Université du Havre : le cycle licence au cœur des préoccupations de l’Oiseau

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L’Oiseau. C’est l’acronyme amusant de l’entité réunissant le service d’orientation, le bureau des stages et d’aide à l’insertion professionnelle, ainsi que l’OVE (observatoire de la vie étudiante) de l’université du Havre. Un lieu stratégique, donc, pour cette fac ouverte à tous les profils, ancrée au cœur de la petite cité portuaire de Haute-Normandie.

Grand, le regard franc, la voix grave. C’est dans un bureau lumineux, au premier étage de la maison de l’étudiant de l’université du Havre, que vous reçoit Jean-François Lhuissier, directeur de « l’Oiseau » (Orientation, insertion, stages, étudier et apprendre à l’université).

À la tête du volatile depuis quatre ans, avec un budget de 100.000 € par an et 7 collègues (un conseiller d’orientation, deux ingénieurs d’études et des administratifs), l’enseignant-chercheur en physique reconnaît dans un éclat de rire que cette fonction n’a pas vraiment donné un coup de pied à sa carrière. « Mais c’est quelque chose qui donne du sens à mon métier, encore plus au Havre. »

30 % de bacheliers techno en L1

Le Havre est en effet une ville où la tradition industrielle est forte et le public défavorisé important. L’université compte près de 35 % de boursiers (40 % à l’IUT) et une forte proportion de bacheliers technologiques et professionnels. En première année de licence générale (hors IUT), sur les 1.400 étudiants, 60 % sont titulaires d'un bac général, 30 % d'un bac techno et 10 % d'un bac pro (2009-2010).

« La clé de la réussite des actions entreprises par l’Oiseau réside dans l’appropriation de ses missions par la communauté universitaire »

Cette première année d’études constitue un enjeu clé pour l’Oiseau, puisque 75 % des étudiants de l’université sont en premier cycle. Selon les derniers chiffres de l’observatoire (2009-2010), le taux de réussite en L1 s’établit à 45,9 % pour les bacheliers généraux, à 10 % pour les bacheliers technologiques, tandis que seuls 2 des 130 bacheliers pro ont réussi à franchir cette barrière. Soit un taux global d’environ 30 %.

Travailler avec les équipes pédagogiques

Pour perfectionner les formations, l’Oiseau travaille avec les équipes pédagogiques. « La clé de la réussite des actions entreprises par l’Oiseau réside dans l’acceptation et l’appropriation de ses missions par la communauté universitaire », écrivait-il ainsi dans son bilan d’activité 2010. Une collaboration favorisée par la petite taille de l’université, mais aussi par son profil d’enseignant-chercheur. « Cela aide à amorcer le dialogue », admet-il.

« Nous sommes des partenaires. Si un grand nombre d’étudiants échouent dans un cursus, c’est qu’il y a un problème. Nous essayons de mener une réflexion avec les enseignants pour faire progresser la filière. Il s’agit parfois simplement de déplacer des enseignements trop difficiles de première en deuxième année », explique-t-il.

img title="Université du Havre - Maison de L'Etudiant" src="/static/uploads/tp3/rte/RTEmagicC_Le_Havre_EDUCPROS_article_2.jpg.jpg" style="padding: 8px; width: 300px; height: 201px; float: left;" alt="" />Davantage d’échecs en première année de droit et en AES

Quelles sont les filières qui pèchent encore ? Le droit, traditionnellement très sélectif en première année, enregistre un taux de réussite moins bon au Havre qu’au niveau national. Pareil pour la filière AES. « Cela peut s’expliquer par le positionnement très international de cette voie, avec deux langues obligatoires », estime Jean-François Lhuissier.

Certaines spécialités, comme le droit, sont moins réceptives que d’autres. « Il reste encore quelques blocages. Pour les juristes, le taux d’échec ou de réussite des étudiants n’est pas un critère de qualité de leur formation. En outre, ils considèrent souvent que leur formation est assez professionnalisée », rapporte le responsable. Mais, même là, cela se décante peu à peu, avec un dialogue en cours, notamment pour insérer le module de PPE (projet personnels étudiants, 10 heures par étudiant), dispositif d’accompagnement vers l’insertion professionnelle piloté par l’Oiseau, encore absent de la filière juridique.

« Le décrochage, ce n’est pas non plus considérable. Sachant qu’à l’université, une part non négligeable d’étudiants n’a pas le projet de finir son année »

En projet : une année préparatoire avant de commencer un cursus en SHS

Autre projet de l’Oiseau visant à combler le fossé entre le lycée et l’université : une année de remise à niveau pour préparer aux études de SHS (sciences humaines et sociales). Il s’agirait d’un DU (diplômé d’université), comme celui déjà mis en place par l’établissement havrais, il y a quatre ans, pour les bacheliers non scientifiques qui veulent rejoindre des études dans ces disciplines (le « DUPRES »).

« Cette année préparatoire, avec de la culture générale et de la méthodologie, permettrait aux étudiants de mieux réussir ensuite. Notamment et surtout les bacheliers technologiques, car, pour eux, ce n’est pas un problème de connaissances, mais plutôt un rapport au travail universitaire et à la méthodologie qui manque », indique Jean-François Lhuissier.

Accompagner les plus défavorisés

Côté master, Jean-François Lhuissier envisage également la création d’un DU sur la conduite et l’encadrement de projet. « Nous sentons chez les employeurs qu’il peut manquer des compétences transversales au management et à la gestion de projets à nos étudiants, davantage encore pour les plus défavorisés », mentionne-t-il.

Ces derniers sont aussi ceux qui ont le plus besoin de l’Oiseau pour les stages et le premier job. « Notre mission d’accompagnement des étudiants en difficulté pour trouver des stages concerne à 80 % un public issu de la diversité et de milieux défavorisés, qui manque de réseau mais surtout de codes », note le responsable.

img title="Université du Havre - bâtiments" src="/static/uploads/tp3/rte/RTEmagicC_Le_Havre-EDUCPROS-_article_2_01.jpg.jpg" style="padding: 8px; width: 300px; height: 201px; float: right;" alt="" />Le tutorat davantage suivi par les étudiants qui en ont le moins besoin

L’université accompagne enfin ses étudiants avec des dispositifs plus classiques, dans le cadre du plan Licence : le tutorat ou l’enseignant-référent, solutions qui fonctionnent « plus ou moins bien », concède-t-il. « En tutorat, ceux qui viennent sont souvent les étudiants qui en ont le moins besoin », observe Jean-François Lhuissier. Quant à l’enseignant-référent, ce n’est pas toujours un rempart efficace contre le décrochage. « Avec les entretiens individualisés, nous recevons les étudiants pour voir ce qui va bien ou pas. Nous essayons d’instaurer un dialogue pour qu’ils reviennent nous voir avant de décrocher… Mais en général ça ne suffit pas à les faire revenir. »

« Il faut souligner que le décrochage, ce n’est pas non plus considérable, nuance le responsable. Sachant surtout qu’à l’université, une part non négligeable d’étudiants n’a pas le projet de finir son année. Certains passent ainsi des concours, comme ceux de la marine marchande ou d’une école d’infirmières. Ils nous quittent donc aussi parce qu’ils réussissent autre chose », sourit-t-il.

L’action de l’Oiseau pour l’insertion professionnelle

Outre l’accompagnement des étudiants qui le souhaitent vers un emploi ou un stage (2.400 stages par an à l’université), l’Oiseau organise, en master, des unités « insertion professionnelle » : une dizaine d’heures d’enseignement par étudiant, assurées par le service et/ou des intervenants extérieurs.

« Même si le bassin d’emploi havrais est touché par la crise, l’université est relativement petite par rapport aux besoins. Le nombre d’étudiants qui reste sur le carreau est faible », assure Jean-François Lhuissier, rappelant certains débouchés de niches, comme le secteur des transports et de la logistique.

Notre dossier :

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