Le Tamagocours, un serious game pour les futurs enseignants

Isabelle Dautresme Publié le
Le Tamagocours, un serious game pour les futurs enseignants
Serious game : Tamagocours // © 
Former les futurs enseignants au certificat Informatique et Internet de Niveau 2 Enseignant. Tel est l’objectif du Tamagocours. Un “serious game” directement inspiré des fameux Tamagotchi. Développé par une équipe d’EducTice, le jeu Tamagocours devrait être accessible aux différentes Espé dans le courant de l'année 2015. Présentation à l'occasion des Journées du e-learning, les 26 et 27 juin à Lyon.

Comment former des étudiants aux concours des métiers de l’enseignement  au C2i2e (certificat Informatique et Internet de Niveau 2 Enseignant), une certification obligatoire dont l’un des volets concerne les aspects juridiques liés aux usages du numérique dans l’enseignement, alors qu’ils ont peu de temps à y consacrer et qu’ils ne sont pas motivés ? "En jouant !" répond Éric Sanchez maître de conférences et directeur d’EducTice, à l’origine de Tamagocours, un "jeu sérieux" qui vise à apprendre aux futurs enseignants les règles qui encadrent l’usage des ressources numériques en classe.

Choisir les bonnes ressources

Le Tamagocours fonctionne sur le même principe que le Tamagotchi. Sauf que là, il ne s’agit pas d’élever un personnage virtuel mais un cours en ligne qui ne peut se développer qu’à condition d’être alimenté de ressources pédagogiques licites (images, sons, vidéos, articles, publications). Ce qui suppose, de la part des joueurs, de bien connaître le cadre juridique de l’utilisation de ces ressources en classe, selon si elles sont payantes ou gratuites, libres ou sous droit d'auteur. "Si l’étudiant nourrit son Tamagocours d’une ressource illicite, il dépérira et, à l’inverse, s’il l’alimente correctement, il se développera", précise Éric Sanchez. Pour les aider à faire leurs choix, les étudiants ont accès à une bibliothèque juridique en ligne.

Le Tamagocours se joue à trois minimum. À chaque fois qu’un joueur prend une décision, il doit expliquer son choix à ses partenaires. “Histoire de vérifier qu’il maîtrise bien les règles juridiques en vigueur”, souligne Éric Sanchez. Pour valider le C2i2e, l’équipe doit franchir cinq niveaux de jeu. Le premier peut être gagné par hasard, "il vise surtout à apprendre les règles". Les suivants, en revanche, "exigent un véritable travail collaboratif auquel nous tenons beaucoup", souligne le directeur d’EducTice.

Si l’étudiant nourrit son Tamagocours d’une ressource illicite, il dépérira et, à l’inverse, s’il l’alimente correctement, il se développera


Après le jeu, vient la phase de debriefing "parce que l’on ne peut pas tout apprendre en jouant", commente Éric Sanchez. Les traces numériques des équipes sont enregistrées à chaque partie. Ces traces servent "de point de départ à un échange entre un expert des questions d’usage des ressources numériques dans le cadre éducatif et les étudiants", précise l’enseignant.

Un développement relativement simple

Quant à la question des moyens, à en croire Éric Sanchez, le Tamagocours ne nécessitant pas de développement complexe, il serait moins onéreux que la plupart des "serious game". "Et comme il est très simple d’utilisation, il permet de former un nombre important d’étudiants en peu de temps", renchérit l’enseignant qui reconnaît ne pas avoir encore chiffré précisément le coût d’un tel jeu. 

Quelles leçons tirées de ce premier dispositif testé, pour l’heure, uniquement auprès des agrégatifs de l’ENS de Lyon ? "Outre que tous les élèves ont avancé dans les différents niveaux de jeu, 60 % des groupes qui ont joué ont utilisé le chat pour échanger sur les règles juridiques", se félicite Éric Sanchez. Quand on sait que ces étudiants à l'agrégation "sont généralement peu convaincus de l'intérêt d'apprendre en jouant", le fait qu’ils se soient emparé du Tamagocours est perçu, par les équipes d’EducTice, comme un signe pour le moins encourageant.


Isabelle Dautresme | Publié le