Une enquête "anthropologique" décrypte les attentes des étudiants face à l'entreprise

Publié le
Les jeunes sont-ils bien faits pour l’entreprise dans laquelle ils postulent ? La question sera au cœur des tables rondes organisées ce jeudi 5 avril 2012 au Conseil économique, social en environnemental à Paris. Pour nourrir ce débat, une étude originale a été conduite par le Cabinet de conseil ACG en partenariat avec L’Etudiant afin de mieux cerner les attentes des étudiants sur les modèles d’entreprises qui les attirent et leurs motivations en termes de métiers. Prenant appui sur des concepts anthropologiques, cette enquête menée auprès de 10 000 étudiants livre quelques résultats surprenants.

30 % d’étudiants visent le secteur non-marchand

Premier constat : en dressant une « typologie des types de gouvernance » recherchées par les jeunes, cette étude va à l’encontre d’un tropisme selon lequel les trois quarts d’entre eux seraient attirés par la fonction publique. « Seuls 9 % des étudiants interrogés aspirent à travailler dans le cocon très protecteur du public et de l’administratif », note Marc Lebailly, responsable de cette étude et directeur associé du cabinet de conseil ACG. En ajoutant les 20% qui se projettent plutôt dans « le monde du bénévolat et de la solidarité », le secteur « hors marchand » attireraient environ 30% des étudiants.

Le modèle capitaliste en vedette

Quant aux 70% de jeunes qui souhaitent travailler dans un secteur marchand, ils aspirent à trois différents modèles de gouvernance. Le premier qui arrive bien en tête (avec 30% d’adhésion) est celui de l’entreprise capitaliste pure et dure version anglo-saxonne. Autrement dit : ces jeunes se projettent dans une entreprise (exemple : une multinationale) où ils ont un contrat pour effectuer un travail donné, sans plus d'implication personnelle.

Têtes imaginatives ou réalisme opérationnel ?

Les deux autres modèles qui séduisent chacun 20 % des étudiants interrogés sont : le modèle d’« association de brillants concepteurs » (exemple : les start-up) qui convient « aux têtes imaginatives, créatives, dynamiques bourrées d’idées » mais peu soucieux de « réalisme opérationnel » et le modèle « entreprise savante » qui fédère les accros à « l’excellence technique » (exemple : la SNCF, une entreprise automobile…). Or, selon Marc Lebailly, un modèle fait défaut parmi les aspirations des jeunes interrogés : « le modèle entrepreneurial, à savoir une entreprise forte d'une culture, d’une éthique et d’une responsabilité sociale qui intègre le salarié ».

Trop de clercs, pas assez de guerriers

Enfin, en interrogeant les étudiants sur leurs manières de percevoir leurs métiers, cette « enquête anthropologique » présente une autre typologie qui les répartie en trois « ordres » : les producteurs, les clercs et les guerriers, selon une typologie établie par le linguiste Georges Dumézil. « Dans un modèle équilibré de fonctionnement de nos sociétés indo-européennes, prévient Marc Lebailly, ses trois ordres devraient se retrouver équitablement répartis par tiers. » Ce qui n’est pas le cas : l’étude met ainsi en évidence parmi les étudiants interrogés 31 % de producteurs, 55 % de clercs et 14 % de guerriers. Traduction de ce hiatus par l’auteur de cette étude : « Nous avons un grave déficit de guerriers, à l’exemple des commerciaux, beaucoup trop d’intellectuels de l’entreprise (voire les vocations pour les services études, le marketing…) mais une bonne proportion de producteurs, c'est-à-dire d'ingénieurs ». Ce dernier résultat va à l'encontre des choix rééls d'orientation des jeunes. La désaffection vers les études scientifiques et techniques est notamment aujourd'hui une réalité.

| Publié le