autres en master professionnel, par exemple, ont reçu carte blanche cette année pour concevoir une exposition. Car le musée a une riche programmation : expositions temporaires, performances d'artistes, ateliers de découverte, animations à l'intention des publics scolaires, ateliers hors les murs... Quant au public, "il est majoritairement composé de visiteurs extérieurs à l'université", précise Lucia Bienvenu.

Anne Depot | Publié le