Une campagne de recrutement des profs : est-ce que ça marche ?

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Une campagne de recrutement des profs : est-ce que ça marche ?
Jack Lang // © 
En 2001, Jack Lang annonce le recrutement de 165.000 enseignants sur cinq ans. Et lance une campagne de communication impressionnante, avec trois spots télévisuels. Dix ans plus tard, quelles sont les retombées de cette campagne ? A-t-on constaté une hausse du nombre d’inscrits au concours ? Et conjointement une augmentation du nombre de postes ?

Il l’avait promis et… ne l’a pas fait. Sur les 165.000 recrutements annoncés par Jack Lang, seuls 128.982 ont été réalisés (56.842 postes ouverts dans le premier degré entre 2001 et 2005, et 72.140 postes dans le second degré sur la même période). Dans le détail, les postes au concours ont effectivement augmenté les trois premières années qui ont suivi la campagne de recrutement, mais, dès 2004 (François Fillon est alors ministre de l’Éducation nationale), ils chutent dans le second degré, décroissant régulièrement jusqu’en 2011 (ils ne remonteront qu’une seule année : en 2005). Dans le premier degré, ils montent jusqu’en 2005, puis baissent ensuite, chaque année, passant de 11.688 en 2006 à 3.100 en 2011.

Le CAPES moins prisé que le CAPET ou le CAPLP

En ce qui concerne le nombre de candidats aux concours de l’enseignement, l’impact de la campagne de Jack Lang est tout relatif. Pour les concours du CAPET et du CALPL, effectivement le nombre de candidats se maintient (il ne décroît pour ces concours que respectivement depuis 2005 et 2006). Pour le CAPES, en revanche, l’hémorragie ne s’est jamais arrêtée. Depuis dix ans, le nombre de candidats décroît inexorablement, passant de 44.000 en 2001 à 13.000 en 2011. Quant au concours de professeur des écoles, il a perdu plus de la moitié des candidats en dix ans (47.244 présents au concours en 2001, 18.000 en 2011).

Les maths aussi délaissées que le français

« Mais c’est bien plus complexe qu’il n’y paraît, relève Josette Théophile, la DRH du ministère de l’Éducation nationale. La baisse des candidats est très marquée sur certaines disciplines en raison de la concurrence du secteur privé. » Certes, les matières scientifiques sont souvent pointées du doigt. Mais, dans les faits, elles ne sont pas les seules à être boudées par les étudiants. En sciences économiques, par exemple, le nombre de présents aux concours a diminué de moitié entre 2004 et 2011 (– 53 %). En lettres classiques, l’écart atteint – 56,7 % (– 33,8 % en lettres modernes). En sciences, l’évolution du nombre de présents, sur la même période, est de – 43,1 % en physique, – 42,6 % en sciences de la vie et de la Terre et – 36,3 % en maths. Les langues sont également touchées par la pénurie de candidats : – 43,6 % en anglais et en allemand, – 38,7 en espagnol et – 33,7 % en italien.

Les candidats baissent, mais le niveau monte

Face à l’hécatombe, Josette Théophile, DRH au ministère de l’Éducation nationale, ne veut pas verser dans le catastrophisme. « Les candidats sont certes moins nombreux, mais leur niveau est meilleur. C’est en tout cas ce que montre la première année d’entrée en vigueur de la masterisation :  la moyenne à l’admissibilité est remontée de 1 à 2 points selon les concours (de 2 points en maths, par exemple). Il faut juste regarder si cet effet va perdurer, car cette année est particulière. Les candidats recalés étaient sans doute plus nombreux que les années précédentes », poursuit-elle. Il n’empêche que, pour la première fois depuis 1997, les concours n’ont pas fait le plein cette année : tous les postes n’ont pas été pourvus.



Moins de postes au concours = moins de candidats ?

Quelle est la corrélation entre la baisse du nombre de postes et la baisse du nombre de candidats aux concours ? Si l’on fait référence aux dix dernières années (2001-2011), à l’exception du CRPE, la baisse annuelle des présents aux concours est plus forte que celle du nombre de postes. L’écart le plus élevé est pour le CAPEPS : – 7 % de postes, contre – 15,7 % de candidats. Pour chaque autre concours du second degré (CAPES, CAPLP, CAPET), les présents diminuent, à chaque fois, plus vite que le nombre de postes proposés. Pas certain, dès lors, qu’une augmentation du nombre de postes aux concours verrait s’accroître dans les mêmes proportions le nombre de candidats.

Au sommaire du dossier :

- Recrutement des enseignants : trois campagnes, trois budgets, trois styles

- Une campagne de recrutement des profs, à quoi ça sert ?

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