Trois questions à André Marcon (président de l'ACFCI) : "à la nouvelle génération de nous faire partager ses difficultés, ses aspirations et ses bonnes idées"

Propos recueillis par Cécile Peltier Publié le
Les CCI (chambres de commerce et d’industrie) tiennent leur université d’été jeudi 30 et vendredi 31 août 2012 au Palais des Congrès de Versailles. Au programme : "la jeunesse". Valeurs, aspirations, peurs, conception du travail, attentes vis-à-vis de l’Etat Providence ou de l’Europe… Les tables-rondes largement animées par des jeunes doivent permettre de faire émerger de nouvelles idées. André Marcon, président de l'ACFCI (assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie), revient sur les enjeux de cette université d'été.

Vous consacrez cette année votre université d’été au thème de  "la jeunesse". Pourquoi ce choix?

Mais parce qu’il s’agit d’un enjeu essentiel pour notre pays et pour les chambres de commerce et d’industrie. Elles ne sauraient en effet ignorer les difficultés rencontrées par les jeunes en matière d’emploi (22.5% des chômeurs ont moins de 25 ans), mais aussi d’accès au logement, voire à la santé. D’autant que ces problèmes risquent encore de s’intensifier avec la hausse du chômage. Va-t-on laisser les jeunes au bord de la route alors que la génération des Trente Glorieuses a eu une vie agréable et que la France s’est beaucoup endettée ?

La question est : "que faire pour que l’avenir soit moins sombre ?". Et cette question nous avons décidé de la poser aux jeunes à qui nous avons laissé une très large place sur notre plateau. Ce n’est pas aux "jeunes vieux" que nous sommes de décider seuls de la transformation du pays, mais à la nouvelle génération de nous faire partager ses difficultés, ses aspirations et ses bonnes idées. Nous avons fait appel à de jeunes Français mais pas seulement, car c’est bien au rythme de l’Europe que nous devrons marcher demain !

Vous demandez aux intervenants à quelle société ils aspirent. Vous évoquez la question du travail, de l’entrepreneuriat, de la perte de confiance en l’Etat Providence, etc, mais vous abordez finalement assez peu la question de la formation... Pourquoi ?

L’université d’été n’est pas là pour faire la promotion des activités de formation des CCI, mais pour  traiter les sujets sur le fond. Or, la formation n’est pas un but en soi. L’objectif de toute formation, à commencer par celles des CCI, est l’employabilité à la sortie. Et à ce titre, nous croyons beaucoup aux vertus de l’alternance.

L’apprentissage est vraiment la voie royale vers l’emploi !  Pour preuve : l’Allemagne, qui en a fait une priorité compte moins de 10% de chômeurs parmi les 18-25 ans, même s'il vaut mieux être prudent avant de comparer… la démographie outre-Rhin n’est pas la même qu’en France.

Qu’attendez-vous de ce brainstorming collectif ?

A l’heure où l’Etat lance de grandes réflexions sur la refondation de l’école, l’enseignement supérieur et l’emploi des jeunes, nous allons écouter ce que les jeunes ont à nous dire. L’Etat doit rester le principal maître d’œuvre, mais le réseau des CCI, à son modeste niveau, peut agir pour améliorer les choses. Nous attendons notamment de nos intervenants qu’ils nous expliquent ce qu’ils veulent en termes de formation. Ils vont peut-être nous dire que nos formations sont parfois "ringardes", qu’elles ne font pas assez de place aux nouvelles technologies…

Les CCI n’ont pas de compétence particulière en matière de logement, mais elles peuvent apporter aux jeunes des idées en matière de création d’entreprise, de travail à l’export.

Elles ont, par ailleurs, déjà fait des propositions, notamment au gouvernement, et pris des engagements concernant l’orientation professionnelle, le développement de l’alternance et des formations professionnelles supérieures. Elles savent enfin mobiliser les entreprises en les incitant à accueillir davantage de jeunes en alternance ou en stage.  Cela tombe bien : le public de notre université d’été est constitué de présidents de CCI qui sont tous des chefs d’entreprise en exercice !

Les CCI, un réseau de formation

200.000 : c'est le nombre annuel de jeunes formés par le réseau des CCI qui compte au total 500 écoles ou organismes de formation continue, dont 145 CFA et 160 écoles supérieures. La moitié sont des apprentis du CAP au master et l'autre, des étudiants de bac+2 à bac+5. Dans les deux cas, "les taux de succès aux examens et d’insertion professionnelle sont excellents", assure André Marcon.

"Trois mois après leur sortie, 90% des jeunes formés en apprentissage à travers le réseau des CCI a  trouvé un emploi et au bout de 4 ans, 9 sur 10 affichent une progression professionnelle", assure André Marcon.

Quant aux 136.000 étudiants formés par an dans lesécoles supérieures de commerce du réseau, ils "trouvent quasiment tous un emploi immédiatement".

Propos recueillis par Cécile Peltier | Publié le