L'Université Lille-Nord-Europe, à la conquête de l'Idex

Morgane Taquet Publié le
L'Université Lille-Nord-Europe, à la conquête de l'Idex
Portée, entre autres par les trois universités lilloises, l'Université Lille-Nord-Europe s'articulera autour de trois domaines : la santé, l'environnement et le monde numérique. // ©  Franck CRUSIAUX/REA
À la veille de la clôture des candidatures Idex, dans le cadre du PIA 2, les universités et écoles lilloises ont déposé leur dossier le 28 novembre 2016. Avec l'Université Lille-Nord-Europe, elles espèrent bien décrocher le label, qui leur échappe depuis plusieurs années.

C'est la candidature de la dernière chance pour les établissements lillois. Le regroupement, composé des trois universités de la ville et de plusieurs grandes écoles de la métropole, a déposé, le 28 novembre 2016, son projet Idex, appelé Université Lille-Nord-Europe.

Après les précédents échecs lors du PIA 1, le projet avait été présélectionné pour la première vague du PIA 2 en avril 2015, avant d'être une nouvelle fois recalé, en janvier 2016. Le président de Lille 2, Xavier Vandendriessche, alors porteur du projet, s'était ému de cet échec. Comme Clermont-Ferrand, Paris-Est et Montpellier, Lille avait finalement obtenu la possibilité d'accéder directement à la phase de sélection de la seconde vague du PIA 2.

À nouveau projet, nouvelles têtes. Le président de Lille 2 a passé la main à une nouvelle équipe en septembre 2016. Le duo institutionnel Fabienne Blaise, présidente de Lille 3, et Emmanuel Duflos, directeur de l'École centrale Lille, ou plutôt le quatuor, complété par Franck Dumeignil et François Pattou, deux chercheurs de Lille 1 et Lille 2, a repris le flambeau. Ils composent le comité opérationnel qui se veut représentatif de "l'esprit collaboratif" du projet Idex Université Lille Nord-Europe, et qui défendra la candidature lilloise devant le jury international, en février 2017.

Un jury que les porteurs du projet disent avoir entendu. "Nous avons relu calmement le cahier des charges, et avons construit notre dossier en nous appuyant notamment sur les critiques du jury", explique Fabienne Blaise. Et cette dernière de concéder : "notre dossier n'était pas assez accrocheur. Lors du précédent appel à projets, nous n'avions pas compris que le jury s'attendait à ce qu'on passe à l'étape suivante du processus de construction de l'université classable, que la simplification du paysage ne se réduisait pas à la fusion des universités lilloises, que le modèle voulu devait intégrer davantage." Une priorité à laquelle se sont attelés les porteurs du projet.

UN CAMPUS NORD-EUROPÉEN

En effet, parmi les remarques émises par le jury international, figurait celle d'une meilleure intégration des écoles d'ingénieurs. "Le nouveau dossier a été construit avec plusieurs acteurs : universités, organismes, écoles bien sûr, mais aussi avec le CHRU Oscar-Lambret et l'Institut Pasteur de Lille. Le tout, afin que chacun apporte un peu de son ADN à ce futur modèle d'établissement, indique Fabienne Blaise. C'est ce qui manquait dans le dossier précédent, alors que les écoles ont beaucoup à nous apprendre en matière d'innovation pédagogique, par exemple." "La philosophie du dossier repose sur le décloisonnement entre les disciplines, entre les établissements, entre les mondes académique et socio-économique", insiste Emmanuel Duflos.

Autre ambition du projet : tirer partie de son positionnement géographique pour gagner en visibilité au niveau européen. "Nous avons élargi notre cercle de membres fondateurs, ainsi que celui de nos partenaires extérieurs", détaille Emmanuel Duflos, prenant l'exemple de l'université belge KU Leuven (Université catholique néerlandophone de Louvain).

La philosophie du dossier repose sur le décloisonnement entre les disciplines, entre les établissements, entre monde académique et monde socio économique.
(E. Duflos) 

L'EXCELLENCE RÉORGANISÉE EN TROIS HUBS

Si le périmètre d'excellence reste le même, il a été réorganisé et resserré. "Le projet initial listait de manière trop dispersée dix thématiques d'excellence. Notre dossier s'articule autour de trois 'hubs' dédiés à la santé, à l'environnement et au monde numérique", explique Emmanuel Duflos. Ces thèmes ont été choisis après une analyse du potentiel de recherche des établissements membres, prenant notamment en compte les labex et equipex déjà déployés, ainsi que différents projets européens labellisés. "Cela peut paraître très large comme thématiques, mais ce sont des questions essentielles sur lesquelles notre région et nos chercheurs travaillent depuis longtemps", ajoute Fabienne Blaise.

"Ces 'hubs' ne fonctionneront pas en silos mais seront complètement interconnectés, et favoriseront l'émergence de projets interdisciplinaires, expose le directeur de Centrale Lille. Ils devront également entraîner des équipes non incluses initialement mais dont l'excellence de la recherche et les projets ambitieux contribueront à faire croître le périmètre de l'Idex dans les prochaines années."

UNE fusion des universités lilloises EN 2018

En ce qui concerne la fusion des trois universités lilloises, en discussion depuis plusieurs années, "le calendrier sera scrupuleusement respecté", s'engage Fabienne Blaise. "Le jury a compris la méthode, qui consiste à dire que si nous voulons que l'Université de Lille soit opérationnelle au 1er janvier 2018, il faut se poser les questions lourdes avant la fusion. Nous en sommes au moment de la préfiguration des services qui existeront, et nous venons de faire voter les mesures d'accompagnement des personnels."

"La méfiance entre les uns et les autres est tombée, nos personnels travaillent ensemble, et le projet de la fusion est complètement partagé par les différentes gouvernances", assure la présidente de Lille 3. "L'université de Lille est une étape dans un projet plus large et plus européen" qu'est l'université Lille Nord-Europe, signale Emmanuel Duflos, dont l'école est également en réflexion pour fusionner avec l'ENSAIT et l'ENSCL. Reste à en convaincre le jury lors du grand oral, en février 2017.

Les membres du projet Université Lille-Nord-Europe
 
Outre les trois universités lilloises, le groupement est composé de Centrale Lille, de l'ENSAIT, de l'Ensam, de l'Ensap, de l'ENSCL, de l'ESJ Lille, de l'IMT Lille-Douai (fusion au 1er janvier 2017 de Mines Douai et Télécom Lille), de Sciences po Lille, du CNRS, de l'Inserm, de l'INRIA, du CHRU Oscar-Lambret et de l'Institut Pasteur de Lille.
Une fondation pour porter la création de la future université
Pour porter le dossier Idex et accompagner le regroupement jusqu'à la création de l'université Lille-Nord-Europe (ULNE), une fondation sera créée au cours du premier semestre 2017. Elle associera les membres du groupement mais aussi les membres associés. Les statuts sont en cours de préparation. "La taille imposante de l'établissement à construire – plusieurs dizaines de milliers d'étudiants, plusieurs milliers de personnels – exige d'être inventifs, s'agissant de son organisation interne", est-il spécifié dans le projet.
Idex : Lille versus Lyon ?
Dans la compétition des Idex, l'Université de Lyon déposera également son dossier de candidature, avant le 29 novembre 2016. Comme le regroupement lillois, Lyon concourt à l'Idex. "Nous savons bien que nous sommes en compétition avec le projet lyonnais", argumente Fabienne Blaise. "Nous avons des faiblesses et des forces, et nous n'attendons pas que quelqu'un échoue pour que cela nous permette d'y arriver", précise la présidente de l'université Lille 3, qui se présente par ailleurs à la vice-présidence de la CPU aux côtés de Khaled Bouabdallah, président de la Comue lyonnaise.

Morgane Taquet | Publié le