Master : l'insertion professionnelle des diplômés ne se dément pas

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Master : l'insertion professionnelle des diplômés ne se dément pas
Trente mois après, 90 % des diplômés de master ont un emploi. // ©  Camille Stromboni
Neuf diplômés de master sur dix ont un emploi, trente mois après avoir obtenu leur diplôme, selon l'enquête annuelle du ministère sur l'insertion professionnelle, publiée le 7 décembre 2016. Un résultat marqué par une grande stabilité à travers les années, malgré le contexte économique.

Pour la septième édition de l'enquête nationale sur l'insertion professionnelle des diplômés de l'université, la stabilité est de rigueur. Neuf diplômés sur dix ont trouvé un poste, trente mois après avoir obtenu leur diplôme de master. Un chiffre qui oscille d'un à deux points de pourcentage à la hausse ou à la baisse depuis sept ans. Cette année, ce sera à la hausse : ce taux est passé de 89 % à 90 % par rapport à l'an dernier.

Une stabilité à mettre "en regard avec le taux de chômage dans le pays", d'environ 10 % de la population active en 2014 et 2015, souligne Cécile Lecomte, vice-présidente de la Courroie, l'association regroupant l'ensemble des responsables universitaires de l'orientation et de l'insertion professionnelle des étudiants et directrice du SOIE (service orientation insertion entreprise) de l'université Rennes 1.

"La stabilité des chiffres, dans un environnement qui n'est pas forcément positif, semble témoigner de l'efficacité des actions menées par les universités", analyse la présidente de la Courroie. Ces actions sont nombreuses, énumère-t-elle : ateliers CV et lettre de motivation, création d'un portfolio permettant à l'étudiant de "garder la trace de toutes ses expériences (professionnelles, associatives...) et de les formaliser en compétences"... La plupart des masters incluent désormais dans leur maquette des modules de préparation à l’insertion professionnelle.

"Ce qui est nouveau, assure Cécile Lecomte, c'est l’accompagnement des étudiants une fois diplômés, avec des préparations aux entretiens. Le renforcement de la politique envers les alumni, au tout début de la vie professionnelle, est l’une des choses qui a le plus bougé ces dernières années dans les universités."

De fait, selon l'enquête du Cereq (Centre d'études et de recherche sur les qualifications) publiée le 1er décembre 2016, "plus des deux tiers des diplômés de licence et master sortis de formation en 2010 ont bénéficié des aides à l'insertion proposées par les universités" et les bénéficiaires "présentent des taux d'emploi et de déclassement souvent nettement plus favorables que les jeunes qui n'ont pas été accompagnés."

Le renforcement de la politique envers les alumni, au début de la vie professionnelle, est l’une des choses qui a le plus bougé dans les universités.
(C. Lecomte)

Le taux d'emploi augmente peu deux à trois ans après le diplôme

L'enquête du ministère montre également que le taux d'emploi évolue peu au cours de la deuxième année d'insertion professionnelle. Un an et demi après leur diplôme, les ex-étudiants sont déjà 85 % à travailler. En revanche, le nombre de diplômés ayant un emploi stable augmente fortement dix-huit mois à trente mois après l'obtention de leur diplôme : alors que seuls 60 % des diplômés ont un emploi stable à 18 mois, ce chiffre passe à 73 % un an plus tard.

Des variations existent en fonction du champ disciplinaire : si plus de 92 % des diplômés en droit, économie, gestion ont un emploi trente mois après, ils ne sont que 86 % dans le secteur des sciences humaines et sociales, 87 % en lettres, langues, arts et 90 % en sciences, technologies, santé.

de fortes inégalités dans l'accès à un emploi stable

Et les inégalités sont encore plus criantes dans l'accès à un emploi stable : plus de trois diplômés sur quatre ont un emploi stable en droit, économie et gestion et en sciences, technologie et santé quand ils ne sont respectivement que 66 % et 57 % pour les titulaires d'un master en lettres, langues, arts et sciences humaines et sociales.

S'agissant des débouchés, le secteur privé reste le principal employeur des diplômés de master : 72 % des diplômés travaillent pour un employeur privé mais, là encore, ce taux varie fortement, de 49 % en sciences humaines et sociales à 80 % en droit-économie-gestion.

Côté salaires, le salaire mensuel net médian augmente de 6 % par rapport à l'an dernier en moyenne et s'établit à 1.900 euros à trente mois. Cette augmentation est de 8 % en droit, économie et gestion et de 5 % dans les autres champs.

Les aides à l'insertion professionnelle concernent les étudiants d'origine sociale plus favorisée.
(Céreq)

Enfin, environ un tiers (36 %) des diplômés de master décident de poursuivre leurs études. Ils sont particulièrement nombreux en sciences technologie et santé (39 %), en comparaison avec les diplômés en sciences humaines et sociales (33 %).

En revanche, l'enquête du ministère n'explore pas le lien entre le taux et la stabilité de l'emploi et l'origine sociale des diplômés. Le Cereq constate pourtant que les aides proposées par l'université en matière d'insertion "sont plus fréquentes dans les spécialités des formations débouchant sur les meilleures insertions et qu'elles concernent des étudiants d'origine sociale plus favorisée."

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Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le