Exclusif. Une étude dénonce l'exploitation des stagiaires dans l'industrie européenne du marketing

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L'ECS (European communication school), une école française notamment implantée à Londres, veut faire pression auprès des professionnels de la communication et du marketing en Europe, pour améliorer le sort des stagiaires dans ce secteur. Elle vient de réaliser un sondage montrant que plus de deux tiers d'entre eux ne sont jamais payés. Résultats en exclusivité pour EducPros.

Si en France, tout stage supérieur à deux mois est indemnisé à hauteur de 30 % du SMIC, ce n'est pas le cas partout en Europe. Et notamment à Londres où s'est implantée, en 2011, l'ECS (European communication school), une école de MediaSchool Group qui compte plusieurs établissements en Espagne, en Belgique, en France et en Angleterre.

Plus de 70 % des stagiaires ne touche pas un centime

Pour mieux appréhender (et ensuite dénoncer) la situation des stagiaires, l'école a sondé, en mars et avril 2013, trois mille jeunes âgés de 20 à 25 ans, actuellement en cours d'études (et déjà détenteurs d'un bac+3) dans les différents établissements du groupe, mais aussi dans d'autres écoles de communication en Europe. 2.000 d'entre eux ont répondu à un questionnaire en ligne sur leur perception du travail dans leur futur secteur professionnel. Sur le volet des stages : 78 % des sondés estiment que le secteur des Marcoms (monde du marketing et de la communication) bénéficie d'un revenu abusif via l'apport de stagiaires non rémunérés. 45 % déclarent avoir déjà travaillé gratuitement pendant deux mois, 26 % pendant trois mois ou plus et 5 % pendant six mois.

Une subvention déguisée de 220 millions d'euros

Ross Cathcart, responsable du master "communication 365" de l'ECS à Londres et, à l'origine de l'enquête, a chiffré le « gain » de cette main d'oeuvre gratuite. D'après lui, « quelque 95.000 étudiants européens effectueraient, chaque année, des stages gratuits dans les agences de communication, publicité ou marketing, dont 70 % pendant trois mois. Si ces derniers percevaient l'équivalent de 8 € de l'heure pour 35 heures de travail par semaine, les employeurs du secteur des Marcoms devrait débourser environ 220 millions d'euros aux stagiaires qui travaillent pour eux, détaille-t-il. L'économie européenne du marketing pèse environ 60 milliards d'euros, poursuit-il. Donc 220 millions, c'est une goutte d'eau... Alors, si cela n'impacte pas l'économie du secteur, pourquoi ne pas indemniser tout simplement ces jeunes ? ».

Une campagne pour les stagiaires

L'ECS (European communication school) entend mettre à profit cette étude pour défendre la cause des stagiaires dans l'industrie du marketing, notamment en Angleterre. En octobre 2011, l'Association britannique des consultants en relations publiques a lancé une pétition pour encourager les agences à payer leurs stagiaires. « Il est absolument intolérable qu'un individu ne soit pas rémunéré que ce soit pour deux mois, trois mois ou, encore plus indignant, six mois. La position de l'association est très claire à ce sujet et j'espère que notre campagne va commencer à avoir un impact », a commenté le président de l'Association, Francis Ingham, après avoir pris connaissance des résultats du sondage.

La génération des « digital natives » n'a pas encore le bac

L'enquête de MediaSchool Group ne vise pas uniquement à tirer la sonnette d'alarme sur l'exploitation des stagiaires. Son ambition est de donner aux agences de pub et de communication, un outil de mesure sur la manière dont les 20/25 ans perçoivent la communication et la publicité.

Parmi les différents enseignements de l'enquête, les professionnels de la pub et du marketing relèvent, avec étonnement, que 70 % des futurs jeunes diplômés interrogés ne se considèrent pas comme des « digital natives ». La « génération connectée » est encore loin de décrocher le bac. Selon les sondés : elle a dix ans de moins qu'eux (soit entre 10 et 15 ans aujourd'hui !).

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