Une étude de la Fnege pour redorer le blason des écoles de management

Eva Mignot Publié le
Une étude de la Fnege pour redorer le blason des écoles de management
Les écoles de management sont des acteurs de leur écosystème, un rôle souligné par l'étude de la Fnege. // ©  Huynh Manuel
Pour ses 50 ans, la Fnege a présenté le 24 mai 2018 une étude sur l’influence des business schools sur le territoire français, soulignant les effets économiques positifs des écoles de management, à rebours du "business school bashing".

Les écoles de management françaises, IAE et ESC, auraient un poids financier supérieur à 15 milliards d’euros dans l’Hexagone. C’est l’une des conclusions de l’étude commandée par la Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises), intitulée "Les impacts des business schools sur la France : constats et ambitions" portant sur l’année scolaire 2016-2017.

Pour parvenir à ce résultat, les trois auteurs du rapport, Michel Kalika, Herbert Castéran et Jean Moscarola ont pris en compte l’"impact direct" des business schools reposant sur les budgets des écoles et des structures partenaires (associations étudiantes et d’anciens), l’"impact indirect", composé des dépenses des étudiants en termes de logement, de nourriture ou de divertissement et l’"impact induit", résultat du multiplicateur de dépenses.

Les dépenses de l’école et des étudiants représentent en effet des recettes pour d’autres acteurs économiques, qui eux-mêmes réinjectent l’argent sur le territoire français par le biais de leurs consommations et de leurs investissements.

140.000 emplois indirectement liés aux écoles de management

Au-delà des 250.000 étudiants formés dans ses établissements, les écoles de commerce jouent un rôle sur leur bassin d’emploi. En s’appuyant sur les estimations de l’Insee et sur ce montant de 15 milliards d’euros, les auteurs du rapport considèrent que près de 140.000 emplois dépendaient indirectement de l’activité des écoles de management en 2016-2017.

L’étude serait-elle un moyen de restaurer la légitimité des écoles de management françaises ? Beaucoup de spécialistes de l’enseignement supérieur critiquent ces institutions qui chercheraient à répondre à tout prix aux critères fixés par les organismes d’accréditation, mettant l’accent sur la recherche aux dépens de la pédagogie.

Un article de Martin Parker dans "The Guardian" incitait ainsi à "bulldozer" les écoles de commerce dont les cours sont jugés insuffisants et les étudiants imbus d’eux-mêmes car certains d’obtenir leur diplôme au prix de frais de scolarité extrêmement élevés.

Les retombées économiques des étudiants étrangers

"Le bashing anglo-saxon me semble inapproprié, réagit Michel Kalika, auteur du rapport et professeur à l’IAE Lyon School of Management. Il n’y a pas besoin de relégitimer les écoles de management. Elles remplissent leur mission en insérant leurs étudiants sur le marché du travail", complète-t-il. Selon le rapport, 86 % des étudiants des écoles de management trouvent en effet un emploi moins de six mois après leur scolarité.

Si Michel Kalika nie tout besoin de restaurer la légitimité des business schools, il estime cependant que les pouvoirs publics devraient s’intéresser aux résultats de l’étude et notamment aux retombées économiques des étudiants étrangers. "Si leur nombre augmente, l’impact augmente aussi mécaniquement, assure-t-il. Quand nous les accueillons, nous leur transmettons nos valeurs, notre culture et nous investissons dans de futures relations économiques avec leur pays d’origine."

Selon lui, les pouvoirs publics auraient alors un rôle à jouer en favorisant l’accueil de ces étudiants étrangers ou en reconnaissant les diplômes tels que les Bachelors, ce qui permettrait de les attirer davantage dans les écoles de commerce françaises.

Quand nous accueillons [des étudiants étrangers], nous leur transmettons nos valeurs, notre culture et nous investissons dans de futures relations économiques.
(M. Kalika)

Former des citoyens responsables

Mais l’impact économique n’est plus seul suffisant. Aujourd’hui, établissements comme entreprises estiment qu’il faut attendre davantage des établissements de management. "Les écoles de commerce doivent aussi s’emparer de grandes questions sociales comme le réchauffement climatique ou la crise des migrants. Comment pouvons-nous répondre à ces enjeux et améliorer le bien-être de la société ?" s’interroge Loïck Roche, directeur général de Grenoble École de management.

La formation des élèves est alors remise en question. "La valeur économique des business school est indiscutable mais nous aimerions aussi que ces écoles parviennent à former des citoyens responsables. Nous avons besoin d’hommes et de femmes qui portent des valeurs fortes et qui ont envie de créer du lien", souligne Arantxa Balson, directrice générale des ressources humaines du groupe Accor.

… Et des leaders

Pour elle, les entreprises ont de nouvelles attentes et les business school doivent s’adapter. "Les écoles de commerce forment les élites mais nous avons besoin de tout le monde", assure-t-elle. "Formez-nous quelques rebelles ! Les entreprises ont besoin de se transformer", poursuit Arantxa Balson. "Nous devons aussi nous poser des questions éthiques. Quels leaders voulons-nous ? se demande Loïck Roche. Aujourd'hui, l’impact des écoles de management est économique, mais nous voulons aussi qu’il soit social."


La Fnege lance une plate-forme collaborative de vidéos de management
Présentée comme la "Web TV du Management", Fnege Médias a été lancé officiellement le 24 mai 2018. Créée en partenariat avec des écoles de management et d’autres acteurs de l’enseignement supérieur tels qu’Aunege (Association des universités pour l’enseignement numérique en économie-gestion) ou Pépite France, la plate-forme sera accessible gratuitement aux étudiants comme aux enseignants.

Elle réunira des vidéos portant sur la recherche en management, labellisées Fnege, qui correspondront aux critères définis par le comité scientifique de Fnege Médias.
Plusieurs formats de vidéo sont proposés : "recherche", "interview", "portrait", "expériences pédagogiques", ou encore "tendance". Tout enseignant en sciences de gestion pourra demander la labellisation de sa vidéo "recherche", mais seuls les établissements abonnés à Fnege médias auront la possibilité d’en envoyer sous d’autres formats.

Eva Mignot | Publié le