Crise de gouvernance à l'Université Paris Lumières

Camille Stromboni Publié le
Crise de gouvernance à l'Université Paris Lumières
Université Paris 8 - campus - septembre 2014 // ©  Sophie Blitman
Les couacs s'enchaînent pour l'élection des têtes dirigeantes de l'Université Paris Lumières, qui réunit Paris 8, Paris 10 et le CNRS. Après un premier vote défavorable du conseil d'administration, la procédure d'élection du président avait été réorganisée, pour un nouveau vote prévu le 8 juillet 2015. Une réunion qui a finalement été reportée.

Quand ça ne veut pas... L’élection à la présidence de la Comue (Communauté d’universités et établissements) UPL (Université Paris Lumières), qui réunit Paris 8, Paris 10 et le CNRS, n'aura finalement pas lieu avant la fin de l'année universitaire. Le conseil d'administration appelé à procéder au vote le 8 juillet 2015 n'a pas eu lieu. Une nouvelle péripétie dans cette désignation qui se transforme en un bras de fer entre une partie de la communauté universitaire du Nord-Ouest francilien et ses présidents de fac.

Après avoir élu ses conseils centraux en avril 2015, l'Université Paris Lumières devait choisir son président et son vice-président, sur proposition du conseil des membres. Mais lors du conseil d'administration du 11 juin 2015, coup de théâtre. Le ticket présenté par les présidents est rejeté, avec 20 voix contre et 18 pour. Ce ne sont pas les noms proposés – Pierre-André Jouvet et Claude Dargent – qui ont provoqué cette fronde, mais plutôt "le simulacre de démocratie", estiment les opposants.

"Les présidences de nos universités ont tenté d’imposer un ticket unique et de passer en force, au lieu d’ouvrir les candidatures afin de nous proposer plusieurs noms. Un mode opératoire en parfaite contradiction avec la notion même d’élection. D’où cette révolte qui a surpris tout le monde", explique Jean-Louis Fournel, professeur à Paris 8 et membre du conseil d’administration d’UPL.

Mea culpa présidentiel

"Nous ne nous attendions pas du tout à ce vote, confirme Jean-François Balaudé, président de l’université de Nanterre. Ce mode de fonctionnement n’avait pas fait débat lors de la rédaction des statuts de la Comue, qui est déjà très démocratique, avec un suffrage direct et une majorité d’élus au conseil d’administration. L'intention n’était absolument pas de procéder de façon autocratique, insiste l’universitaire. Nous considérions que ce n’était pas un sujet. Nous avons certainement commis une erreur."

Les présidents des établissements membres de la Comue décident alors de faire marche arrière. Un appel à candidatures pour la présidence du regroupement ouvre jusqu’au 1er juillet 2015. Le conseil d’administration devait ensuite se prononcer le 8 juillet sur le nom du futur président, le choix du vice-président devant intervenir à la rentrée 2015.

Irrégularité et report

C'était sans compter un nouveau grain de sable. Les présidents d'université ont annoncé, une semaine avant la date fatidique, l'annulation de la réunion du conseil d'administration. En cause : une irrégularité dans la composition du fameux conseil, par rapport à la loi sur la parité.

Pour l'opposant Jean-Louis Fournel, c'est un stratagème de plus, "nous avions soulevé ce problème deux semaines plus tôt : les présidences l'avaient balayé d'un revers de main ! C'est parce qu'il n'avait plus de candidat jugé acceptable à leurs yeux qu'ils ont trouvé un moyen de provoquer ce report", accuse l'universitaire, qui déplore cette "désinvolture à l'égard des élu(e)s".

"Les élu(e)s de toute tendance" ont exigé "une réunion du conseil d'administration pour l'élection du président et du premier vice-président de la Comue avant la fin du mois de septembre", indique-t-il dans un communiqué. Une rentrée qui promet.

Camille Stromboni | Publié le