Trésors cachés des universités. Montpellier 2 va numériser ses herbiers

Alexandre Rousset Publié le
Trésors cachés des universités. Montpellier 2 va numériser ses herbiers
L'université Montpellier 2 va se lancer dans la numérisation de ses herbiers © UM2 // © 
Dans le cadre du programme national E-ReColNat, l’université Montpellier 2 se prépare à numériser une partie de sa collection d’herbiers. Plus de 2 millions de végétaux vont ainsi être passés au scanner. Un travail titanesque.

Rassembler des collections d’herbiers, mais aussi de taxinomie et de fossiles de toute la France, les numériser, les traiter et les regrouper au sein d’une grande banque de données informatiques : voici le projet ambitieux du programme E-ReColNat, lancé en 2012 sous la tutelle du Muséum national d’histoire naturelle. Si 6 millions de végétaux ont déjà été scannés en région parisienne, l’université Montpellier 2, qui dispose d’une collection de 3,5 millions de spécimens, s’apprête à se lancer elle aussi dans l’aventure numérique.

"C’est une solution d’avenir, explique Véronique Bourgade, directrice du pôle patrimoine scientifique de Montpellier 2. Avec l’arrivée de cette plate-forme numérique, des chercheurs du monde entier mais aussi le grand public vont avoir accès gratuitement et facilement à toutes ces informations." Un avantage certain pour de nombreux spécialistes comme les botanistes, les chimistes voire les historiens des sciences, qui pourront consulter toutes ces données sans avoir à se déplacer.

Une opération délicate

Extrait de la collection d'herbiers Montpellier 2 © UM2Du fait de son imposante collection et de sa maîtrise dans le domaine, Montpellier 2 est chargé par le programme E-ReColNat d’étudier les candidatures de collections privées et publiques du sud de la France souhaitant également numériser leurs plantes conservées. La sélection de 2 millions d’herbiers appartenant à l’université devrait donc s’agrandir. "La sélection se fait en fonction de l’intérêt scientifique et culturel des spécimens, détaille Véronique Bourgade, mais l’état de conservation et la fragilité des herbiers entrent également en compte."

Les responsables du projet doivent effectivement répondre à une équation complexe : comment scanner autant d’herbiers rapidement sans les endommager ? D’autant plus que certains spécimens datent du XVIIe siècle. Pour Véronique Bourgade, la casse semble inévitable : "Pour réaliser une copie de sauvegarde de ces herbiers, il y aura forcément des dégâts. L’objectif est de minimiser les pertes."
La sécurité des apiacées, lauracées et autres végétaux sera d’ailleurs un point central lors de la sélection de l’entreprise chargée de l’opération.

Un budget de 6 millions d'euros

La numérisation  devrait démarrer au second semestre 2014, une fois la sélection des herbiers terminée, pour un coût estimé à 6 millions d’euros. Outre la délicate opération de transport des herbiers jusqu’à un hangar aménagé pour l’occasion, le processus sera constitué de deux phases bien distinctes. La première, dite d'attachage, consistera à référencer tous les herbiers en remplissant pour chacun d’eux une fiche d’identité. C’est seulement ensuite que les herbiers seront disposés sur un tapis roulant pour être scannés et numérisés.

La durée de l’opération, elle, reste difficile à déterminer, selon Véronique Bourgade : "Cela dépend de la vitesse du scanner, qui peut aller de 15.000 à 30.000 images par jour. Ce qui est sûr, c’est que cela prendra plusieurs années."

Vidéo. Le lancement d'E-ReColNat, numérisation de l'herbier de Montpellier (UM2 / IRD)

Le Grand emprunt au chevet des herbiers et fossiles
Financé à hauteur de 16 millions d’euros par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, E-ReColNat s’inscrit dans le cadre du programme des Investissements d’avenir. L’objectif est de valoriser et de mettre à disposition des chercheurs et du grand public les collections taxinomiques d’herbiers et de fossiles de France. Soit plus de 100 millions de spécimens accumulés ces trois derniers siècles.
L’université Montpellier 2, la communauté Clermont-Université, l’université de Bourgogne, l’IRD, l’INRA, le CNAM, Tela Botanica et Agoralogie sont partenaires de ce programme coordonné par le Muséum national d’histoire naturelle.

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