trouvermonmaster : un nom de domaine très recherché

Morgane Taquet Publié le
trouvermonmaster : un nom de domaine très recherché
L'UCO a déposé le 8 novembre 2016 choisirmonmaster et trouvermonmaster, avec différentes extensions. © UCO/Capture d'écran // © 
Alors que le site trouvermonmaster.gouv.fr n'est pas encore en ligne, il se fait déjà voler la vedette. L'université catholique de l'Ouest a racheté des noms de domaines similaires, espérant profiter de l'aubaine pour donner plus de visibilité à ses propres masters.

Le site Internet trouvermonmaster.gouv.fr n'existe pas encore, qu'il fait déjà parler de lui. Annoncé en octobre 2016 par le ministère, ce portail recensera l'ensemble de l'offre de masters au niveau national, après l'introduction de la sélection à l'entrée du master. Il doit ouvrir le 31 janvier.

Si le site trouvermonmaster.gouv.fr n'a pas besoin d'être déposé, étant donné que seuls les sites gouvernementaux sont habilités à utiliser l'extension .gouv.fr, pour autant, lors de la création d'un site, il est recommandé d'acheter le même nom de domaine, avec des extensions similaires. Notamment les plus courants : .org, .fr ou encore .com. Ceci, afin d'empêcher l'achat de ces espaces par des tiers malveillants ou tout simplement d'éviter aux usagers d'atterrir sur le mauvais site. 

Une recommandation qui n'a pas été suivie par le ministère de l'Éducation nationale. C'est le maître de conférences et blogueur Yann Bisiou qui a signalé cet "oubli" sur son blog, Le sup en maintenance. Les noms de domaines trouvermonmaster.org, trouvermonmaster.com et trouvermonmaster.fr ont été rachetés par un tiers, dès novembre 2016. L'acquéreur ? L'université catholique de l'Ouest.

"un effet d'opportunité"

Mais pour quelles raisons l'UCO a-t-elle décidé d'acheter à la même date trouvermonmaster, en plus de choisirmonmaster ? "Dans le cadre de notre campagne de prospection, nous communiquons depuis plus d'un an et demi sur le nom de domaine choisirluco.fr. En vue de la valorisation de nos masters, l'UCO a naturellement choisi de déposer choisirmonmaster, avec les extensions .fr, .com et .org en novembre 2016, par souci de cohérence avec le site choirsirluco.fr", met au point le vice-recteur en charge de l'académique et de la recherche, Laurent Péridy. 

L'établissement privé compte une petite trentaine de masters. "Dans l'enseignement supérieur, nous avons tous la même problématique de visibilité de nos masters, et nous n'étions pas sans savoir ce qu'il se passait sur la sélection. Alors bien sûr, quand on voit que l'extension est disponible, il y a un effet d'opportunité", concède le vice-recteur, qui espère que l'offre de masters de l'UCO sera présente sur le site gouvernemental.

Pour le moment, l'université catholique travaille sur la refonte de son site. "Nous ne mettrons pas en œuvre trouvermonmaster.fr, du moins cette année, tente de tempérer Laurent Péridy. Mais peut-être qu'à terme, dans la lignée de choisirluco.fr, nous utiliserons choisirmonmaster."

On ne peut pas, au niveau national, préempter toutes les extensions associées à un nom de domaine gouvernemental ou approchant.
(Dgesip)

DES CENTAINES D'EXTENSIONS POSSIBLES

Du côté de la Dgesip (direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle), qui copilote le groupe de travail sur le portail en .gouv.fr, on reste serein : "S'agissant des noms rachetés par l'université de l'Ouest, il n'y aura pas de concurrence. Au contraire, ils peuvent s'avérer complémentaires des sites gouvernementaux." Ces derniers font en effet l'objet de relais institutionnels et ont donc une visibilité et une légitimité plus grande, argumente-t-on. Et de préciser : "Les noms de domaines sont libres et on ne peut pas, au niveau national, préempter toutes les extensions associées à un nom de domaine gouvernemental ou approchant."

Une vision partagée par Sylvain Léauthier, responsable de la communication digitale et chargé des réseaux sociaux à l'Université catholique de Lyon. "Il est vrai qu'en général, on recommande d'acheter les principales extensions. Dans notre établissement, nous avons par exemple acquis ucly.org, .eu, en plus du .fr que nous utilisons. À moins de réserver les 200 extensions possibles, il est impossible de tout sécuriser. L'ICANN (organisme international qui gère le système de noms de domaines de premier niveau) a ouvert des nouveaux 'top level domains' par exemple .bzh, .paris. Il en existerait des centaines avec trouvermonmaster par exemple. Même une très grosse entreprise comme Apple n'a pas réservé toutes les extensions dans tous les pays."

Et puis, ajoute le responsable de communication, "le site du gouvernement ressortira toujours en premier dans Google, qui représente plus de 90% des recherches sur le web. Google fonctionne avec un algorithme selon une logique d'autorité. Plus il y a de liens vers un site, plus le site ressortira sur une même requête. Quelque part, l'algorithme de Google va résoudre en partie ce problème."

UN PRÉCÉDENT AVEC PHDFRANCE.FR

Cet épisode autour de trouvermonmaster n'est pas sans rappeler un autre couac lié aux noms de domaine, cette fois-ci plus problématique. En novembre 2016, Thierry Mandon annonçait la création d'une adresse mail unique pour les doctorants et les docteurs, @phdfrance.fr. Sauf que le ministère n'avait pas déposé le nom de domaine, déclenchant des réactions plus ou moins bienveillantes sur Twitter. Un ingénieur a très vite acheté l'espace pour, a-t-il détaillé sur les réseaux, éviter tout acte malveillant. Depuis, l'adresse www.phdfrance.fr renvoie au tweet de Thierry Mandon annonçant la création de l'adresse mail...

Morgane Taquet | Publié le